Certes outre-Atlantique, y’a du monde derrière le trio féminin. Et ce depuis un EP en 2006 et un tour avec CSS ou Gossip. Mais ici en France, pas foule. Et pourtant.
Shunda K, Shon B, Jwl.B viennent de Tempa Bay, Floride-ouest, et là bas ça bounce au berceau. Entre l’église, le ghettoblaster et le club miteux, il n’y a qu’un pas. Club Action, l’un des premiers singles dispos à l’époque éclatait déjà l’équation : « fuck dat shit, Fuck dat shit », sur une veille basse salement slappée, et trois voix qui martèlent des rimes sous speed made in Florida. Un peu comme une Kid Sister éjectée de son nails shop pour allez se noircir les griffes et se frotter le fessier au plancher d’un vieux club crasseux.
Fucked Up ouvre l’album (à sortir en septembre, normalement baptisé Futuristically speaking… Never be afraid ). En gros imaginez PJ Harvey revenant d’une session de Uh Huh Her et qui aurait une casserole d’amour à éclater sur la gueule d’un quidam. N’importe qui. Vous. Du punk sous l’emprise d’un Scottie B ou d’un Rod Lee, soit un relent étrange de mélodies, de fausses notes d’ASR-10 pitchées et de raps oxydés. Oxydés, c’est le maux. Pas d’air à l’écoute de cet album oppressant tant les trois dames balancent avec la légèreté d’un Rick Ross courant son cent mètres. Chaque track atomise la suivante. Prenez Don’t Let Go : on a tendance à imaginer que les 3’57 secondes de morceau pourraient bien donner des vocations à bien des demoiselles. On a Tina la tigresse, toute chevelure eighties à gauche, et des harmonies vocales suintantes et un mceeing bien bouncy à droite (et bien calé, comme on dit là-bas). Salt + Peppa, à l’époque ça vendait. J’imagine les deux new-yorkaises sur des riddims crunky du type….
Produit par
David Alexander et Richard Winstanley (le duo
Hard Feelings UK), les raps bien stéroïdés de Shunda K. and Shon B. (qui formaient au départ -2000- le duo Yeah Majesty), rejoint par l’élégance soul de Jwl B, forment aujourd’hui la moelle de ce qu’on pourrait qualifier de « Ass Music ». C’est funk, presque Go-Go (Get Down On The Floor), parfois punk, voire post-punk (mais pas trop). Bref Yo Majesty invente la post booty-music, celle qui fait le pont entre CSS, Tina Turner, Diplo, les Caraïbes, Bob The Equalizer, les rythmes 8-bits, Switch et les Fools Gold actuels. Un album éprouvant.
Futuristically speaking… Never be afraid : Tracklisting
01. Fucked Up
02. Night Riders
03. Blame It On The Change
04. Never Be Afraid
05. Don’t Let Go
06. Booty Klap
07. Buy Love
08. Get Down On The Floor
09. Hott
10. Leather Jacket
11. Grindin’ And Shakin’
12. Party Hardy
13. Club Action
14. Take It Away