Formidable O Safari, formidable !
Comment tout ça a débuté Messieurs ?
O Safari : Le projet a débuté en mars 2011. On fait de la musique ensemble depuis nos seize ans, quinze ans peut-être. On a eu plein de groupes de reprises, puis des trucs plus sérieux. Au début, O Safari, c’était notre projet electro à deux, avec des machines. C’est ce qu’on voulait, on savait qu’il y avait un truc à faire. Mais c’était d’avantage un projet de scène. Puis, par la force des choses, c’est devenu un truc de studio. On a enregistré notre premier morceau, « Taxi », et on l’a sorti en septembre 2011.
O Safari : On est passé par mal de répétitions, de recherches. On voulait une vraie énergie live, on a donc beaucoup bossé. On a réalisé qu’à deux, nous étions limités, il nous fallait donc un ordinateur pour nous aider. C’est passé par un max de travail sur les sons, les arrangements. Avant, je chantais en anglais. Donc comment faire sonner le français ? C’est une vraie question. En français, il y a une toute autre dimension. On avait pas mal parlé de chanter en français, mais au moment de le faire… C’est autre chose.
Justement, le fait d’être un duo, ça aussi, c’était une volonté claire dès le départ ? Ou personne ne souhaite jouer avec vous ?
O Safari : Etre deux dans un projet, c’est chouette parce que déjà, ça limite le temps passé à prendre des décisions. Dans nos autres groupes, nous étions déjà le noyau dur. On a voulu développer le projet comme ça. On fonctionne bien ensemble, c’était quelque chose de logique. On voulait également pouvoir se mettre en danger.
Sauf que vous jouez encore dans d’autres groupes. A quel moment savez-vous pour qui vous composez ?
O Safari : Il y a un univers, une couleur que l’on souhaite développer. On ne bosse pas un morceau pour ensuite décider à quel groupe ça ira. Dès le début, on sait. Et puis, sans être mystique, tu as besoin de te mettre dans un état d’esprit. Chaque groupe compose différemment. Pour O Safari, Julien bosse sur l’ossature, puis on développe tout en studio. Notre ingé son nous aide énormément. C’est cool de faire ça tous les trois, confronter les avis, avoir quelque chose de plus singulier.
Bastoche : « à rennes, peu de gens font de l’electro en français. Il y en a plein à Paris. Résultat pour nous, c’était facile de se démarquer au sein de notre ville.
Bizarrement, vous avez plus joué à Paris que chez vous.
O Safari : Notre premier concert rennais, c’était les Trans. Avec O Safari. Donc difficile de comparer, même si je pense que le public parisien est peut-être un peu plus froid. Mais je n’en suis même pas certain. Les Trans, c’est en plus un show et un contexte particulier. Beaucoup de pros font le déplacement, donc forcément, on joue aussi devant plein de parisiens.
Et c’est une façon comme une autre d’entretenir un certain mystère autour de votre nom, de votre identité.
O Safari : On a bossé sur les visuels. Cette pochette, le fait qu’on ne voit pas nos visages… On voulait garder un peu de mystère. Aussi parce qu’on vient d’autres projets. Et puis c’est assez cool de jouer cette carte là. Même si franchement, on ne pense pas garder l’idée. Bon, c’est vrai qu’on n’apparaît pas sur la pochette de notre EP.
Il se passe un truc en France, clairement. On a l’impression que vous, Granville, Aline… Les groupes n’ont plus peur de faire de la pop anglaise chantée en français.
O Safari : Nous sommes moins ancrés dans une tradition littéraire dans nos textes. On a eu Cherhal, Delerm… Nous sommes peut-être un peu plus décomplexé par rapport à ça. Mais j’ai du mal à l’expliquer. Nous sommes nés dans les années 80, nous avons eu des grands frères et des grandes sœurs qui nous ont fait notre éducation musicale. Et c’est encore ce que nous écoutons aujourd’hui.
Vos premiers coups de cœur musicaux d’ailleurs, c’était quoi ?
O Safari : Je me souviens de Chantal Goya, et de Pierre Et Le Loup (rires). Mais en pop, c’est Nevermind de Nirvana. Pour tous les deux. En ce moment, on écoute Egyptology. C’est mortel, vraiment bien. Sinon, Iggy Pop, The Idiot. Je suis en train de lire Le Chant de la Machine, une BD qui retrace l’histoire de l’electro. Et comme il y a des playlists, j’écoute ça en ce moment.
Parlons de cet EP. Le premier.
O Safari : On voulait faire un EP, avec quatre chansons. Format classique. Mais dans cette idée de tradition electro, on a voulu proposer quelque chose de différent. Nous avons donc rajouté deux titres en plus, pour créer un univers, une ambiance.
Et il est né facilement ? Je veux dire, c’est compliqué de composer ? C’est un processus douloureux ?
O Safari : C’est pas facile de composer, mais pas nécessairement une souffrance non plus. Au début, tu écris de la merde. Puis, tu commences à prendre confiance en toi. Mais c’est comme le maçon, ou l’architecte. Au début, tu doutes. Puis, les gens te conseillent, t’aident. Et petit à petit, tu te sens plus à l’aise dans ce rôle de compositeur. Et parfois, tu galères, et tu es certain de ne plus jamais être capable de composer.
Bastoche : Chez O Safari, plus que sur d’autres groupes, le processus créatif est lié à la production du son. Entre le moment où ils écrivent et le moment où ils sortent du studio, ça n’a rien à voir. Ils ont un style qui repose énormément sur la prod.
O Safari : On veut aussi se différencier. Mais ne va pas croire non plus qu’on écoute tout ce qui se fait en ce moment et qu’on souhaite faire les choses différemment à tout prix. Sinon, on finira par faire du zouk.