En peinture, les néo-classicistes reprenaient les grands codes esthétiques de leurs aïeuls pour les resituer dans le contexte de leur époque. Comment mieux définir Tycho?
Tycho – Hours [Dive LP – Nov. 2011] by Tycho
En musique aussi il arrive que les codes génétiques sautent une génération. Si Dive a la tronche d'un jumeau de son grand-père (Boards Of Canada, pour ne citer que la face visible de l'iceberg), c'est pourtant parfaitement un album de son époque. Tycho ne vit pas dans le passé. Il ne souffre pas de nostalgisme et ne se convainc pas que l'électro c'était quand même mieux avant. Si ça n'est pas une généralité sur tout l'album (Dive s'achève dans une lourdeur qu'on aurait pas mieux supportée en 2001), Scott Hansen sait s'adresser à sa génération tout en employant un vocabulaire d'un autre temps. Graphiste de formation, Tycho (peut-être par déformation professionnelle) connaît un goût prononcé pour l'esthétique connotée et pour la charte arty cohérente comme un monolithe. Si Dive constitue un quelconque risque, ça n'est pas en tentant de placer un pied dans l'inconnu, mais plutôt en résistant sur un territoire abandonné.
Dive est tellement daté qu'il peut donner la sensation d'un chinage dans l'électronique, bien qu'Hansen reste plus classou qu'un Louis La Brocante en goguette. Chez Tycho, il y a du soundscape sépia, de l'imaginarium en super 8, pas vraiment une quête du souvenir mais une volonté de capturer le présent avec du matériel d'antan. Dive est une belle pièce de chill sans la wave, soigné cliniquement comme une prod de chez Ghostly International et arrangé par un gamin des 90's qui a conservé le son de ce qu'on appelait le rock alternatif.
Dive est un Mémorial de l'electronica early-00's.