Isaac Delusion : « Il ne faut pas s'enflammer parce qu'on ne sait pas où ca peut nous mener »


Pour ceux qui ne vous connaitrez pas encore, en quelques mots Isaac Delusion, c’est quoi ?

On est un groupe composé, à la base, de deux personnes : Jules et moi-même. Jules, est spécialisé dans la musique électronique, il bosse beaucoup sur son ordinateur, il programme des séquences de musique. Moi j'apporte l'aspect acoustique, guitare et voix. Récemment, on a rajouté Nicolas, le bassiste, à la formation. Il apporte une dimension beaucoup plus live. Je me suis rendu compte qu''n concert, notre spectacle manquait un peu de vie. Jules sur son ordinateur et ses machines et moi avec ma guitare et ma voix, ça manquait d'une présence jouée. Le public préfère voir de vrais instruments, que des programmes d'ordinateur. Ça apporte également, de la chaleur au son. Ça enlève le côté froid de la musique électronique.
 
 

J'ai lu dans une de vos interviews que vous vous connaissez depuis le collège, qu'est ce qui vous a poussé à collaborer ensemble ?

On se connaît depuis dix ans, mais à l'époque on avait pas de projets musicales communs. Chacun faisait sa sauce de son côté. Moi je travaillais avec mon groupe de folk, Lucky Lindy. On a fait des concerts par-ci par-là dans Paris, j'ai pas mal roulé ma bosse. Jules, bossait des morceaux de hip hop sur son ordinateur. Il a aussi beaucoup voyagé pendant ce temps là, en Asie et en Australie. Et il y a trois ans, quand il est revenu, il m'a fait écouté ces productions et j'ai trouvé ça vachement cool. Il y avait vraiment de l'idée. On a décidé d'essayer de travailler sur des morceaux, en réunissant nos deux styles. Moi avec mon air un peu folk et lui avec son style hip hop groove. On a posté des essais sur Internet qui ont plus instantanément, on a eu des supers retours. Ça nous a encouragé à approfondir et c'est ainsi qu'on a développé un univers et une entente commune. Ça a crée cette partie rythmique et groovy qui vient de Jules et mon côté mélodique et planant.

 
 
 

Les comparaisons faites par les journalistes sont souvent à mille lieux de ce qu’un artiste pense de sa musique. Quelle est la comparaison la plus étrange à laquelle vous avez eu droit ? De qui vous sentez-vous proche artistiquement et à qui on ne pense jamais?

On me dit souvent que j'ai une voix qui ressemble à celle de Antony and the Johnsons. C'est pas vraiment étrange parce que je suis plutôt d'accord, mais ce qui est marrant c'est que c'est un artiste que je n'ai jamais vraiment écouté. Il ne fait pas parti de mes influences, ma voix ressemble à la sienne involontairement. Par contre, une fois on m'a dit que ma voix ressemblait à celle de Paul George ou Prince, mais je ne vois pas trop le rapport. Je me sens assez proche de Patrick Watson. Je trouve qu'on a un peu le même grain de voix.
 
 
 
 
 

Moi je vous vois bien entre Four Tet, Caribou ou encore Electric Guest. Je suis à côté de la plaque ou ça a du sens pour vous ? T'aimerais être comparé a qui ?

J'écoute beaucoup Caribou et Four Tet. Il y a un univers qui se rapproche un peu du notre. C'est vraiment le mélange entre une voix aérienne et des mélodies pop-éléctroniques, planantes à la Radiohead. On sent une vraie influence de Radiohead derrière les sons de Caribou.

J'aime beaucoup Tom York en solo, et sans être quelqu'un de prétentieux j'aimerai bien être comparé à lui ou encore à Patrick Watson.

 
 

L'ambiance de ces EPs semble très liée aux rêves. Avez-vous un rapport particulier aux rêves ? Une muse ?

Non, je n'ai pas de rapport particulier aux rêves. Je n'ai pas de muse non plus, je travaille beaucoup sur les émotions et les voyages (Islande, Asie, Tibet, USA). C'est notre moteur dans notre composition. Ainsi que les musiques du monde, de différents pays.
 
 

Midnight Sun nous donne envie de chiller alors que Early Morning, est plus dynamique. Qu’est ce qui s’est passé entre les deux ?

Pour le 1er EP, j'ai composé Waiting et Iron Man à 100% tout seul. On avait commencé a travaillé dessus avec Jules, mais il est parti en Australie. J'ai continué tout seul et au moment de sortir l'ep, il est rentré et il m'a dit qu'il voulait faire parti du projet. J'avais travaillé sur une musique un peu folk, Time, mais au dernier moment on a décidé de la virer pour mettre Midnight Sun à la place. On a fait le bon choix puisque c'est elle qui nous a fait décoller. Midnight Sun, c'est le seul morceau qu'on ai fait à deux et c'est pour ça qu'elle ressemble plus aux morceaux du 2ème EP. La différence entre les deux, c'est qu'on a tout simplement bossé ensemble de A à Z sur le deuxième. On a fait 50/50, ça ressemble à la fois à sa musique et à la mienne. Nos deux univers différents s'accordent bien.


 
 


Qu’est ce que ça fait d’être appelé par Pitchfork au bout de deux EPs pour jouer durant le festival ?

C'est assez curieux… C'est marrant, l'année dernière je voulais y aller et ils étaient complets. J'avais regardé la programmation et je me disais : « wouaw , c'est un truc de fou la programmation de Pitchfork ». J’étais un peu en admiration devant ce festival et l'année d'après j'y joue. Ça fait tout drôle quand j'allume mon ordinateur, de voir des blogs qui parlent du groupe, d'avoir des messages de gens qui sont fans. C'est quelque chose d'un peu irréel, comme un rêve. J'essaie de ne pas trop m'y faire, ça peut être éphémère. Et on ne sait jamais ce qui peut arriver dans la vie d'un artiste, ça va tellement vite qu'il faut garder la tête froide. Je préfère me blinder que de considérer ça comme acquis. En février, il y a une tournée us qui est prévue et on devrait jouer au « South by Southwest », un festival au Texas. Si ça continue comme ça, le groupe va prendre une autre dimension, sur le marché américain et peut-être au niveau mondial. On est amené à grandir encore donc on a intérêt à garder la tête sur les épaules. C'est facile de prendre le melon et c'est pas forcément très marrant.
 
 


Que des gros magazines étrangers comme The Fader ou Resident Advisor parlent de vous au bout de deux EPs, ça fout la pétoche ? Ça peut être une pression pour se lancer dans un premier album ?

Moi ça ne me fait pas peur, ça me motive. Je me dis que je suis entrain d'entrer dans la cour des grands. C'est une exposition qui est majeure, il y a beaucoup de gens qui écoute notre musique et je prends ca comme un défi. On est en train de se créer un chemin entre pas mal d'artistes qui sont déjà au top. Je me dis qu'il faut être à la hauteur et ça me motive vraiment. J'ai envie d'en découdre avec mon futur, de continuer à être productif. Il faut donner au public ce qu'il attend, c'est à dire de la bonne musique.

Ça met une pression, mais une bonne pression. On nous attend au tournant. On se doit de créer quelque chose de bien. Je préfère avoir cette pression là, que les gens nous attende, plutôt que de faire un album et être dans le doute que l'opus va marcher. C'est incroyable car quoi qu'il arrive on va être écouté et massivement. J'ai de la chance d'être dans cette position.

 
 

Justement, il est pour quand cet album ?

L'album est en cours, on en est au stade de la composition. Ça va être la suite, une étape supérieure. Je ne veux pas faire tout bêtement un copié collé des deux premiers EPs et rajouté deux trois morceaux, je trouve ça un peu facile. Du coup, on va prendre le parti de faire un album inédit avec une majeure partie de nouveaux morceaux. On est entrain de bosser dessus et de les tester en live, pour voir comment le public réagit. Et quand on sera bien rodé sur les morceaux, on ira enregistré peut-être à l'étranger, peut-être en France chez notre ingé son. On va prendre le temps de faire les choses bien plutôt que de se presser et sortir un truc à la va vite. Quitte à être un peu long et sortir quelque chose d’abouti.
 


Le clip de Transistors nous transporte dans l'Amérique des années 30, c’est une époque où vous auriez aimé vivre ? C’est juste un délire visuel ?

C'est l'histoire de deux personnes qui communiquent sans se connaître. Elles ont des états d'esprit un peu similaire : elles vont dans les mêmes endroits, elles font les mêmes choses mais sans se rencontrer. Je trouvais que c'était un phénomène marrant. Je pense qu'il y a des ondes qui se transmettent de personne en personne. Et c'est cet état d'esprit, un peu étrange, que j'ai voulu souligner. Je crois à tout ce qui est « paranormal » et je réfléchis pas mal là dessus. Il y a comme des énergies, des aimants qui s'attirent.
 
 

Dans Transistors et Purple Sky, une voix féminine fait son apparition. Elle nous amène vers le rêve érotique …. ?

Ça peut être une bonne interprétation. Mais en fait, c'est tout simplement des samples de voix féminines que j'ai utilisés. Je les aient utilisé comme un instrument, comme si c'était des notes de musique. J'ai samplé Joanna Newsom, une harpiste américaine que j'ai toujours écouté. Elle est très folk, et dans Purple Sky j'ai utilisé sa voix et sa harpe comme un instrument que je dirigeai. Si le mélange entre sa voix et la mienne donne une dimension érotique, tant mieux !
 
 

Dernière question : Est-ce que votre univers musical, très doux et éthéré, est un piège à filles ?

Dans l'intention non, notre musique vient du cœur. Mais c'est vrai que ça marche pas mal avec les filles. On pourrait s'en servir et en profiter, mais ce n'est pas notre style de profiter de notre musique. On est des mecs plutôt sensibles et honnêtes.
 
 Laura Corte

NB : EN CONCERT DANS LE CADRE DU FIREWORKS! FESTIVAL AU CAFE DE LA DANSE http://www.cafedeladanse.com/fireworks-festival-pegase-isaac-delusion-2/