On est bien content qu'il soit aussi tombé dedans, et n'a rien à envier à son grand frère. Et ça, il l'a prouvé depuis son premier LP sur Stones Throw "The Disrupt" où ce jeune "perturbé" à tout de suite su imposer son style énervé. S'en sont suivis de colossaux albums comme les épisodes de son alter égo Dr.No's ou plus récemment Ohnomite.
Et bien entendu, on ne peut s'abstenir de citer l'agressif virus qu'est Gangrene avec son pote Alan The Alchemist, où certains d'entre nous ont encore du mal à se remettre des deux redoutables albums qui se sont propagés dans leurs oreilles. On les retrouvera d'ailleurs sur ce détonant "Disrupted Ads". Oh No ne nous laisse jamais le temps de se reposer et enfonce violemment les portes de 2013 avec son nouvel opus.
L'album alterne avec des tracks instrumentaux et d'autres où il convie gentiment ses potes à poser leurs textes : Dudley Perkins et Georgia Anne muldrow, Chali2na & Roc C, Rapsody & Psalm One, Souls Of Mischief, etc… une belle brochette d'emcees qui s'entrechoquent sur les lourds beats d'Oh No. Il s'emparera du micro uniquement aux cotés de The Alchemist (Gangrene) sur Rollin' Up. La tracklist est une belle représentation du savoir-faire du concerné : compo novatrices et sampling improbables, toutes les prods sont soignées. Certaines sont dévastatrices et imposantes (Creepers, Trapped In), d'autres comme The Difference et Cleansing sont plus modestes mais bien placées pour nous laisser respirer dans ce gros bombardement de basses et de snares.
Incontestablement, les titres comme Jone's, Same Shit et Controlled Riots se démarquent par leurs corpulentes productions entremêlées des lyrics enragés des prestigieux invités. Le tune Jone's qui d'ailleurs introduit la nouvelle collaboration entre Blu & MED, qu'on retrouvera bientôt pour un EP très attendu conçu par son frère Madlib.
L'album est léché, mais malheureusement trop court… 36 minutes bordel! Dommage.
Disrupted Ads est cependant construit solidement. Oh No confirme son statut de beatmaker inévitable : il sait bien s'entourer, et une nouvelle fois, il nous démontre qu'il connait sur le bout des doigts les fondations et l'architecture pour sortir des albums massifs. Du lourd.
Benoit Filliat