Yeah Yeah Yeahs / Mosquito

 

Quatrième album des Yeah Yeah Yeahs, Mosquito célèbre le retour de Karen O à NYC après un séjour prolongé à Los Angeles. Une rentrée au bercail en demi-teinte et décrite par le groupe  comme hantées par les fantômes… Peut-être ceux d'une personnalité passée, explosive et spontanée, tant ce nouvel album, bien nommé, présente un groupe quelque peu vidé de sa substance.

 

Les Yeah Yeah Yeahs est un groupe dont la surprenante longévité comparée au commun des groupes siglés garage au début des 2000's n'aura pas forcément rimé avec succès commercial. Des outsiders à la musique peut-être un peu trop éclipsée par l'aura électrique de Karen O, figure aussi décriée par la scène Art-Punk new-yorkaise qu'adulée par le fashion rock et la scène art moderne. Après avoir présenté sa facette la plus commerciale sur It's Blitz, le groupe semble aujourd'hui vouloir revenir à ses sources : le chaos et la perte de contrôle…


 

A la recherche de la fièvre perdue, les Yeah Yeah Yeahs expérimentent sur chacun de leurs nouveaux titres : bout de voix samplées et boite à rythmes un peu cheaps ("These Paths"), Karen O doublée sous hélium sur des riffs grassouillets ("Area 52") ou chœurs gospel inspirés par la vibe de la Nouvelle Orléans (« Sacrileges »)… Une exploration devenue, avec le dernier Strokes, comme un passage obligé et équivalent musical de la crise de la quarantaine en guise de quatrième album. Cette esthétique sonore brouillonne sonne malheureusement ici un peu trop travaillée. David Sitek reste à la production et on ne l'imaginait pas revenir à son style de Fever To Tell alors que son travail tend plus, depuis 10 ans,  aux sonorités minérales voire lessivées.  



Plus gênant : hormis pour le "Sacrileges" d'ouverture, cette exploration ne se fait pas au profit de chansons réellement marquantes. Quand les Yeah Yeah Yeahs se remettent au garage rock, c'est pour pondre un Mosquito aussi forcé qu’un happening punk au Centre Georges Pompidou. Presque irritant. La magie des arrangements de Nick Zinner, guitariste très (trop) en retrait sur cet album, ne marche plus. Malgré cela, l'écoute reste globalement agréable et c'est encore un peu plus dans ses phases mélancoliques que le groupe semble le plus à l'aise. Comme sur ce "Subway" et sa rame de métro en boucle rêveuse ou quand la chanteuse démontre encore toute l'étendue de son spectre vocale, délaissant le punk clownesque pour des murmures sensibles aujourd'hui plus saisissants ("Slave"). James Murphy est aussi de la fête, produisant « Buried Alive », sur un featuring de Kool Keith, ici sous la défroque de Dr Octagon

 

Avec son improbable pochette signée par le Sud-Coréen Beomsik Shimbe Shim et après le clip des Megaforce, on n'en attendait un peu plus des Yeah Yeah Yeahs. Au final, ce Mosquito reste plus qu'écoutable mais le caractère anecdotique de la plupart de ses titres laisse penser que Karen O devra rivaliser encore plus d'audace vestimentaire et de talent de performeuse pour faire passer la pilule en live. Impression confirmée par les récentes prestations télé du groupe… 

 
 
Par Alex Béguin