Monkey Marc / As the Market Crashed

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Monkey Marc (Marc Peckham), peu connu en France pour ne pas dire presque inconnu, n’est pas vraiment un bleu. A vrai, dire en dépit de son animal totem (le singe), il aurait plutôt les couleurs vert et jaune des Wallabies avec un caractère de dragon rouge… Petit décryptage rugby-stique : originaire de Cardiff (Pays de Galles), il est immigrant à Melbourne (Australie). Et comme les choses sont bien faites, nous retrouvons le tri-colorie du reggae/dub qui sous-tend nombre de ses productions. Passant outre la diversité de ses expériences musicales, nous citerons la suite discographique publiée sous la licence de son groupe de hip-hop politique dubbesque, Combat Wombat : Combat Wombat – Labrats Solar Powered Sound System (2001, album qui reprend en titre celui du projet initié un an après son début de carrière électro, le Labrats Solar Powered Sound System) ; Combat Wombat – Miraculous Activis (12’’ en 2002) ; Combat Wombat – Unsound System” (©Elefant Traks, 2005) dont est issu le single « Qwest », numéro 2 au Top 50 digital Triple J. Et comme les choses sont vraiment bien faites, le vert et le rouge symboliseront aussi ses idéaux politiques à tendance écologique et en faveur du changement social (il se baladera d’ailleurs dans le fin fond australien de campagne reculée en ateliers aborigènes, communauté à qui il rendra hommage à cette communauté en reprenant leurs archives encore inédites lors de l’autoproduite compilation Western Desert Mob, entre autres) et le jaune, l’or qu’il a au bout des doigts (remixant « Apocalypta – The Herd » sur Trampled Compilation, le "Seven Guns and Seven Holes » de Solal (Gotan Project), période Moonshine Sessions (dont on vous avait parlait dans la chronique de Féloche) ou « Istanbul Engloutie » de Rafiralfiro). D’ailleurs, outre ces multiples productions, on citera pour appuyer son passif ses affiches aux côtés de Public Enemy (USA), Dj Spooky (USA), DJ Solal (France), Anticon (USA), Dose Noun (USA), The Percussionists (USA), l’activiste Sinpare – à découvrir (Kenya), The Herd (Sydney), Curse ov Dialect (Melbourne)…

As the market crashed est le premier album solo de cet artiste underground (que certains ont pu voir à La Bellevilloise). Fidèle à ses principes écologiques, cet album électro aux accents world a, nous dit-on, été entièrement enregistré à l’énergie solaire… avant d’être mixé à Paris, aux studios Sumroom, puis mixé à Londres chez Transition. De plus, le packaging, pensé par l’agence Eco Innovators, est composé à 80% de déchet recyclé et l’artwork (créé par Matt Dunn) imprimé à l’encre végétale. Quant au contenu, nous opinerons du chef sur le beat downtempo rond et énergique craquelé d’un effet vinyl vintage annonçant une mélodie jazz-funk au piano pour « As the Market crashes » puis sur un « What Can I do ? » (le single) samplant dans le blues pour un rendu proche de Moby, inspiré, et finissant par une urgence entêtante. Après « One Race, One Creed, One World », science-fiction futuriste développée sur de l’ethno-électro, MonkeyMarc nous met en situation d’attente, ambiancée par des cordes aux sonorités asiatiques, si aisément associées aux films samouraï du Soleil Levant (bien qu’il soit ici couchant – « The Evening Sun »). Ces sonorités auraient tout aussi bien pu provenir d’Inde, ce que « Mumbai Mayhem » n’infirmerait pas. Ici l’ambiance est sombre, saturée, un chaos pourtant organisé. Passons sur la revanche des cancrelats (« Revenge of Cockroach ») qui ne sert que de transition vers une deuxième partie d’album, moins hip-hop et plus dub, comme l’annonce « Deadly Dub » qui ne détonnerait pas avec du LKJ, et comme le confirmera le spirituel et oriental « Sufi Dub ». Le dubstep saturé et vocodé de « Emergency » y précède alors la dub drum ’n’ bass de « We’ve really fucked up this Time » (commençant par un extrait de dialogue issu de Mad Max II). En résumé, MonkeyMarc nous délivre un véritable message de rebelle-union intercontinentale, une philosophie de lutte et de réflexion, une invitation à vibrer maintenant ou jamais, « Now or Never » réconciliant les deux parties dub et hip-hop dans un au-revoir en suspens et répétitif inspirant l’incertitude : une belle construction de story-playing !

Arnaud Sorel pour 90bpm.com

Tracklisting:

[01] As the Market Crashes
[02] What Can I do?
[03] One Race, One Creed, One World
[04] The Evening Sun
[05] Mumbai Mayhem
[06] Revenge of the Cockroach
[07] Deadly Dub
[08] Emergency
[09] We’ve really Fucked Up this Time
[10] Sufi Dub
[11] Now or Never