Grandir dans une famille de musiciens, taper sur sa première batterie à l’âge où d’autres savent à peine parler, accompagner ses parents en tournée puis sur scène, vivre dans les collections de disques depuis toujours : décrite comme ça, l’enfance de ?uestove ressemble à Ricky ou La Belle Vie mais sans la borne d’arcade et le train électrique dans le salon.
De plus près, l’affaire est moins belle mais n’est surtout pas le centre de gravité d’un livre qui suit le chemin pas toujours balisé de fleurs d’Ahmir Thompson. Un nerd musical qui, avec son pote de lycée Tariq aka Black Thought, fonde à Philly ce qui après plusieurs baptêmes deviendra The Roots, un des rares groupes à la trajectoire rectiligne, encore sur le ring en dépit des modes, des tendances et des mauvaises directions empruntées par le rap.
Une couche de vie privée, une couche de processus de créations d’albums, une autre pour ne parler que musique, Quest alterne les strates lâchant des anecdotes croustillantes mais loin d’être toujours sucrées, ne balançant sur personne mais gardant la franchise de porter seul le sac de problèmes qu’il a pu créer. Prince, Dilla, D’Angelo, Bob Power, les membres du groupe passés et présents, Richard Nichols, le manager historique grouillant d’idées, l’histoire s’écrit à plusieurs mais se raconte d’une seule voix sur un rythme solide comme un groove dispensé par Quest en personne. Le genre de livre qu’on voudrait ne jamais finir.
MO’ META BLUES : THE WORLD ACCORDING TO QUESTLOVE
(Graham Central Publishing – 2013)