Les Stepkids, “beaux-enfants” dans la langue de Van Damme, n’ont pas volé leur nom. Cinquante ans après l’histoire officielle, ils sont le fruit d’un remariage où M. Soul aurait succombé aux avances de Mme Pop-Psyché, après des décennies à vivre en bons voisins sans jamais vraiment se rencontrer. Tout ceci était valable jusqu’à l’intervention des Stepkids, entreprise d’entremise de père en beaux-fils.
Dans une dimension parallèle à la nôtre, les Stepkids auraient pu parfaitement incarner cette bande-son de cocktails en smoking blanc, où, Singapour Sling à la main, vous savourez les 60’s avec un LSD dans le cornet. Mais sur le C.V de notre monde, les Stepkids sont des Studio Cats, musiciens d’ordinaire payés décemment pour accompagner les grandes voix du R&B chic tels que Lauryn Hill ou Alicia Keys. Un boulot d’intérimaire suffisamment peu épanouissant pour qu’ils forment ensemble un psychorama des 60’s tardives/early 70’s où l’apartheid entre la pop droguée blanche et la soul noire n’a plus lieu d’être.
The Stepkids – La La by stonesthrow
Cela n’est pas parce que l’on descend d’une relation illégitime, que l’ADN s’abâtardit. Dignes héritiers d’une lignée des plus racées, The Stepkids voit couler dans ses veines la Chicago Soul, celle de Curtis Mayfield ou Syl Johnson, autant que la lysergie d’un “Hot Butter Soul” d’Isaac Hayes ou les arrangements au pas de la porte de la perception de Phil Spector. Un name dropping deluxe pour un arbre généalogique en marbre laqué.
Seul véritable impair, cette idée post-Beatles/neo-beatnik où tout le monde compose, laissant une place vacante à un leader charismatique pour incarner The Stepkids. Même si les absents ont toujours tort, le léger déficit de personnalité ne crée pas de réelles carences artistiques sur un premier LP d’une élégance rare. Si James Pants et Mayer Hawthorne témoignaient d’un vent nouveau chez Stones Throw, The Stepkids confirme la bonne santé du label.