Chroniques – Mai 2012

Ce
mois-ci : un king à Detroit, un king à
brooklyn, des anglais cuivrés, un jeunot à NYC,
des retrouvailles à Brighton et un duo à la belle
vie…

 

Tu penses qu’y’en n’a
plus ? Y’en a encore. Presque 50 albums studios, 46 pour
être précis, la disco de Fela est de celle qui
donne de quoi s’occuper pendant un moment. Et puis Strut ressort
un inédit, un Live

In Detroit capté en 1986. Deux cds et seulement 4
morceaux, mais plus de  deux

heures d’afrobeat puissant et guerrier. Armé de cuivres,
escouade de percussions, division de choeurs féminins, et
l’Homme de Lagos en maître incontesté d’une
guérilla politique afro portée sur les terres de
la Motown. Une représentation live de titres qui en 86
n’avaient pas encore connu les honneurs de l’album (Teacher
Don’t Teach Me No Sense ne sortira qu’en 1987 et Beasts Of No
Nation en 1989) et un Fela qui se lâche dans les grandes
largeurs, en poussant jusqu’au seuil de rupture de 40 minutes
(oui, oui, un seul titre…). Son pas génial, mais le
Fela-addict ne s’y arrêtera pas. Trop content qu’il sera
de pouvoir se (re)taper ces transes qu’il aime tant…

 

Strut Records
– Site

 

Lee Fields is back !! Plus qu’un
retour, il n’était jamais parti. Après
l’inquiétante parenthèse dance de Treacherous, Lee
revient à ses fondamentaux avec Faithful Man (Truth
& Soul), produit dans la base de Brooklyn par le duo
Michels/Silverman. Entre le devenu classique My World de 2009 et
cette cuvée 2012, la paire a fait des pas de
géants. Cordes, cuivres, claviers, voix féminine
et choeurs, les arrangements majestueux rendent la production
riche et luxueuse comme une vitrine de joaillier sans jamais la
couvrir de paillette ou de jocaille tape à l’oeil. Et
Lee ? Que dire… L’homme s’adapte à toutes les
situations et à tous les grooves qu’on lui
présente. Heureux ou déchiré, plaintif ou
amoureux, Fields transpire la soul. Et sur ce créneau
musical désormais peuplé d’opportunistes et
d’imposteurs, Lee est devenu la Soul.

 

Lee Fields –
Myspace

 

Trop de cuivres tue les
cuivres. Alors il faut savoir sélectionner les meilleurs
dans la myriade de brass band disponible dans les bacs. Si les
Hypnotic Brass Ensemble sont du genre incontournables tendance
première marche du podium, les anglais de Hackney Colliery Band
(Wah-Wah 45s) sont eux aussi à surveiller puisque
s’adressant aux repentis des fanfares
New-Orleans-qui-sont-sympa-en-live-mais-franchement-sur-album-j’ai-du-mal.

Règle de base donc, que du cuivre. Une batterie pour
tenir le beat et c’est tout. Pour le reste, une
esthétique résolument jazzy pour un album
exécuté avec énormément de finesse
en dépit de l’arsenal cuivré en présence.
Pas radine en solo, la formation a aussi mis au menu quelques
covers qui sont autant de grands écarts improbables sur
le papier : Black Street, les Red Hot et…Toto. Huuummm…
This is a tasty record !

 

Hackney
Colliery Band – Site

 

Low Cut nous l’avait dit :
« un jour j’irai à New-York avec
toi ». En fait, il y est allé tout seul, avec
le sac à dos rempli d’instrus, et sur place s’est mis
à la console pour faire défiler sur ses beats des
cracheurs de rimes locaux (Guilty Simpson, Ruste Juxxx, Jojo
Peligrino, entre autres). Lui-même élevé au
sein du Hip-Hop nourricier de Big Apple, Low a bu du Pete Rock
au goulot, mangé du Premier à la louche,
saucé du Mob Deep à même le plat et pris du
Wu en complément alimentaire. Pas de chants foireux, pas
de synthés 80’s, ni de rythmiques digitales sans
aspérités ; que de beats granuleux
frappés sur MPC, des boucles oppressantes, et des pianos
nostalgiques. Le New-York

Minute de Dj Low Cut est sombre, brut et sans concessions.
Et brisera nette l’ambiance de toutes les soirées
branchées.

 

DJ Low Cut –
Myspace

 

D’un
coté, un auto-exilé en Colombie, de l’autre une
chanteuse à l’archétype de l’anglaise : ronde
et énergique. Il y a bien des années, tous deux
étaient réunis sous l’étendard du Quantic
Soul Orchestra, à l’époque du fabuleux titre
Pushin’ On. Aujourd’hui, ceux qui n’ont pas eu la chance de les
connaître sur disque ou sur scène, pourront se
rattraper avec ce nouvel album Look Around The Corner.
Alors bien sûr, le style du QSO n’y est plus car Quantic s’est depuis
envolé dans les rythmes tropicaux avec son combo Barbaro,
composé en partie de musiciens sud-américains.
Quant à Alice
Russell
, elle continue sa carrière solo brillante
toujours avec sa voix exceptionnelle. Ce nouvel album sonne
différemment, il est le résultat de la rencontre
de deux artistes qui ont évolué. Et le
résultat est superbe ! On pourra sûrement se
satisfaire de ce savoureux mélange ou enfin la musique de
Barbaro a enfin une voix (sauf notre respect à la
chanteuse Nidia Gongora qui apparaissait dans le premier album
du Barbaro).

 

Quantic – Site

Alice Russell
Site

 

Après la devenue mythique expression
« Soulist,
mon p’tit Soulist », on pourrait dire
désormais « Souleance, mes p’tits
Souleance ». Ca y’est, le premier album du duo
composé du funky french president et de Fulgeance, est
sorti ! On l’attendait depuis longtemps et les excellents
EP Le Monde et Soupape nous avaient fait baver, mais on en
voulait encore plus… Alors voici donc les 18 titres hip hop –
funk – electro – disco de cet opus qui défie l’ambiance
morose du moment avec son titre La Belle Vie, fait
d’anciens morceaux ré-instrumentalisés et de
nouvelles prods où les breaks de batteries, les scratchs
et la MPC font plaisir à entendre. Mais on n’en dira pas
plus si on ne veut pas être taxés de favoritisme,
on vous laisse juger par vous même !

 

Souleance –
Site