Jusqu'à présent, la pop a toujours collé aux baskets des Simian qu'ils soient Mobile Disco ou non. En ce qui concerne leur propre chapelle déjà, lorsqu'ils arboraient le hitmaking au fusil et un décolleté plein d'intentions au temps de Temporary Pleasure, en conviant toute la scène pop techno-friendly à venir pousser la chansonnette sur leurs productions. Et même en solo, pour James Ford, lorsqu'il était un merveilleux producteur pour Arctic Monkeys, Crocodiles ou Peaches.
Prévenez vos voisins, vos collègues, vos parents (la plupart s'en foutront, soyons honnêtes) : ce temps est révolu les enfants. Quoique. Disons plutôt que la pop n'est plus le cœur de la cible. Il a fallu quatre ans à Simian Mobile Disco pour confectionner ce quatrième album, plutôt flatteur envers son auditeur à tel point il le considère avec érudition.
Derrière sa pluviôse tournant à la sinistrose, derrière sa club music d'une dimension humide où le soleil ne se lève jamais, derrière sa techno aux yeux de Bill Murray - cernés et semi-ouverts – Unpatterns endosse le costume de bibliothécaire sexy avec justesse : il compulse de manière encyclopédique tout en parlant au corps. Sans jamais vraiment quitter Detroit des yeux, Simian Mobile Disco fait allégeance à l'héritage dance de Sa Majesté : la curiosité de The Orb, la rave de Orbital, le big beat de Fluke ou même l'entrée des 00's de Chemical Brothers… Et si l'on s'en donne la peine, on trouverait même sans trop creuser l'avant-garde du E2-E4 de Manuel Göttsching.
Oui, Unpatterns a une grise mine et des genoux rouillés mais il a aussi les bras grands ouverts. Si l'on a parfois le sentiment d'entendre une thèse pompière sur la techno britannique mid-90's, Unpatterns est suffisamment luxuriant, généreux et complexe pour que l'auditeur ne se sente pas abandonné. Sympathisant dancefloor mais jamais totalement partisan, Simian Mobile Disco sait désormais battre le fer sans avoir à jouer du bubble-gum. À une heure où l'Europe semble se tourner contre l'austérité, Simian Mobile Disco s'en fait de magnifiques monolithes pour danser autour.