De plus en plus de filles dans la musique électro, de plus en plus de choix dans les soirées, des nuits parisiennes en pleine ébullition, mais des artistes qui prennent parfois très cher, des artistes trop peu connus pour être programmés. Nombreux sont les constats de Dactylo, Axelle Roch et Tatie Jones, reines des nuits parisiennes underground. De la Pacific au Social Club à la Magie Noire à la Machine du Moulin Rouge en passant par la Flash Cocotte de l’Espace Pierre Cardin, on ne compte plus les soirées orchestrées par Anne Claire, aka Dactylo, et ses boys, depuis six ans. Axelle Roch programme elle depuis deux ans une électro minimale et précise depuis son spot du Batofar avec la so « Bière & Techno » Currywürst. Enfin, Tatie Jones, Annso pour les intimes, complice de la Culottée lance la première édition de sa soirée, la technoïque Klepto, en direct du Divan du Monde. Vendredi 11 octobre, elles se retrouvent toutes les trois face à face. L’occasion pour nous de les rencontrer et de leur demander si concurrence il y a quand on est copines, quand on est des femmes et qu’on a envie de se faire une place au sein des nuits parisiennes.
C’est la première fois que ça vous arrive, d’organiser une soirée le même soir que des copains ou concurrents proches ?
Tatie Jones : Moi oui étant donné que c’est la première fois que j’organise une soirée tout court ! J’ai une position un peu différente par rapport à Axelle et Dactylo dans le sens où ce n’est pas mon métier, je débarque. Que nos trois soirées tombent en même temps est un pur hasard, quand je me suis rendu compte que j’avais deux mastodontes en face de moi j’ai eu un peu peur mais au final, je trouve ça plutôt intéressant. Ça prouve qu’il y a de plus en plus de soirées et du coup les gens à Paris ont de plus en plus de choix et je trouve ça bien.
Et tu as pensé décaler la Klepto en voyant ça ?
Tatie : Oui, mais j’avais déjà accepté le deal et je ne suis pas toute seule, j’ai un groupe d’amis derrière le projet. On s’est dit qu’on allait quand même le faire, qu’on donnerait tout et qu’on verrait bien. Puis on ne vise pas forcément le même public que Dactylo et Axelle. Alors pourquoi pas, quand on veut organiser une soirée, il y a un moment où il faut savoir se lancer !
Axelle Roch : C’est quelque chose qui arrive tout le temps, d’avoir des potes ou des potes de potes qui organisent des soirées le même soir que nous, mais pour moi, comme disait Tatie, ce ne sont pas du tout les mêmes cibles, les concepts sont différents ; moi ça ne me pose aucun souci.
Dactylo : Je crois qu’Axelle et moi on a déjà été en face. Je fais des soirées un peu tout le temps donc forcément je suis sans arrêt en face des gens ; maintenant, j’ai beaucoup d’organisateurs de soirées qui sont aussi des amis proches donc avec ceux-là, on partage nos plannings. Ça ne m’est jamais arrivé de décaler une date, mais j’ai déjà annulé une soirée face à un truc qui était vraiment trop gros en face et qui avait pris de l’avance au niveau de la communication. Mais par exemple cette date là du 11 octobre, je l’ai calée il y a six mois donc ça ne peut pas se bouger. Puis quand ce sont des artistes internationaux, les bookings se font quand même vachement à l’avance. Avec les salles, il y a plus de souplesse, mais avec les artistes, non.
Ça fait combien de temps Dactylo et Axelle que vous organisez des soirées ?
Axelle : Avec le collectif Fox Parisian Crew, ça fait deux ans qu’on organise la Currywürst. Toi Dactylo ça fait un moment non ?
Dactylo : Six ans oui.
T’as commencé avec quelle soirée ?
Dactylo : Avec la FURIE.
Axelle : Je me souviens d’Anne Claire (Dactylo) avec ses flyers partout…
Dactylo : Je me suis bien donnée oui quand j’ai commencé, j’ai bien travaillé.
Axelle : Tu lui disais bonjour, elle te tendait un flyer ! (rire)
Dactylo : Oui, la FURIE, qui est devenue en déclinaison Cabaret Furie à la Java, qui est devenu Flash Cocotte.
Axelle : Et elle m’avait fait jouer avec mon groupe de l’époque de Lyon, Les Mèches Anglaises, on s’est rencontrées comme ça. C’était de l’électro-rock, je venais de m’installer à Paris.
Dactylo : Oui, j’ai rencontré Axelle à Lyon d’ailleurs, en 2007.
Axelle : Oui, je t’avais fait manger du poulet ! En fait elle est végétarienne, et je ne le savais pas, je l’ai forcée à manger du poulet
Dactylo : Maintenant je remange de la viande. C’est fou, il n’y avait que du poulet à manger, pas de légumes, pas de frites, que du poulet ! Qu’est ce qu’on avait rit ce jour là, c’était drôle.
Axelle : On était jeunes, on était belles, on mangeait du poulet !
Et du coup, votre déclic « je vais organiser une soirée », c’est venu quand, comment ?
Tatie : Moi c’est vraiment une histoire de rencontres. À la base, je suis spectatrice de tout ça, j’adore faire la fête, j’ai toujours aimé sortir, l’électro. Je ne vis à Paris que depuis trois ans, avant j’étais partie en Angleterre et en Espagne, alors quand je suis revenue à Paris, j’ai fait un tas de rencontres. Je suis tombée sur Yoann Beaudet, à une Flash Cocotte d’ailleurs, et lui, il commençait tout juste l’histoire de la Culottée, une soirée qui est aujourd’hui résidente au Divan du Monde. Je travaille dans le son, en télé, du coup j’ai essayé d’aider le collectif de la Culottée côté technique. Cécile, une fille du collectif, est partie, Yoann m’a proposé d’y rentrer et j’ai trouvé cette ambiance festive, l’idée du mariage entre un dj et un musicien acoustique, géniale.
Et le dj + musicien acoustique, sur scène, ça fonctionne bien ?
Tatie : Oui, ça dépend des instruments. On a booké Dactylo d’ailleurs, elle a mixé avec un musicien qui jouait du balafon, la version africaine du xylophone. C’est ça qui m’a donné envie de faire ma soirée, j’ai rencontré des gens géniaux et le réel déclic est venu d’une anecdote. On a voulu fêter cinq anniversaires en même temps chez moi dans la forêt de Rambouillet. De fil en aiguille, cet événement a pris de l’ampleur, « machin invite untel, qui invite machin », j’ai perdu un peu les pédales à un moment car plein de gens que je ne connaissais pas allaient débarquer chez moi. On a fait payer les gens, on a loué du matos, on a pris des djs. Mais il fallait trouver un moyen de faire arriver tous ces gens au milieu de 70 hectares de forêts ! On a voulu les mettre dans un camion de location Hertz sans fenêtres, horrible ! Et au final, la soirée a été magique. Axelle est venue mixer d’ailleurs !
Axelle : Oui, j’ai bien aimé l’histoire du sauna qui explose moi ! Tout le monde s’est foutu à poil dans le sauna et au bout d’un moment, à force d’ouvrir et de fermer la porte, chaud, froid, chaud, froid, la vitre a explosé en mille morceaux (rires), ça a fait redescendre tout le monde.
Tatie : Oui, on s’est dit peu de temps après qu’il fallait que j’organise ma soirée. On a trouvé le nom un soir, on était dans un bar qui s’appelle Les Souffleurs, et dans ce bar tu trouves des planteurs pas chers. On en avait sans doute trop bus et il y avait des bouquins sur le comptoir. En partant du bar on se rend compte que Yoann a piqué un des bouquins et dans la rue je lui dis « mais t’es complètement clepto ! ». Voilà ! La Klepto était née ! On a décidé de se lancer avec un concept simple : un dj qui pèse lourd, donc cette fois-ci, Tomas More, puis deux résidents, Nicol et Marion, et enfin, une performeuse. On décline la soirée en chapitres. Il y a un prologue vendredi 11 octobre au Divan du Monde, puis il y aura un chapitre 1, je ne sais ni où ni quand, puis un chapitre deux et ainsi de suite.
Et toi, Axelle, ça t’est venu comment l’idée d’organiser des soirées ?
Axelle : Alors en fait, à la base je fais de la musique, et je me suis aperçu que si je ne connaissais pas machin ou machin je n’allais jamais arriver à mixer avec des gros guests. J’ai donc décidé d’organiser ma propre soirée. J’invite qui je veux, je mixe à l’heure que je veux, je programme la musique que je veux. J’ai envoyé un dossier de presse au Point Éphémère et au Batofar, le Batofar m’a répondu, ils m’ont donné une date et voilà. Pour la première Currywürst, j’ai passé un bon deal avec Citizen Kane, il a ramené du monde, le Batofar m’a annoncé qu’ils étaient partant pour une seconde édition et c’était parti.
Dactylo : Moi, c’est un peu comme Tatie en fait, le début est noyé dans des centaines d’anecdotes depuis le temps, mais c’est aussi et surtout une histoire de rencontres. C’est au moment où j’ai rencontré mes collègues Nizar, Pipi (Pepi Della Fresca) et Numéro 6 que c’est devenu une évidence. Ils organisaient déjà des soirées au Pulp, nous on organisait des soirées chez nous où clairement, on ne tenait plus les murs, ni les gens ; on a du faire des travaux pour réparer un mur chez mes parents d’ailleurs, tellement une soirée avait dégénéré. À ce moment là, j’ai rencontré Manu Barron, le boss du Social Club, j’ai monté un plateau, comme ça, au hasard, ça lui est revenu aux oreilles, il m’a convoqué dans son bureau, j’avais peur d’avoir abusé, mais en fait non, il était très content et notre collaboration a continué.
Et tu te rappelles du plateau ?
Dactylo : Oui, c’était les Bloody Beetroots, en décembre 2007. Quand à l’époque ils n’étaient pas du tout connus, je me rappelle que le booking était à 500 euros. Maintenant, ils ne font plus que des lives, ils sont devenus de vrais artistes, pas de simples djs, donc le prix n’est pas le même.
Vous êtes prêtes à mettre combien au maximum, pour un artiste que vous voulez vraiment booker ?
Axelle : Ça dépend des capacités de la salle déjà. Une soirée, avec le billet d’avion, les flyers, toute la com, ça coûte beaucoup de fric.
Tu as déjà mis beaucoup d’argent pour un artiste ?
Axelle : Bien sûr, plusieurs fois même. Après, ce que je sais aussi c’est que je ne fais pas une soirée pour faire de la tune. Pour l’instant, je mixe, je fais plaisir aux gens avec un bon dj, c’est plus ça mon concept. Alors forcément, au bout de deux ans, je commence à avoir envie que ça soit mon métier, j’ai envie d’en vivre, j’ai aussi envie de programmer certains artistes plus gros, mais certains coûtent trop cher.
Qui par exemple ?
Axelle : Tini.
Dactylo : On l’a bookée pour la soirée Magie Noire de décembre, mais ce n’est pas moi qui me suis occupé du deal.
Axelle : Certains artistes ont aussi des contrats d’exclusivité avec des clubs, moi pour Tini, c’est une vraie galère pour la booker, je voulais la programmer à l’I.Boat quand on a délocalisé la Currywürst à Bordeaux mais ça ne s’est pas fait.
Tatie : Oui, en fait je crois que soit tu as un énorme apport financier qui te permet d’investir et donc de booker les gens, soit tu pars de zéro et du coup tu fonctionnes en fonction des jauges des clubs dans lesquels tu organises. Moi pour Tomas More, quand ils nous ont dit oui, honnêtement je suis tombée des nues, c’est un gros guest pour une soirée de lancement, il a accepté un deal raisonnable, il est hyper accessible ; mais justement, grâce à lui, il va y avoir du monde. Je ne me sens pas en concurrence vis-à-vis d’Anne Claire (Dactylo) par exemple car la Klepto est plus techno, donc on ne vise pas le même public. Il faut se lancer, je crois que c’est c’est ça le plus difficile. J’ai quitté Paris il y a sept ans et en revenant j’ai senti la différence, j’ai l’impression que les gens sortent plus, il y a de plus en plus de choses, de soirées et je n’ai pas l’impression qu’il y ait de la concurrence. C’est drôle car même en semaine parfois tu sors, et c’est blindé, alors qu’il y a quelques années à Paris, on ne sortait pas le dimanche soir. Puis avec cette histoire de « Maire de la nuit », lancé par Éric Labbé, il se passe quelque chose au sein de la nuit parisienne. Et je crois qu’il faut des gens comme Anne Claire (Dactylo) et Axelle, ou comme moi qui démarre, pour que l’on reste dans cette énergie là. Avant c’était Londres, puis il y a eu Berlin, là maintenant les djs viennent à Paris.
Tu n’as pas l’impression plutôt qu’ils y reviennent ?
Tatie : Oui, ils y reviennent au final.
Axelle : Moi j’ai l’impression que la scène électronique se banalise un peu. Pas au niveau des djs, mais au niveau de la clientèle ; pour avoir discuté avec des inconnus dans le fumoir du Rex, les trois-quarts des gens sont là parce que c’est le Rex et pas pour le line-up. Ou même si tu prends le Showcase, c’est pareil, tu as des putain de plateaux au Showcase, mais les gens ne savent plus que boire du champagne, ils sortent pour sortir, pas pour l’artiste. La musique électronique c’était un truc un peu alternatif à la base mais maintenant c’est devenu à la mode. J’ai l’impression que c’est plus dans les petites soirées, au sein des petits collectifs que tu trouves les vrais clubbeurs parisiens amateurs de bonne musique.
Et à la Pacific, le public ressemble à quoi ?
Dactylo : Par rapport à mes autres soirées, c’est très mélangé, le Social est un club très hétéro, mais j’ai beaucoup de cocottes (public des soirées Flash Cocotte) qui me suivent sur la Pacific.
Pourquoi tu l’as appelée Pacific d’ailleurs ?
Dactylo : Parce que la ligne de programmation est très deep-house et je vois ça comme une grosse vague d’amour. Quand je visualise la soirée, j’imagine un univers pastel, doux et chaud, un peu comme la musique que l’on joue dans cette soirée.
Et vous avez l’impression qu’en tant que femme il est plus compliqué d’organiser des soirées, d’évoluer dans le monde de l’électro ? Il y a quelques années, une femme dans l’électro, c’était un peu marginal non ? Vous avez l’impression que les choses changent ?
Tatie : Je crois qu’en ce moment il y a de plus en plus de filles dans la musique électro, on le voit avec Molly ou Nina Kravitz, on a élu la dj la plus sexy il y a peu de temps également.
Axelle : Moi j’aime bien ce petit côté « nana au milieu de plein de mecs ».
Dactylo : Au niveau des djs, il y a effectivement plus de garçons que de filles, donc au départ c’est plutôt un avantage d’être une femme, c’est plus rare. Mais c’est à double tranchant car si tu n’es pas forte…
Axelle : …tu te fais plus vite casser.
Dactylo : Oui, voilà. Ce qui m’énerve vraiment c’est quand on me sort : « tu mixes bien pour une fille ! ». Je l’entends moins maintenant, mais je l’ai beaucoup entendu au début. Qu’est ce que tu veux répondre à ça à part « et toi t’es pas un peu con pour un mec ? » (rires). Au niveau organisation, c’est quelque chose d’interne, on communique sur nos personnalités si on veut et c’est à nous qu’il appartient de définir comment le faire. Sans vouloir tomber dans le cliché facile, une fille c’est précis, efficace, donc pour la production d’une soirée, c’est pas plus mal. J’ajouterais aussi que face à plein de détails techniques, face aux techniciens son par exemple, il n’y a pas de rapport de testostérone donc parfois, ça facilite les échanges.
Axelle : C’est une question aussi de ce que tu dégages. Il faut être ordonné, ça c’est sûr, organiser une soirée électro à Paris c’est un sacré bordel !
Du coup, vous en vivez ?
Dactylo : Moi oui.
Axelle : Non, pas encore, mais j’espère que ça viendra. C’est la rentrée pour la Curry, puis on a une nouvelle soirée qui arrive en novembre, je crois que c’est le 7 ou le 8.
Dactylo : Je sens que l’on va de nouveau être toutes en face. Le vendredi 8 il y a une des mes soirées, une Contact, au Social.
Axelle : Oui, c’est le 8 novembre.
Tatie : Et il y a une Culottée aussi ce soir là. On remet ça le 8 ! (rires).
Axelle : Ce sera à la Villette Enchantée avec Marc Romboy, mais pour le moment je n’en dis pas plus.
En parlant de vos têtes d’affiche du 11 octobre, plutôt des internationaux non ? Tomas More à la Klepto, et pour le reste… ?
Axelle : Ma tête d’affiche c’est Santé, mais il y a aussi Mlle Caro.
Dactylo : Pour la Pacific ce sera Kölsch, mais aussi Kolombo qui est belge et The Mekanism qui est français.
Dactylo, tu mets tous tes artistes sur un pied d’égalité pour un plateau comme celui de la Pacific ?
Dactylo : J’essaie oui. Mais effectivement, je pense que si là on vend pas mal de préventes c’est dû au fait qu’on ait invité Kölsch, qui sera en live d’ailleurs. Kolombo, je l’ai fait jouer en mars dernier et c’est un excellent dj, je pense que ça va aussi ramener du monde. Mais pour moi les deux sont aussi importants l’un que l’autre.
Axelle, tu programmes rarement des djs parisiens si ?
Axelle : C’est pas que je ne veux pas mais je ne suis pas persuadée qu’un dj parisien fonctionne dans mes soirées car ce n’est pas le concept de la soirée : le but est de faire découvrir un international.
Dactylo : Ça c’est un point à soulever, notre métier c’est de trouver un équilibre entre programmer ce que l’on a envie et programmer ce qui va remplir la salle, et c’est difficile parfois.
Axelle : Oui, parce que moi, il y a vraiment des djs que j’adorerais programmer mais je sais pertinemment qu’ils ne rempliraient pas la salle. Prends par exemple, les artistes du label Fuse London, j’adore, je suis fan de leur son, j’aimerais tous les booker, mais je ne suis pas sûre que ça marche. Anne Claire (Dactylo), ça fait longtemps qu’elle bosse, elle peut peut-être plus se le permettre que moi, ça ne fait que deux ans qu’on est là avec la Curry, ça prend du temps ces choses là, j’espère que dans quelques années c’est quelque chose que je pourrai faire, booker des djs un peu moins gros, parce que j’aime leur son, pas forcément pour qu’ils remplissent la salle.
Dactylo : Mais en plus, tu vois, Axelle et moi on est dj, du coup on écoute énormément de musique tous les jours, on est sans arrêt à la recherche de nouveaux labels à découvrir, alors on a tendance à aimer de super jeunes artistes, les nouveaux petits protégés de je ne sais qui, et oui, c’est difficile de les programmer car personne ne les connait. Surtout qu’on a toujours 12 000 djs autour de nous qui seraient susceptibles de nous dire « attends, pourquoi tu programmes ça et tu ne me programmes pas moi ? ».
Tatie : Ce n’est pas évident non plus oui, de jouer avec les susceptibilités de chacun. Parfois, on entend des petits bruits de couloirs de type « tiens, mais pourquoi pas moi ? », faut donc savoir jongler.
Axelle : Ou juste savoir dire « NON » ! (rire).
Dactylo : Il faut être ferme avant tout dans ses choix : pourquoi on fait ça, pourquoi on a choisit telle personne à tel moment. Quand c’est clair pour nous, c’est plus clair pour les autres. Après, on ne fait pas toujours ce que l’on veut. On parlait de petits artistes que l’on ne pouvait pas forcément faire venir. Mais une fois que le projet est bien lancé on voit que le public nous suit, nous fait confiance, c’est le cas sur plein de mes soirées où je peux parfois me permettre de faire jouer un artiste inconnu. Mais à l’inverse, il y a aussi de gros artistes que l’on aimerait faire venir mais ça peut parfois prendre beaucoup de temps d’arriver à ses fins.
Du coup toi Axelle ton rêve ce serait qui, Tini ?
Axelle : Tini, oui, c’est clair. Après il y a les mecs du label Fuse donc, puis East and Dub, un mec de Londres.
Et toi, Dactylo ?
Dactylo : Il y en a plein, dont Art Department. J’ai longtemps essayé de programmer Robyn aussi mais elle n’est jamais venue et ça coûte BEAUCOUP d’argent… de quoi payer une loge, une limousine…
Et toi, Tatie ?
Tatie : Nina Kravitz. Sinon, Marc Houle ou Richie Hawtin.
Axelle : Si tu veux booker Nina Kravitz c’est parce que tu veux l’épouser non ? (rire)
Tatie : Non pas du tout, c’est uniquement le côté artistique !
Entretien Réalisé par Adeline Journet / Crédit photos : Marie Rouge