La création de Numero Group a été suivie de la naissance d’un phénomène étrange chez les aficionados de soul/funk obscur, un phénomène observable entre chaque sortie et qui s’apparente au manque que peut ressentir un junky dans le plus simple appareil en plein hiver. Mais hallelujah, le label de Chicago a reçu de la dope fraiche avec encore une pléiade de titres et d’artistes aussi obscurs que fous.
Issus de l’excellente série Good God !, les deux premiers volumes faisaient la part belle au funk, avec des morceaux charpentés par des chœurs et des lignes de basses dignes des plus grandes colères bibliques. Des titres à faire flipper n’importe quel esprit diabolique. Alors que ce troisième volet, baptisé Good God! Aprocryphal Hymns, est clairement d’obédience plus soul. Bien que cette compilation rassemble des artistes qui au lieu de cuver leur concert de la veille allaient à l’Eglise le dimanche matin, leur soul est bien loin des canons apostoliques.
Qu’elle soit pécheresse sur un God’s Love psyché et des plus lascifs ou sur un Walk With Jesus incantatoire par Otis G. Johnson, tous lesmoyens sont bons pour convertir le païen. Car derrière ce 40ème épisode de Numero Group se cache en réalité une arme de conversion massive tant les It’ll All Be Over par les Supreme Jubilees ou Can’t Run This Race Alone des Flying Eagles Gospel Singers et finalement tous les autres titres insufflent une irrépressible envie d’embrasser la religion et chanter ses louanges. Et ce Get Involved par Jonah Thompson aux allures de fantôme de Marvin Gaye n’est pas le plus mince de leurs arguments. Car si la plupart des morceaux possèdent à peu près le même son mais avec des ingés de qualités différentes, un seul titre, Searching For The Truth par Dwain Vinyard, sort du lot par sa modernité sonore. Si on ne sait toujours pas sur quel stock de perles oubliées le label de Chicago est tombé, le filon semble être intarissable.
L’appellation Good God ! (qui est aussi un bel hommage au cri du Godfather) pour cette série n’est encore en rien usurpée avec la parution de ce nouvel opus car c’est bien les premiers mots qui nous viennent à mesure que les titres s’égrènent un à un.
Julien Renou