Sortie: 18.10.2010
Grâce aux Electro Deluxe, le mot d’ordre d’octobre est clair : Press Play and Enjoy !
Si l’habit ne fait pas le moine, il est agréable que la cover donne la couleur de l’album pour donner une cohérence supplémentaire au projet. Signé 20Syl (d'Hocus Pocus, bien sûr), l’artwork du troisième opus d’Electro Deluxe répond à cette règle avec finesse : outre les couleurs chaleureuses à l’image du groove que le groupe parisano-grenoblois dégage, s’y dessine un magnétophone à bande magnétique (dans laquelle se dessine le nom du groupe) vintage et plus exactement, si je ne m’abuse, d’un REVOX A77. Cette illustration nous renvoie une trentaine d’années en arrière, quand chaque studio d’enregistrement contenait deux ou trois de ce « bipiste » de marque suisse pour faire des copies, générer des échos ou retarder le signal envoyé aux réverbérations à plaque ou ressorts… puis, grâce aux plateaux et noyaux CCIR ou NAB, utiliser des boucles de bande magnétique. Cela devient trop technique ? Retenez simplement qu’on ne vous aura pas menti sur la couverture : chaleur d’un groove élégant digne de l’acid jazz (Buckshot LeFonque ou Roy Hargrove entre autres, car les influences sont ici multiples, hantent certaines mélodies cuivrées), fusion de simplicité et d’efficacité harmoniques camouflant une minutie de métronomes et échos d’un esprit soul des années 70 revisité. Voilà ce que recèle Play : un versant plus organique et moins électro d’E2L par rapport à leurs précédents et appréciés Stardown (©Such Prod./Naïve, 2005) et Hopeful (©Naïve, 2007).
Pour vous donner un avant-goût plus précis : Gaël Cadoux (claviers) et Thomas Faure (saxophone, prog.), Arnaud Renaville (batterie), Jérémie Coke (basse) et Guillaume Poncelet, « cinquième » membre (de la section cuivre de NoJazz), se sont adjoints la présence de Nyr, « soul singer » au succès d’estime (depuis son album en 2005) – sur « Fine » et « Sorry », tout en simplicité versus la puissante et fantastique suite « Talking about/after Good Love… » –, du notoire Ben l'Oncle Soul – sur « Please Don’t Give up », avec le rappeur londonien HKB FiNN pour un titre d’inspiration US3 première génération , « Between the Lines » en parfait accord avec 20Syl pour un titre forgé dans la précision et le classique en puissance « Where is the Love » –, ainsi que de James Copley qui, lorsqu’il ne souffle pas un vent de soul-blues au travers de son harmonica sur un titre très Blaxpoitation (« Black and Bitter »), prête ses vocalises en soutien à Gaël Faye (de Milk Coffee & Sugar) aux textes toujours aussi incisifs (« Let’s Go To Work »). Le tout, complété par leurs airs jazzistiques, planants (« Chasseur de Têtes », « Mousse ») ou funky (« California », « Old Stuff », le ghost-track ou le titre introductif, éponyme à l’album, qui vous emmène dans un jazz-funk cuivré sonnant comme une bande-son seventies, hors scratchs discrets mais bien sentis de DJ Grasshopa et percussions en breaks), pour osciller dans un condensé les « good vibrations » entre soul et funk sur fond jazz. Une totale réussite à mettre dans votre CD-thèque sans aucune hésitation !
[02] Please Don’t Give up [feat. Ben l'Oncle Soul & HKB Finn] (4:17)
[03] Black and Bitter [feat. James Copley] (5:14)
[04] California (5:27)
[05] Between the Lines [feat. Ben l'Oncle Soul & 20Syl d'Hocus Pocus] (3:51)
[06] Let’s Go to Work [feat. Gaël Faye de Milk Coffe & Sugar & James Copley] (5:48)
[08] Where is the Love [feat. Ben l’Oncle Soul] (4:27)
[11] Talking about Good Love… [feat. Nyr] (3:13)