Les années 80 n'en finissent décidément pas d'influencer la musique d'aujourd'hui, quel que soit le courant emprunté. Avec Beak, nouveau projet fondé par Geoff Barrow (Portishead) aux cotés de Bill Fullet (Fuzz Against Junk) et Matt Williams (Team Brick), c'est sur les traces de Joy Division que nous convie à marcher ce trio composant un album aux ambiances sombres et décharnées. Ils empruntent aussi au Krautrock, autre tendance à la mode ces deux dernières années, par le coté robotique et martial des rythmiques. Les voix semblent surgir d'un antre hanté par des fantômes errants, cherchant un réconfort auprès de vivants pas mieux lotis par l'existence. La musique de Beak dégage une froideur malade s'agrippant à notre épine dorsale pour la tordre malicieusement et nous la planter au travers de la gorge. Ca étouffe et ça crisse, ça met le bourdon et tient en alerte, ça zigzague en ligne droite, trébuchant sur des pavés polis dans des amas d'ossements musicaux. Beak exprime dans un dépouillement extrême, l'intensité du mal être qui règne aujourd'hui, déployant un parfum de chaos somnolent prêt à nous emporter d'un moment à un autre. Fortement conseillé aux amoureux d'atmosphères neurasthéniques mais à tenir éloigné des oreilles de personnes trop déprimées. Car n'oubliez pas que Beak en anglais veut dire Rupture. Un nom qu'ils portent parfaitement bien.