Daddy Yankee / El Cartel: The Big Boss III

Voilà presque 20 ans que la moitié de la planète se trémousse lascivement sur les rythmes endiablés d'une musique qui vient pourtant seulement de taper à la porte de nos frontières. Le Reggaeton ou "The Spanish reggae" à l'origine, a pourtant tout pour plaire aux amateurs de hip-hop : une rythmique soutenue voir très soutenue, des flows ravageurs et des mélodies accrocheuses. Quant on sait en plus que ce "nouveau genre musical" produit presqu'un album par semaine sous formes de mixtapes en tous genres et vendues en grande majorité sous le manteau, ça nous rappellerait presque une époque qu'on a tendance à oublier…

En guise de baptême voici celui qui a convertis les pistes de danses en plages portoricaines: Daddy Yankee, avec son nouvel album "El Cartel: The Big Boss III". Evidemment, dit comme ça, ça ne fait pas très envie, mais attendez… Un album appelé "El Cartel: The Big Boss III", ça laisse perplexe, c'est sûre. Sauf si l'on aime les albums avec des pitbulls, des uzis et des diamants sur la pochette (grosse dédicace aux graphistes en manque d'inspiration). Alors à la première écoute forcément on se dit: "Vas falloir être a la hauteur de ce que tu dis Daddy Yankee". Et la mission est pleinement réussie ! Car un bon CD est un CD qui coule du premier au dernier track sans mauvaises surprises n'est-ce pas? Et bien c'est ici le cas. Avec un flow a faire rougir Twista et les amoureux du gros débit au kilomètre seconde, des lyrics parfaitement placés moitié espagnol moitié anglais. Comment ça vous ne comprenez pas l'espagnol ? Parce que vous êtes bilingue en anglais peut-être ?? Allons, allons !

Il y a d'autres raisons qui font de cet album une réussite. D'abord et les fans le diront, les productions n'ont sûrement jamais été aussi complètes et motivantes. Un son lourd. Ça  claque de partout, sans dissonance, en restant d'une clarté assez rare, il faut le souligner. Des basses pour bouger la tête et le reste. Bref, "un son pour la voiture quant tu montes sur Paris pour rentrer en boite". Tout le monde auras compris. Il y a aussi quelques samples remarquablement utilisés, oscillant entre salsa et soul avec finesse. De quoi se mettre un peu de soleil dans les oreilles.

Cet opus brille également par le nombre d'invitations et de featurings de marque: Akon, Hector el Father, Nicole des Pussycat Dolls (le nom de ce groupe est parfait), Fergie et  Wil I Am des Black Eyed Peas. Chacune de leurs prestations est soignée et permet au flow de Daddy Yankee de respirer un peu au long de ce très long album. Ces collaborations ne sont évidemment pas anodines, en dehors de son affection pour ces "blockbusters" des charts américains, l'intérêt reste l'ouverture internationale que cela procure à Daddy Yankee après sa réussite sans fausses notes en Amérique du sud. C'est une suite logique a sa progression. Et quoi de mieux que des invités de prestige de la scène internationale actuelle pour faire tourner son buzz au delà d'un public déjà conquis ?

Pour ceux qui s'en souviennent il apparaissait aussi sur quelques mix de Tony Touch. Parce que le Monsieur Daddy en est déjà à son 6e album, rien que ça. A 30 ans celui qui s'auto-proclame Le Big Boss aurait pas loin d'avoir des bonnes raisons de le croire.
Grand patron du label de musique El Cartel, organisateur d'événements au quatre coins de la planète et fondateur de plusieurs associations caritatives dans son pays d'origine… Il a de quoi laisser sans commentaires. Mais surtout il sort un album avec 21 vrais titres de qualité à l'intérieur et c'est tellement rare que l'on peut pardonner quelques fautes de goût !

Morceaux préférés:
04 "Fuera de control"
06 "Ella me levanto"
17 "Corazon divina"

*OLI-VIER*