Lorsque deux légendes se rencontrent pour travailler ensemble sur un projet commun, on peut s’attendre à tout : au meilleur comme au pire. Et c’est à la première catégorie que renvoie Two Phazed People, dont la gestation et l’élaboration auront demandé 8 ans de travail, à la voix sublime du jamaïcain Horace Andy (découvert par beaucoup sur le Protection de Massive Attack) et Alpha, producteur bristolien dont la réputation n’est plus à faire, le tout pour un opus à fleur de peau qui élève nos sens vers des strates de volupté optimales. Tous les ingrédients sont là, pour en faire un des albums élus comme une des merveilles de l’année. Un de ces objets musicaux qui vous hérisse les poils dès les premières mesures, qui flirte avec le sublime, sur fond de grosses basses dub caressant votre plexus, emportés par les baisers vocaux d’un Horace Andy au sommet de son art, messager de paix et d’amour, de vibrations positives et d’échappées verdoyantes vers les cimes de la perfection. Dès les premières mesures de Storm, on se sent happé vers les profondeurs du plaisir, les rythmiques tout en fausse nonchalance captivant nos sens, véritable tapis rouge pour la voix suave de Horace Andy, dont les mots aux douces et subtiles modulations semblent se figer dans l’espace, déversant un flot d’ondulations miraculeuses. La production d’Alpha est un véritable écrin de pierres précieuses pour le maître jamaïcain, où chaque instrument est à sa place, posé avec précision et sans fioriture. Les petits sons de claviers et les réverbes s’amusent à revisiter la grande histoire de la Jamaïque avec passion, à coups de clins d’oeils aux précurseurs tels que King Tubby ou Lee Scractch Perry. Vous l’aurez compris, Two Phazed People est une tuerie de downtempo dub, que l’on se passe en boucle quitte à l’user jusqu’à la moelle et à se le racheter en plusieurs exemplaires.