Le problème de ce genre de remixes est que bien souvent, comparés aux versions originales, ils ne présentent qu’un intérêt limité. Il est d’autant plus courageux et louable, de la part des deux producteurs, de s’être attaqué à un album dont les productions étaient à la fois novatrices et magnifiques : leurs chances de surpasser l’original, voir de simplement apporter une touche de nouveauté de leur cru aux morceaux rappés par MF Doom, étaient très faibles. Les deux beatmakers ont réalisé des travaux se complétant : ils ont eu la bonne idée de ne pas remixer les mêmes titres.
Four Tet a choisi, en premier lieu, « Meat Grinder », pour un bon remix. L’instru est fouillée, et bordélique juste comme il faut. La superposition d’une boucle vaguement orientale et de divers bruits électroniques est amusante, et l’effet créé par l’association de ces sonorités contradictoires est réussi. Le remix de « Accordion », qui suit, est par contre son moins réussi : le beat est trop effacé pour être marquant, et ce remix est vite oublié. Le remix de « Money Folder », s’il ne manque pas d’être original et entraînant, se montre vite lassant, car répétitif. Les remixes de « Great Day » et de « Rhinestone Cowboy » (réalisé en collaboration avec MF Doom), sont bien plus réussis, ce dernier étant étrange et déroutant au premier abord. Ces remixes de Four Tet, bien qu’agréables, sont finalement assez anecdotiques, excepté celui de « Meat Grinder ».
Koushik a construit son ep de remixes comme un « vrai » album, avec Intro, interludes et Outro. Les productions de l’auteur de « Be With » sont différentes de celles de Four Tet : leurs sonorités sont moins expérimentales, un peu plus classiques et s’approchant du travail de Madlib. Il utilise plus volontiers des boucles d’instruments ou de voix, alors que Four Tet semble plus adepte de la composition à partir de sons brefs. Les remixes de Koushik sont bons sans être transcendants. Le meilleur est celui de « America’s Most Blunted ».
Finalement, remixer « Madvillainy » n’était pas d’un intérêt fou, si ce n’est celui de mettre en valeur les talents de producteur de Four Tet et Koushik. Ces ep de remixs sont agréables mais loin d’être indispensables. Ils sont très courts, et disponibles uniquement en vinyl avec les versions instrumentales : c’est là un point faible indéniable, bien que purement matérialiste. Ces ep sont sortis individuellement au prix d’un lp, et non d’un maxi, dans la plupart des magasins français, et de plus avec des couvertures sans artwork ni signe particulier. A la limite, le cd promo fourni par Stonesthrow ressemble plus à un objet de collection que les deux vinyls. Si ces considérations peuvent sembler futiles, elles nuisent sans aucun doute à la diffusion de ces œuvres, et à l’envie des consommateurs habituels de produits estampillés Stonesthrow de se les procurer.