Hooray For Earth / True Loves

Hooray For Earth ("Youpi Pour La Terre") pourrait être le slogan scandé par la frange la plus jeune (entre six et huit ans) des soutiens anglophones d'Eva Joly. Mais une fois de plus l'adage "à nom débile groupe formidable" ne ment pas et Hooray For Earth est avant tout le premier projet (solo) de Noel Heroux, Bostonien (d'origine) timide mais à l'esthétisme bavard.

 

En musique certains mouvements sont des paris risqués. Noel Heroux – cerveau de cette bête à une tête qu'est Hooray For Earth – les accumule. Le premier d'entre tous : son déménagement. Bostonien mal à l'aise dans son environnement, Nono ressent le besoin de devenir un parmi des millions à cent miles à l'est, dans la petite bourgade de New York. Et s’il opte pour le choix judicieux d'emménager à Manhattan, Hooray For Earth est néanmoins très vite considéré comme un Brooklyn band. Au risque même d'en devenir un énième.


 


Afrique WASP comme Yeasayer, psyché fluo à la manière de MGMT, ou laborantin de tubes à expérimentations façon TV On The Radio, C'est vrai qu'à la première écoute de True Loves, Hooray For Earth semble en famille à Brooklyn. Quoi que, si ADN commun il y a, Noel  a tout de même un gène de plus (voire d'avance) sur ses voisins. En jeune trentenaire issu de la génération Y, Noel a très probablement poussé devant les tubes cathodiques et ses spots de pubs. Comme ses confrères me direz-vous, à la différence qu'Héroux est une véritable éponge ne retenant que l'essentiel du marketing TV: être catchy tout en imprimant l'esprit de manière indélébile.



Dans True Loves, il y a de la chair à synchro-pub, c'est juste, mais avec une grâce dans la production et une nuance dans l'échelle des arrangements qu'aucun vendeur de raviolis n'aura l'idée d'employer. En même temps, il est question dans ce premier album de sujets autrement plus intimes que la pâte en sauce: True Loves c'est Noel Heroux face à ses angoisses, ses tourments, ses interrogations, bref le fuel de sa grandiloquence intime. Plus fourni, complexe ou smart que MGMT et plus franc que Yeasayer, Noel semble avoir trouvé l'équilibre idoine entre club music et pop intello tout en restant trop indie pour le mainstream et réciproquement.

 

Le premier album de Noel est un cadeau (ça vous pendait au nez) que vous n'avez pas fini d'ouvrir.

 
 

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