Comme son nom ne l’indique pas, Dub Come save Me ne se limite pas à des resucées dub de son deuxième et excellent album. C’est un objet foutraque, enfumé, à la fois décousu et complètement homogène, et inécoutable à moins de 800 décibels. Certains morceaux sont inédits (Brand New Dub), d’autres figuraient sur des faces B de vinyls collectors (Witness dub, face b du collectorissime 45 tour de l’hymne Witness), ou n’étaient disponibles qu’en MP3. Tous ont été conçus entre 1999 et avril 2001, période prolixe pour Rodney Smith qui à la suite d’un changement total de matériel de studio se plongea au plus profond de ses racines carribéennes, se mua en pasteur apocalyptique et accoucha d’une trentaine de morceaux.
Dub Come Save Me représente le testament de cette crise mystique. L’anglais, conformément à la coutume des sound systems jamaïcains, y torture sa console de mix de manière extrêmement brute et violente, noyant sa musique dans des torrents de reverb pour mieux la ressusciter. Quant à ses textes, jamais ceux-ci n’avaient atteint une telle dimension de solennité, de rage sacrée. Parfois très engagés, (I am not socialite, more like socialist), parfois hilarants, (this vocal is the penis, the rythm is the vag’), ils laissent au final un sentiment de sublimation, de transe, et c’est pas Rodney qui dira le contraire: we make these songs with tears in our eyes, so happy we could die…