Un album live? Mr Lif ne le voit pas vraiment ainsi comme il le précise dans le livret »This is not a live album, it’s one show, presented in the rawest possible form, mistakes and all ». Une réunion de famille en somme, une ode à Boston et à l’un de ses meilleures représentants actuels, Mr Lif. L’oeil pétillant derrière de petites lunettes sérieuses contrebalançant une masse curieuse de dreadlocks, Mr Lif va passer la soirée à enchaîner sans temps mort, Dj Fakts One aux platines, son premier maxi, l’entêtant »Elektro » sorti en 1998 sur Nos Productions, des titres déjà classiques comme »Triangle Warfare » sorti en 1999 sur Brick Records, l’hymne anti-wack mc’s »Be out », produit par Mr Lif, face B de son maxi sorti sur Ozone en 2000 ou encore »Cro-Magnon », la meilleure production de Fakts-One, titre tiré de son Ep sorti sur Def Jux en 2001. On découvre aussi avec curiosité des inédits comme »Live from the Plantation » où les réflexions que lui inspirent les journées passées à regarder les heures défiler pour un boulot ennuyeux, un des rares titres a être ponctué de scratches durant la soirée. On préférera bien plus l’incandescent »Earthcrusher », beat apocalyptique comme le dit lui même Mr Lif, nouveau son audacieux d’Insight, autour d’une boucle de guitare ascendante et stridente. Pour ceux qui ne le savait pas encore, Mr Lif apparaît au détour de chaque couplet comme un grand lyriciste, doué aussi bien pour la rime habile qui fait mouche que pour des paraboles acerbes sur la socièté américaine, ponctuant chaque morceaux de petites interventions pleines de modestie ( »excusez moi je viens tout juste d’écrire ce morceau, c’est la première fois que je le fais, je ne le connais pas encore trés bien »), arranguant un public euphorique, conquis d’avance et communicatif jusque dans nos enceintes.
Les afficionados de sa voix si particulière sur disque, un timbre aïgu et nasal, découvriront un Mr Lif plus grave sur scène. Une opiniatreté à remuer le public (notamment quand il leur demande de hurler »Stop the record »), une énergie à tenir la distance quasiment seul pendant tout le concert, même si son acolyte Akrobatik avec qui il forme le duo »The Perceptionnists » apparaît avec plus de coffre, une voix profonde et englobante qui lui donne la vedette sur le freestyle final (notamment lorsque le vinyl de Fakts One saute et que Akrobatik rebondit en même temps, rime à l’appui »even if the record skips/ it doesn’t hit me off when i flip, i’m motherfuckin Akrobatik ») où les deux apparaissent comme d’imposants battle mc’s