A la question “Quel est le plus grand dingo que la planète funk ait porté ?”, la réponse sera toujours la même : George Clinton. Concepteur d’une galaxie musicale peuplée de musiciens qu’il aura révélé à eux mêmes dans un lâché de bride total, Clinton se retrouve, après 50ans de carrière, aux commandes d’un vaisseau funk maintes fois accidenté, autant de fois réparé, qui vole encore tant bien que mal mais dont les immortelles heures de gloires sont encore présentes sur des millions de platines.
Funky Millenium Falcon… C’est le fou dangereux en personne qui raconte ici son histoire. Une histoire qui part banalement dans un salon de coiffure de Plainfield, autour d’une poignées de zinzins qui d’abord singeront les groupes doo-wop de l’époque avant de brûler leurs cerveaux sur l’autel du dieu Funk. Du P.Funk plus exactement. Ce genre brassant expérimentations, explorations, exaltations, funk, rock, jazz, gospel, et globalement tout ce qui passe à portée d’instrument. Derrière son hydre à deux têtes Funkadelic-Parliament, Tonton George aura aussi produit pour ses acolytes et divisé ses groupes déjà existant pour en créer de nouveaux (Parlet, The Brides Of Dr Funkenstein, The Horny Hornz…) dans un tourbillon créatif qui lui aura fait passer toutes les étapes : tournées pharaoniques, acides, productions qui cartonnent les charts, poudreuse, gloire, shows de 3 H ou plus qui deviennent la règle, longue descente, crack, embrouilles avec les labels, embrouilles avec les musiciens, renaissance, embrouilles sans fin autour des copyrights…
Sans se cacher des démons qui lui ont fait passer des moments bien glauques, Clinton raconte son histoire, passe en revue sa discographie et ses moments de gloires aussi démesurés que sa musique, règle ses comptes avec ceux qui l’ont détroussé de ses droits d’auteurs. Mais Clinton s’attribue aussi un peu trop facilement le rôle du créateur de tout les concepts, s’éternise bien peu sur le génie de la clé de voûte Bernie Worrell et s’attribue parfois un peu trop le rôle de l’oie blanche sans aucune responsabilité dans les contrats douteux qui ont fait dégringoler son empire et qui ont laissé nombre de ses musiciens sans le sou.
Quelque soit la taille de sa part d’ombre, il faudra sans doute attendre un moment avant de revoir débarquer un phénomène aussi révolutionnaire et devenu plus gros que le funk lui-même…
3 H de P.Funk live ? C’est ici…
BROTHAS BE, YO LIKE GEORGE
GEORGE CLINTON & BEN GREENMAN
(Atria Books – 2014)