« Une danse de guerriers massaïs au milieu de la Fabric à Londres« . On n’est jamais mieux résumé que par soi-même n’est-ce pas ? Et c’est ainsi que le collectif Mawimbi s’annonce. Si au détour d’une Concrete (ou autre) vous avez déjà gouté à Black Coffee, le parangon de la deep house sud africaine, vous tâtez le bon terrain. Mawimbi c’est tout l’héritage du groove noir dans l’éléctronique ravivé en jetant dans leur house les musiques traditionelles du continent africain comme on balance de l’huile sur le feu. Ils seront le 22 mars à la Machine et se dévoilent dans nos lignes d’ici là.
Question, sommes toutes, simple pour commencer : Mawimbi, c’est quoi, c’est qui ? D’où vient ce nom ?
Mawimbi c’est l’histoire de 5 potes (Alex aka ALT, Adrien aka SSCK, Clément & Bertrand aka Pouvoir Magique et Lucas aka WolfChild) passionnés de musique qui ont décidé un soir de printemps 2013 de monter un collectif de DJ. Mawimbi veut dire « onde » en swahili, une langue parlée en Afrique de l’est. On a pour objectif de propager notre musique et de créer des ponts entre les genres du continent africain et l’électronique plus actuelle. On s’intéresse à toutes les musiques qui s’inspirent, voire réactualisent l’héritage de la musique africaine et des diasporas noires en général. On propose des sets et des mixtapes mêlant musiques traditionnelles, house, techno, dubstep/uk garage, voire dub ou footwork.
D’où tirez-vous cet amour du son Africain? D’où cela vous est venu ? Avez-vous voyagé sur place ?
Nous sommes une génération qui a grandi avec Internet, un outil cool qui abat rapidement les frontières et qui permet de découvrir plein de choses. Donc en se penchant sur les origines de la musique électronique qu’on affectionne tant, on s’est rendu compte qu’ultimement, cette musique s’inscrivait dans une histoire plus lointaine, celle du continent africain. Et aujourd’hui, cette contextualisation est possible, elle a du sens. En fait, Mawimbi c’est aussi une manière d’approcher la musique, c’est une prise de conscience, tout autant qu’une pure sensibilité musicale. Mais attention, on ne se positionne pas non plus en fers de lance par rapport à cette culture. On ne s’en revendique pas et on aime le rappeler : on joue avant tout de la musique électronique. On est tous des frenchys blancs-becs, mais on aime ce qu’on fait, et on continuera tant qu’on en a la possibilité. En espérant un voyage bientôt, ce qui serait l’occasion pour nous de voir tout ça de nos propres yeux, enfin !
La scène deep house sudaf est foisonnante, c’est après l’avoir découverte que vous avez eu envie de vous lancer ?
On n’a jamais vraiment voulu suivre une mode ou quoi que ce soit, on a fait ça par passion et par envie de proposer de nouvelles sonorités. La house sudaf est l’illustration la plus directe, la plus évidente de notre démarche musicale. Mais on ne veut pas se limiter à ça. On ne veut surtout pas que Mawimbi soit juste un relai de la musique de Johannesburg (et autres) à Paris. La scène house en Afrique du Sud c’est quelque chose de très particulier, c’est un microcosme. Là-bas, la house, c’est la pop. C’est le seul pays africain où on peut parler d’une véritable scène, d’un véritable engouement populaire pour la musique électronique. On a décidé d’élargir notre vision. De l’Afrique du Sud à l’Algérie, en passant par l’Angola, le Congo ou le Mali, puis en repassant par Detroit, Berlin, Londres ou Paris.
Pourquoi la connexion des sons de Dakar/Johannesburget Chicago/Detroit se fait si bien selon vous ?
C’est assez difficile de mettre des mots dessus, à moins d’être un musicologue confirmé. Disons qu’en ce qui nous concerne, cette connexion on la « sent ». C’est une sensibilité. Il y a évidemment des choses qu’on retrouve au niveau rythmique : les rythmes syncopés, un peu en arrière du temps, les polyrythmies. Mais aussi les constructions mélodiques très « empilées« . Comme des motifs qui se font et se défont en permanence, créant une sorte de transe. Après, il faut évidemment que cette musique soit d’une certaine manière prête à être jouée dans un contexte club. Aujourd’hui encore, on aura peut-être du mal à enchaîner un morceau de kora malienne avec du Ron Trent, évidemment… Ça n’est pas si évident. Justement, ce qui nous intéresse, c’est tous les musiciens et producteurs qui trouvent cette diagonale, cette connexion, qui la comprennent. Des gens comme Mark Ernestus, Mr. Raoul K, par exemple, pour rester dans la musique d’Afrique de l’ouest. De notre côté on y travaille, on mûrit notre projet musical, progressivement.
Paris/ La France, c’est un bel endroit pour faire de l’électronique ?
On a de la chance de vivre ici, ce qui nous donne l’opportunité de jouer assez souvent. Aujourd’hui à Paris, et même en France en général, on a beau dire ce qu’on veut, il se passe plein de choses pour la scène électronique. Pleins de collectifs se bougent, des lieux ouvrent et les gens sont curieux. Les styles sont divers et variés, les programmations de qualité, et sans vraiment forcer tu trouveras toujours une bonne soirée à faire le weekend.
Sortir un LP c’est quelque chose qui vous intéresse ou le format maxi/EP reste roi ?
Alors, il faut savoir que Mawimbi, c’est 4 entités musicales différentes, dont 3 qui produisent. Donc évidemment, ca nous tente de lancer quelque chose, mais rien ne presse pour le moment. En ce moment, on travaille sur une compilation. C’est un peu notre grand projet de 2014. Elle contiendra des tracks inédits d’artistes que l’on apprécie et qui collent à l’esprit du collectif. Bien évidement, il y aura aussi des prods des membres du collectif. On ne peut pas trop en parler pour le moment mais ça se prépare en coulisse…
Les Français aiment consommer Français en ce moment, c’est qui ou quoi votre Made In France ces temps-ci ?
Albinos, un artiste du label parisien Antinote, dont on adore les morceaux. Le premier album de French Fries, sur ClekClekBoom, nous a vraiment impressionnés. Melja, un copain du collectif Le Panier, est pour nous un futur poids lourd de la scène techno parisienne.
Mais les Français adorent le voyage en ce moment. C’est qui ou quoi votre Made In Africa du moment ?
On adore le label Akwaaba Music, notamment l’album du rappeur burkinabé Art Melody.
Si on devait résumer Mawimbi en un mot ?
La Bringue.
Si on devait résumer Mawimbi en cinq titres (vôtres ou autrui) ?
DJ Spoko – Batauweng (Wolfchild)
Terry Hall & Mushta – Grow (Kadebostan & Laolu Edit) (Pouvoir Magique)
Baba Mdletshe – Izibongo ZeNkosi uShaka (Jose Marquez Remix) (ALT)
Si on devait résumer Mawimbi en une image ?
Une métaphore plutôt qu’une image : une danse de guerriers massaïs au milieu de la Fabric à Londres.
Mawimbi qu’est ce que ça va être en 2014 ?
Une compilation qui tourne partout, la soirée anniversaire avec des gros guests. Mais surtout, qu’on continue à jouer là où on en a la possibilité et transmettre le plus d’énergie possible dans nos sets. Et surtout qu’on profite de tout ça. C’est déjà une belle réussite pour nous d’en être arrivés là, avec tous les potes qui nous suivent et nous soutiennent.
Mawimbi nous fait l’immense plaisir de partager un mix avec nous, savourez-en chaque seconde avant d’assister à la version live le 22 mars à la Machine :