Thirstin Howl III / Skilligan’s island

Rappeur surdoué pour la rime grinçante, le flow cabossé, incertain, portant à bout de souffle des phrases qui n?en finissent plus, Thirstin Howl III a déjà sorti 3 albums sur son label, Skillionaire Enterprises, une affaire de famille ou plutôt d?un crew, lui qui a été l?un des fondateur des Lo-Lifes, bande de joyeux drilles new-yorkais connus à la fin des années 80 pour dévaliser les magasins de leur marque fétiche, Polo Ralph Lauren. Une obsession vestimentaire qu?il affiche sur ses pochettes comme ses compères Rack-Lo et Master Fuol, dans ses textes comme le classique « Polorican », jeu de mots entre la marque classieuse et ses origines porto-ricaines qu?il met en avant en rappant souvent en Spanglish, mélange d?argot anglais et espagnol.

Si ses anciens albums montraient déjà l?étendue de son talent d?écriture et de punchliners, le rapprochant d?un C-Rayz-Walz par sa capacité à se mettre en scène, parodier et à incarner des personnages déroutants, ses albums comme « Skillionaire » ou « Serial Skiller » étaient sérieusement entachés par la mauvaise qualité d?enregistrement.

« Skilligan?s Island » tient ainsi plus du best-of que du nouvel album, avec seulement 4 morceaux inédits. Le principal intérêt est que tous les morceaux ont bénéficiés d?un nouveau mix, d?un re-mastering et l?écoute s?en retrouve très fortement améliorée. Fini le son étouffé sorti de la cave.

On retrouve ainsi ses classiques comme le « Brooklyn Hardcore », reprenant le même sample qu?Artifacts ,avec la voix aïgue de l?anglaise Unique London ou « Polorican » autre classique signé PF Cuttin (ex Blazhay Blazhay), le dj officiel de Thirstin Howl. . On passe de « Dreams of fucking a cartoon bitch » pastiche d?un morceau de Biggie, Thirstin passant en revue ses fanstasmes d?héroïnes de dessins animées, au récit de sa grande kleptomanie en compagnie de son pote Rack-Lo ( « John they?re stealing »). Les pseudos B-Boys habillés en Sean John (la marque de Puffy), les pseudos durs vivant toujours chez leurs mères en prennent pour leur grade (« I still live with my moms ») tout comme les filles sur le salace « Keep on cluckin ».Ceux qui sont passés à côté du Ep de Spinna découvriront « Watch Deez », duo de barjots particulièrement reussi avec Eminem. Enfin le dernier morceau « Alaskan Fisherman » donne un avant goût de son nouveau groupe sous ce nom avec deux potes du Minnesota.

Les habitués du bonhomme ne découvriront (presque) rien qu?ils ne connaissent déjà et attendront plutôt son prochain (vrai) album solo « Skilitary ». Les autres, pour une fois qu?un de ses albums est relativement bien distribué, auraient tort de ne pas jeter une oreille sur les frasques exagérées de cet éternel adolescent, au passé lourd et à l?humour léger.