Young Magic / Melt

Young Magic, c'est un premier tour de passe-passe il y a deux ans nommé You With Air, titre où l'australien sortait de sa manche une hip pop à faire revenir les morts. Désormais installé à Brooklyn et signé chez Carpark, Young Magic bâcle Melt, un premier LP efficace comme un Garcimore : les tours foirent et les astuces sont grossières.

 

L'Australie semble une terre quelque peu aride pour la création. Logique, donc, qu'Isaac Emmanuel enregistré ce premier album, un baluchon sur l'épaule, en Angleterre, au Mexique ou à New York. Toutefois, toute ressemblance avec un routard néo-colonisateur de la pop spécialiste en matières premières rares ou avec de la world altermondialiste en baggy type Manu Chao, serait ici fortuite.

Non, Young Magic est plutôt du genre producteur de produits laitiers, il tente de vous procurer des sensations pures mais ne propose qu'une masse opaque et terriblement pasteurisé. Tout au long d'une bonne demi-heure, Melt s'embourbe d'un pied dans la Psychédélia des faubourgs de NYC et dans le hip hop de backpacker époque Def Jux, de l'autre. Si les deux singles You With Air et Sparkly hameçonnent volontiers son homme, le reste n'est qu'une déclinaison à taille unique des deux titres susmentionnés. Melt s'inscrit hélas dans ce qui massacre la pop depuis une décennie : une certaine vacuité, un manque de substance et une écriture composée sur papier calque. Un souci souvent diagnosticable grâce à quelques signes avant-coureurs tels qu'une surproduction ou deux singles (un peu trop) sexy servant généralement à cacher le reste de la forêt. Ou plutôt de la déforestation.  

 

Melt est un titre admirablement trouvé puisqu'il qualifie parfaitement ce premier LP fondant comme neige au soleil. Via ses tubes célestes ras-de-plafond et son album qui radote dès le troisième titre, Young Magic cherchait à nous faire reluquer le ciel les bras grands ouverts mais l'illumination ressemble à un néon fatigué.