SA FIGURATION DANS LE RÉCENT CLASSEMENT DES 500 MEILLEURS ALBUMS DE TOUS LES TEMPS PAR ROLLING STONE L’A FAIT RÉAGIR.
En septembre dernier, le magazine Rolling Stone avait mis à jour son top des 500 meilleurs albums de l’histoire. Le dernier classement datait en effet de 2012. Pour se faire, la rédaction avait réuni un jury composé d’artistes (dont Beyoncé par exemple), d’écrivains, de critiques ou encore d’acteurs de l’industrie de la musique.
Si ce collège de professionnels avait déterminé que le « What’s Going On » de Marvin Gaye était l’album ultime, le « Songs In The Key Of Life » de Stevie Wonder (4ème), le « Purple Rain » de Prince & The Revolution (8ème) venaient bien compléter la représentation de la musique afro-américaine au sein du Top 10. Et grande surprise, le premier album hip hop à apparaitre en 10ème position fût « The Miseducation Of Lauryn Hill » de Lauryn Hill.
La mise à jour du classement de Rolling Stone avait en effet revalorisé les albums de rap (et de musique afro-américaine dans leur enesemble), grands absents il y a 8 ans. Marvin Gaye a gagné 5 places, Michael Jackson a grappillé 8 places (il est seulement 12ème cette année avec « Thriller »), « Songs In The Key Of Life » est sorti de nulle part (c’était « Innervisions » qui était 24ème en 2012), et le premier album de rap à apparaitre dans la liste était « It Takes A Nation Of Millions To Hold Us Back » de Public Enemy, seulement classé en 48ème position.
Outre la 10ème place de Lauryn Hill, on trouve aujourd’hui dans le Top 50 : Public Enemy désormais 15ème, Kanye West en 17ème, Kendrick Lamar en 19ème, The Notorious BIG en 22ème, le Wu Tang Clan en 27ème, D’Angelo en 28ème, Dr Dre en 37ème et ainsi de suite.
Depuis ce nouveau classement, Rolling Stone a voulu l’étayer avec des podcasts exclusivement diffusés sur Amazon Music. Le but étant d’inviter des protagonistes ou des observateurs pour discuter de l’histoire, des coulisses et de l’impact culturel qu’ont pu avoir les 10 premiers albums plébiscités.
Dans un épisode récent, ce fût le tour de « The Miseducation Of Lauryn Hill » d’être mis à l’honneur. Et Lauryn Hill elle-même avait accepté de répondre par mail aux questions de Rolling Stone. A cette occasion, la rappeuse a voulu donner un éclaircissement nouveau quant aux raisons pour lesquelles elle n’a jamais donné suite à son premier et unique album.
Elle a déclaré que personne de son label de l’époque (Ruffhouse) ne lui avait laissé entrevoir une suite à cet album, et que jamais elle n’avait fermé de portes à l’avenir. De plus, elle a affirmé s’être confrontée à un ensemble d’événements et de personnes ayant clairement empêché la sortie d’autres projets : une politique artistique douteuse, des agendas inconciliables, des attentes du label irréalisables ou carrément la présence de saboteurs.
Lauryn Hill est une diva au sens propre comme au figuré. Au figuré car elle a inspiré tellement d’artistes féminines dans le rap mais aussi ailleurs. Au sens propre car les plus de 20 ans qui ont suivi l’album ont été émaillés de nombreuses polémiques autour de son comportement avec les autres (des embrouilles avec beaucoup de collaborateurs dont certains participant au podcast de Rolling Stone) et aussi avec le public puisque ses retards pour monter sur scène sont devenus légendaires.
Le fait qu’elle se soit exprimé chez Rolling Stone est une bonne chose car elle est la principale concernée après tout. Mais on sait qu’elle le fait à chaque fois qu’elle est au centre des discussions. Depuis son départ des fugees, on assiste régulièrement à un mécanisme de défense qui tourne souvent à la paranoïa. En bref, c’est toujours la faute des autres qui ne la comprennent pas. Nous ne sommes pas en train de faire son procès. Nous disons juste que cela arrive systématiquement. Nous savons qu’il n’y a jamais de fumée sans feu.
On sait aussi que la préparation de « The Miseducation Of Lauryn Hill » s’est déroulée dans des conditions difficiles pour elle entre la séparation avec les Fugees, sa relation cachée avec Rohan Marley, le secret autour de sa grossesse, la pression de toute part ou encore son syndrome de la page blanche à l’époque. L’album est le résultat de toute cette période et c’est pour cela qu’il est unique et qu’il n’aura aucun équivalent.
Sa puissance et son impact sur la musique en sont d’ailleurs récompensés par le classement de Rolling Stone et c’est tout ce qui compte après tout.