S'appeler Purity Ring peut s'avérer dangereux en terme de carrière. À porter le nom d'une bague prônant l'abstinence, vous pourriez passer pour un branleur. Ho c'est rigolo… Bref, de la pureté et de la chasteté, Purity Ring en regorge autant qu'une cour de maternelle mais ces Montréalais sont-ils niaiseux pour autant? Non, "Shrines" leur premier album, est le genre de post-R&B que doivent chanter les chérubins.
N'est-ce pas un curieux nom que Purity Ring ? Dans leur cas pas tant que ça. Non pas que Corin & Megan aient été missionnés par les Mormons pour convertir les masses mais cette promesse de pureté, ils l'entretiennent avec l'auditeur. Produit comme du verre de Baccarat et lavé de toutes toxines, Purity Ring a l'emploi de son nom. Et puis Shrines est le fruit de l'amour. Pas de l'amour pré/post-consommé du R&B aux hormones, Purity Ring est prisonnier de ses pensées et rêvasse titres après titres aux amours poussiéreux d'antan. Une chasteté dans le propos qui entretient brillamment l'immaculé halo dans lequel baigne Shrines.
Avec leur dégaine de linges propres, entre le graphiste Berlinois et l'étudiant de Brooklyn, on aurait volontiers misé sur un Purity Ring dans le couloir du folk bio (Bon Iver) ou celui de la pop soluble dans le tofu (Au revoir Simone). Emballé, c'est mal pesé, Purity Ring c'est la saveur du sud (Américain), le south à l'hygiène reprochable de Houston, la Trap music. Mais aussi le post-R&B d'un How To Dress Well ou la Witch House, le côté "maisons hantées de foire" en moins.
Lorsque la bass-music au pacemaker brisé type James Blake côtoie le sud d'A$AP Rocky, on est forcément sous le charme. Mais à faire tourner son moulin uniquement à l'air du temps, Shrines est-il un produit durable ? À voir. Ceci dit, Shrines demeure, dans ses bons comme dans ses mauvais côtés, une œuvre terriblement de son époque.