C’est une fois la laideur de la pochette oubliée que l’on peut s’attaquer à l’écoute du disque. Et, malheureusement, les premières mesures de « Potency » sont loin d’être convaincantes. Synthés douteux, handclaps de rigueur, le beat est d’une pauvreté incroyable. Bien entendu, Planet Asia sait toujours rapper et lâcher des punchlines sympathiques, mais ceci ne compense d’aucune façon la nullité de l’instru. « I’m so High », hymne à la weed californienne, relève légèrement le niveau, mais on se retrouve vite réduits à zapper les morceaux les uns après les autres, tant les beats choisis par Planet Asia sont insipides. Même celui concocté par Amp Live pour la réunion des Cali Agents est difficilement supportable. Certains instrus semblent carrément ne pas avoir été mixés, comme celui de « U Betta », inaudible. Par moment, on en vient à se demander si Planet Asia n’a pas décidé de nous rendre sourds, peut-être pour qu’on ne se rende pas compte qu’il gâche sa carrière : le featuring avec le chanteur ragga Madd Dogg (« Murder Time ») est plus qu’inaudible, il est douloureux.
Dans la pure perte de temps qu’est l’écoute de ce disque, on peut tout de même trouver, en se forçant par compassion pour Planet Asia, quelques morceaux de bonne facture. On peut citer, entre autres, « Gold Chain General », produit par Khalil, qui a su pour l’occasion rendre entraînante sa production ultra synthétique. Le meilleur morceau du disque est « Moonlight Melodic pt2 », l’un des seuls dont l’instru comporte un sample plutôt bien choisi. Puisqu’il faut bien sauver quelque chose de cet album, on pardonnera même le refrain chanté de ce titre. Deux « bons » morceaux (en fait assez moyens, mais échappant au désastre global qu’est « The Sickness »), plus environ trois autres écoutables, cela fait bien peu pour un album de dix-neuf titres…
Planet Asia ne s’est pas trompé sur un point : le titre de son album. « The Sickness » rend réellement malade : le gaspillage de talent atteint ici son paroxysme, car malgré la faiblesse du disque, Planet Asia n’a rien perdu de ses capacités au micro. Peut-être faut il considérer le choix des instrus comme une des qualités d’un rappeur. Au delà de ce constat concernant l’artiste lui même, le label à l’origine de la sortie du disque peut aussi être remis en question : les compétences artistiques du personnel de Copter Records doivent être étrangement faibles pour qu’ils aient investi dans un projet si pauvre (il est bon de rappeler que c’est ce même label qui sortit l’an dernier le très faible « Fully loaded with Statik » des Beatminerz).
Ami auditeur, si tu comptes te repaître de bonne musique, passe donc ton chemin : tu ne trouvera en cet album que famine créative et indigestion de handclaps. Ce premier volet de la trilogie prévue n’augure pas d’une suite radieuse. Planet Asia a engagé sa carrière sur une pente descendante, à l’instar de Rasco, mais de façon encore plus marquée. De rappeur très prometteur, il est au fil du temps devenu un de ces trop nombreux espoirs déçus, dont l’attention du public finira par s’écarter, si ce n’est déjà fait…