Winston McAnuff / Nostradamus


Date de sortie :
28.10.2008
Label : Makasound

Au regard du ciel grisé de flocons de neige virevoltants sur les températures négatives, l’humeur était plutôt au « squouette » (le squat de couette), avec une tasse fumante de thé ou de café entre les mains pour se réchauffer, à lire un livre (de l’Haïtien René Depestre, pour ne rien vous cacher) et à écouter un disque gorgé de soleil. C’est ainsi que, naturellement, je pioche dans la discothèque du label Makasound un album du jamaïcain Winston McAnuff, certes pas récent mais (Ô, oubli!) non encore chroniqué sur notre site préféré, 90bpm.com : Nostradamus, paru en fin 2008.

 

Après les expérimentaux A Drop (©Makasound, 2005) avec Bazbaz et son Orchestra puis Paris' Rockin (©Makasound, 2006) avec Java, -M- et Cyril Atef (CongopunQ, Bumcello), cet album marquait le retour du chanteur- :compositeur quinquagénaire au son des origines (du temps de galère auprès d’Earl 16 ou Hugh Mundell) : un reggae 100% roots, qui plus est, joué par des musiciens hors pairs dont la liste serait fastidieuse (par exemple : Earl “Chinna” Smith à la guitare, Leroy “Horsemouth” Wallace à la batterie, Bongo Herman aux percussions, les Faya Horns comprenant Eric “Rico” Gaultier à l’excellente section cuivre,…) et produit par le célèbre Clive Hunt qui, quand il ne prête sa voix ou n’use pas de ses talents de multi instrumentiste (dont la basse), a réalisé ici des arrangements aux petits oignons qui rendent à la voix certes déclinante mais toujours aussi « rock-ailleuse » de l’Electric Dread toute sa personnalité. Les petits défauts pleinement assumés comme sa prononciation un peu trop saccadée (« Pick up » en tirant même sa force) et par moments mangée (comme sur l’attendrissant « The Bait » au fond afro-blufunk), loin de nous déranger, nous emplissent d’un sentiment d’authenticité chaleureuse et attachante. Exactement l’effet escompté pour déguster sa tasse en toute quiétude ! Si les « reggrooves » classieux aux pointes de dub pour « Nostradamus » et aux rythmiques funky et électrisantes pour « Takin’ It All » ou simplement contagieuses pour un enlevé « Sunday Morning » cuivré ont été primairement programmés aux côtés de « The Pack » aux allures de rock-steady aux effets dub ou du proprement incontournable à chaque écoute de cet album « Love is the Song I Sing », porté par la flûte de “Rico” et une guitare sèche (dans l’esprit acoustique d’un Inna de Yard), je me surprends à me cotonner dans les sons dub de « Mix up Moods » malgré son atmosphère sombre (due au mélodica, au riddim sec et à l’accordéon de Fixi, du groupe Java… est-il encore besoin de le préciser ?) ou de l’hypnotique « Slave Driver ». A peine avait été remarqués le langoureux Reggae’N’B « Vain Imagining » et le titre de clôture « Set Us Free » que, la tasse finie et la couette au sol, mon humeur est depuis longtemps déjà revivifiée.

Par Arnaud Sorel pour 90bpm.com

Tracklist :

01. Mix up Moods (4:01)
02. Nostradamus (4:27)
03. Slave Driver (4:57)

04. Vain Imagining (5:01)
05. Takin’ It All (3:37)
06. Love is the Song I Sing (3:56)
07. Sunday Morning (5:58)

08. The Bait (5:00)

09. Pick up (4:40)
10. The Pack (4:03)

11. Set Us Free (4:37)