[NEWS] LES FESTIVALS EN PLEIN AIR POURRONT SE DÉROULER CET ÉTÉ MAIS ASSIS

 

AVEC UNE JAUGE MAXIMALE DE 5 000 PERSONNES. CE SONT LES PREMIÈRES MESURES QUE LA MINISTRE DE LA CULTURE A PRISE SUITE À SA DERNIÈRE RENCONTRE AVEC LE SYNDICAT DES MUSIQUES ACTUELLES CE JEUDI 19 FÉVRIER.

 

Dans la même semaine que son annonce de l’organisation de concerts test à Paris et à Marseille dès le mois prochain, Roselyne Bachelot a rencontré les représentants du SMA (Syndicat des Musiques Actuelles) avec comme ordre du jour les premières mesures pour permettre aux festivals de se dérouler cet été. La Ministre de la Culture avait en effet déclaré précédemment que « l’hypothèse d’un été sans festivals été exclue » et elle se devait d’apporter des réponses concrètes aux professionnels du spectacle musical qui multiplient les revendications depuis plusieurs semaines.

Dans l’état actuel des choses, les festivals en plein air pourront donc officier cet été mais avec un public assis et dans une jauge maximale de 5 000 personnes par jour, seuil au dessous duquel Bachelot affirme qu’il était difficile d’assurer la viabilité économique de ces festivals. Ces conditions d’ordre général viendront en complémentarité d’autres mesures sanitaires strictes dont les contours devraient être dévoilées prochainement.

La Ministre, ayant conscience que l’adaptation à ses mesures auront un coût qui s’additionnera à une perte en billetterie, a déclaré avoir débloqué une enveloppe de 30 millions d’euros pour l’accompagnement et une autre de 15 millions d’euros pour la question des captations afin que le public ne pouvant pas se rendre sur place puisse suivre les concerts à distance. Ces aides constituent une première salve qui pourra être revalorisée selon l’évolution de la crise mais aussi selon le nombre de festivals souhaitant jouer le jeu. A ce propos, Roselyne Bachelot déclare que 83% des 200 festivals interrogés souhaitent s’inscrire dans un processus d’adaptation. Du coté des organisateurs, on sait que les Vieilles Charrues (280 000 spectateurs en 2019) saluent une avancée et que selon la Ministre, le Printemps de Bourges (200 000 spectateurs en 2020), qu’elle identifie comme premier festival de la saison estivale, a déjà entamer son travail d’adaptation. Là où les Solidays ont déjà abandonné pour son édition 2021, forte de sa fréquentation annuelle de plus de 200 000 participants.

Le SMA s’est voulu confiant mais précise qu’il y a encore de nombreuses zones à éclaircir. Certains y voient une avancée en mode « c’est mieux que rien » mais pour beaucoup, dont nous faisons partie, les mesures restent insuffisantes, voir incompréhensibles alors que nous sommes certains que des lieux comme le Puy du Fou bénéficieront encore d’un passe-droit.

Nous passerons sur le mode assis qui est contraire à l’ADN d’événements festifs comme les concerts de toute taille. Si cela ne pose pas de problèmes à la musique classique, voir au jazz, on sait qu’il n’en ira jamais de même pour le rap, le rock et la musique électronique. C’est pour cela que l’annonce ressemble tellement à une mesure, au mieux arbitraire, au pire dictatoriale, et qui se situe dans un entre – deux incompréhensible.

Nous nous inquiétons surtout pour l’immense majorité des indépendants qui comptent aussi sur les festivals pour se produire (pour vivre) et pour se faire connaitre. Avec une jauge à 5 000 personnes, les festivals vont surement devoir renoncer à leurs scènes découvertes pour ne privilégier que les grands artistes français (n’oublions pas que la question de l’ouverture des frontières reste pour le moment une problématique) qui sont quand même « moins dans le besoin ». On imagine aussi que les plus gros festivals mangeront proportionnellement la grosse part du gâteau sur les 30 millions d’euros disponibles, laissant les plus petits dans une fragilité dramatique. Ils ont certes plus de frais et de bouches à nourrir mais doit-on sacrifier les petits pour autant ?

La grande question des festivals pratiquement actée, tout dépendra aussi de la condition de toutes les salles de spectacle et autres lieux de fêtes pour cet été. L’attente des professionnels, des artistes et du public réside aussi dans l’ouverture de ces lieux dont la situation est tout aussi préoccupante. En ce sens, le gouvernement se doit de se battre sur tous les fronts et ne doit pas se contenter de sauver les apparences dans le cadre d’une gestion de la crise sanitaire très contestable depuis le début, surtout envers le parent pauvre qu’est le monde musical.

Nous allons devoir attendre le détail des mesures prises et cela ne plaira pas à tout le monde. C’est une évidence.