Si les années de crate digging effectuées (il n’est pas Beat Junkie pour rien) jusqu’en 2001 et l’ ouverture des sound systems fréquentés par son premier crew de battle Sound city productions lui permettent d’élargir sa palette musicale: du ragga comme en avait attesté l’intro de "Golden shower hour" ("Murder factory", le dub industriel de "Terror in dub" et ses charley à contre temps) à l’électro dirt stylien de "Flowtation device", le Wax fondler inscrit son album dans une démarche hiphop, sa culture première. Il le montre en concluant par "Mr Arrogant" construit sur le gimmick de "Yo black" (Umcs/Wildpitch) et les divers samples de Cenubites et Critical beatdown ("I’ll take your brain to another dimension"), à Jihad "roughneck" ("Zodiac killer" sur "Diabolical") en passant par Phife Dawg ("Niggers still fussin..") sur "Felonius Funk". On retiendra des retrouvailles avec son world famous crew actuel le say what chirurgical de Babu et la prestation de Q-Bert qui reste pour ce qui est de retourner un ahh techniquement increvable. Mais surtout sur le chef d’ oeuvre "Cliffords moustache" où Q et D en double time se passent le relai entre coït de Tera Patrick et une découpe de violon aussi meurtrière que celle de "Razorblade alcohol slide".
Sur le plan technique, le style de D l’est justement moins que son acolyte ISP mais tout aussi, si ce n’est plus, épuré (c’ est ce qui faisait la force des phases des Picklz qui n’ étaient d’ ailleurs pas particulièrement complexes), que ce soit en drumming ou dans ses solos de scratch: le Bust that de "F.U.P.M." et la deuxième partie de "John Wayne on acid", scratchée à la pédale wah wah avec une précision simplement diabolique. "Diabolical", où l’ exploit est réalisé à tous les niveaux, est le plus représentatif de la vibe de l’album: des prods dark donnant dans le downtempo, et surtout dépouillées pour trouver l’équilibre entre tous les sons et le scratch avec lesquels il doit se fondre (on retrouve le même objectif chez Nicks).
Réservé dans la vie, Dave utilise comme Ned Hoddings le scratch pour exprimer ce qu’ il ressent, en prenant le risque d’y apposer sa marque de fabrique (plutôt que de devenir un clone, l’ une des raisons pour lesquelles il a arrêté les compétitions où il ne parvenait pas à se trouver): la simplicité. Avec un vocable sombre ou funky et la maîtrise dont il avait déjà posé les bases sur ses practice tapes ("Pharoahs of funk" entre autres avec Flare et Toadman), D-Styles apporte au-delà de "Wave Twisters" ou "Anti theft device" sa vision de la scratch music au monde. Reste à savoir si ce dernier est prêt pour l’accepter.