Comme notre lectorat est érudit et un poil puriste, il sait très bien que Rex en latin signifie Roi. Peut-être que le club s’est porté chance en se baptisant ainsi mais 25 ans après son ouverture, force est de l’admettre : le Rex est le plus vieux souverain de la techno. À Paris, en France et même dans le monde. Oui, vous pouvez vérifier, en 25 ans le Rex les a tous enterrés. Et ça n’est qu’un début, soyons-en certains.
Nous avions posé quelques questions à Fabrice Gadeau, le gardien du temps lors de la première session d’anniversaire en avril dernier et comme l’anniversaire reprend, nos questions aussi.
Comme on arrive un peu après la bataille, comment c’était ces 25 ans ? Quel constat ?
Fabrice : Je vous rassure, ce n’est pas fini ! Nous venons juste de lancer les prémices de cet anniversaire qui va se prolonger sur toute l’année 2013 avec un feu d’artifice durant les 15 premiers jours de novembre. Nous ne pouvions pas fêter cela comme nous l’avions fait pour les 15 et 20 ans, il fallait marquer le coup et faire différent. 25 ans c’est long, il y a beaucoup de choses à raconter et beaucoup d’artistes à inviter, c’est pour cela que nous avons décidé de le fêter tout au long de l’année.
Sauf oubli notable, le Rex est le plus vieux club de techno encore en exercice. Qu’est ce que ça fait de se dire ça ?
Fabrice : C’est une info que Laurent Garnier nous a donnée. À priori aucun club au monde n’a notre histoire. Certains ont commencé avant nous, mais ont fermé depuis ou ont changé de style musical, d’autres sont arrivés plus tard ou n’ont pas toujours fait de la musique électronique.
Ça fait plaisir et ça montre qu’il est possible de garder pendant de longues années une ligne de conduite musicale avec une programmation de qualité.
En 25 ans le Rex n’a jamais désempli (sauf paraît-il une petite désaffection aux alentours de 2004). Comment maintient-on un tel succès ?
Fabrice : En travaillant sérieusement et en sachant se renouveler sans jamais trahir notre mouvement musical. Il y a eu des hauts et des bas durant ces 25 ans mais nous sommes restés fidèles à nos convictions et nous avons toujours su rebondir malgré les difficultés. Tout comme les artistes qui ne font pas que des albums exceptionnels tout au long de leur carrière, nous ne faisons pas que des soirées exceptionnelles tous les soirs même si on en rêve…
Est-ce que le succès du Rex tient aussi du fait qu’il n’a jamais cédé aux modes pour conserver sa stricte ligne artistique ?
Fabrice : Tout a fait.
Parce que si tout a débuté avec de la jungle il y a 25 ans, il semblerait que depuis la ligne esthétique soit restée très puriste, axée sur la tech/ house/ minimale/ deep house avec chaque mois des légendes du genre. En gros, verra t-on un jour du footwork ou de l’U.K funky au Rex ? Vous n’aimez pas ? Ça ne vous intéresse pas ?
Fabrice : Précision : tout n’a pas débuté avec de la jungle mais avec une soirée qui se nommait Jungle. C’était de l’acid house à l’époque, la jungle est arrivée bien plus tard. Nous ne sommes pas fermés aux nouveaux genres musicaux sinon nous écouterions toujours de l’acid house au Rex… Nous ne pouvons cependant pas tout programmer et il nous arrive de passer à coté de certains styles méconnus, pas toujours adaptés à la culture Française.
Qu’est ce qui a vraiment changé en 25 ans ? Au Rex, dans l’industrie, dans la techno, dans le public…
Fabrice : Bonne question. Tout et à la fois rien. Nous suivons l’évolution de la musique, du public et nous essayons d’adapter le Rex club à tout ça.
Qu’est ce qui n’a pas bougé en 25 ans ? Au Rex, dans l’industrie, dans la techno, dans le public…
Fabrice : Le Rex club, on est toujours à la même adresse !
De quoi es-tu le plus fier en 25 ans ?
Fabrice : De toujours être là et d’avoir il y a 25 ans, décidé de quitter la stabilité d’un emploi pour rejoindre un mouvement musical et ses idées auxquelles personne ne croyait. Ce jour là, ma vie a changé et je ne regrette absolument rien.
Il y a eu un docu RA sur le renouveau de la scène Parisienne, tu le vis/vois comment ? Qu’est ce que tu en penses ?
Fabrice : Je pense que notre mouvement est cyclique, il passe d’un pays à un autre, d’une capitale à une autre et s’enrichi au fur et à mesure. Actuellement, on parle beaucoup de Paris et c’est tant mieux pour notre scène.
On a souvent craché sur Paris mais quels sont ses atouts ?
Fabrice : C’est quand même toujours la plus belle ville du monde et si ça ce n’est pas un atout !
Ses handicaps ?
Fabrice : La répression et le manque cruel de liberté et de simplicité. Ce n’est pas facile de faire du bruit dans une ville musée… Il serait temps, à mon avis, que Paris et plus généralement la France prennent exemple sur d’autres capitales européennes qui ont compris depuis bien longtemps que les jeunes touristes ont aussi besoin de faire la fête lors de leurs voyages à l’étranger.
Et le public Parisien, on en entend souvent parler aussi… C’est un bon public ?
Fabrice : C’est notre public, je ne peux pas le critiquer. Cependant, lorsque nous allons à l’étranger, nous nous rendons bien compte que ce n’est pas le meilleur public, il est très exigeant et difficile, surtout les plus jeunes.
Après 25 ans de longévité, le Rex est-il bien le roi des clubs de techno ?
Fabrice : En tout cas nous sommes, à priori, le plus vieux club au monde à pouvoir afficher 25 ans de musiques électroniques à notre compteur, ceci ne nous donne pas forcement la couronne du roi mais plutôt la sagesse de l’ancêtre.
Le Rex Club « 25 years of electronic music » du 23 octobre au 17 novembre 2013. Plus d’infos sur le site du Rex Club.