[NEWS] ACCUSÉ DE HARCÈLEMENT SEXUEL, CRAZY LEGS RECONNAIT LES FAITS ET S’EXCUSE

UNE PÉTITION A MÊME ÉTÉ MISE EN PLACE DEMANDANT L’ÉVINCEMENT DU CÉLÈBRE DANSEUR DE REDBULL ET DES JEUX OLYMPIQUES DE 2024.

Même si le breakdance est depuis longtemps un art reconnu mondialement avec un développement sans l’aide de quelconques « institutions » (mais avec de forts mécènes comme Redbull), sa récente admission comme discipline olympique pour les JO de Paris 2024 reste une bonne nouvelle et donnera lieu à une belle exposition médiatique mainstream.

Tout cela en surface car on imagine bien qu’au delà de la cause en elle-même, ça se bouscule déjà (et depuis un moment) en coulisses pour occuper les strapontins et pour récupérer ce qui peut l’être. On était pourtant loin d’imaginer la polémique qui entoure Crazy Legs, l’une des icônes de la discipline, accusé d’être un véritable prédateur sexuel.

L’exposition des jeux olympiques a été l’occasion pour plusieurs femmes, parmi lesquelles des très jeunes, d’oser parler, en accusant le leader du Rock Steady Crew de harcèlement sexuel : harcèlements, comportements inappropriés ou encore envoi de photos de son appareil génital.

L’époque est à la chasse aux harceleurs sexuels depuis le mouvement #MeToo (#BalanceTonPorc en France) et comme l’a prouvé l’affaire Harvey Weinstein, les puissants ne sont plus protégés, sauf en France où les Gabriel Matzneff et les Roman Polanski sont encore bien épargnés. Ces derniers cas sont également la preuve que s’il y a prescription au niveau judiciaire, il en va différemment au niveau moral. Les incriminés, ou pire ceux qui les soutiennent invoquent des pratiques usuelles et donc tolérées dans le passé. Nous sommes tous d’accord pour que cela change, que la notion moderne du consentement soit prise en compte.

Les pires des explications pour un harceleur sont soit le dédouanement par l’erreur d’appréciation ou la maladie, soit la victimisation. C’est cette « ligne de défense » qu’a choisi Crazy Legs dans une story sur Instagram (qui a bien-sur disparu depuis mais dont une copie d’écran a été réalisée par le site Medium.com). Le danseur y évoque une dépression dont il souffrirait depuis longtemps et dont il n’osait pas en parler avec ses proches. Il s’est dit soulagé d’avoir été confronté aux accusations et s’excuse pour le mal qu’il a pu faire à ces femmes. Il a enfin déclaré que le travail sur lui avait déjà commencé. Bref, il s’est fait gaulé et essaye de minimiser au maximum.

Ce que je vais vivre est nécessaire et bon pour moi. J’ai refusé d’être honnête avec moi-même pendant trop longtemps.

Je n’ai pas admis, ni discuté avec les gens de mon entourage des choses qui m’ont conduit à la dépression. J’ai toujours pensé que les symptômes étaient le problème, alors que je ne voulais pas admettre que j’étais dans une dépression profonde et que j’avais peur de paraître faible en la partageant avec d’autres personnes qui auraient pu me soutenir.

Ces problèmes m’ont également amené à faire du mal aux gens. Et il y a toutes ces choses qui m’ont emmené sur une route autodestructrice. Pendant de nombreuses années, j’ai à peine eu une bonne nuit de repos, car je me couchais avec ma douleur tous les soirs. Maintenant que je me confronte à moi-même, à mes démons et à ma dépression, c’est incroyable de voir à quel point le fait de d’avouer ces choses à votre famille et à vos amis proches, peut enlever un poids de mes épaules et me permettre d’être plus clair dans ma tête.

Être un connard est une chose, mais cela n’aide pas à comprendre les raisons pour lesquelles je suis devenu un connard, tel un poison qui se répandait en moi. Je connais le bien que j’ai fait et je ne peux qu’espérer que cela l’emporte sur le mal. La première chose que j’ai faite est de voir le mal tel qu’il est et comment il est temps de faire le travail qui doit être fait. Ne vous y trompez pas, j’ai déjà entamé le processus et c’est difficile, parce que j’ai dû sortir de mon enthousiasme et le dire à haute voix. J’ai besoin d’aide et j’ai pris les mesures nécessaires pour l’obtenir.

Et si cela peut aider quiconque ayant les mêmes problèmes, je vous suggère fortement de suivre les mêmes étapes. Mes premiers pas ont déjà enlevé un poids énorme de mes épaules et j’applaudis ceux qui m’ont confronté à cette merde. Merci, j’en avais besoin. Je ne m’enfuis pas, je fais ce qu’il faut. À bientôt.

Bien que ma dépression soit à l’origine de mes problèmes, elle ne peut pas être une excuse pour le manque de respect envers les femmes. Pour cela, je suis vraiment désolé et j’espère que d’autres feront de même. Je vais faire quelque chose. C’est désapprouvé dans le quartier où j’ai grandi et c’est là que j’ai reçu une thérapie pour mon voyage.

@crazylegsbx

Après ces aveux, doit-on en restez-là ? Ce n’est pas l’avis d’un collectif de personnes se disant appartenir à la communauté B-Boys et B-Girls, qui a lancé une pétition pour réclamer la fin de la relation de Redbull avec Crazy Legs ainsi que d’empêcher toute participation du danseur pionnier aux événements olympiques.

Ce collectif ne croit pas, comme nous, qu’une dépression soit « à l’origine d’envois de photos de son appareil génital » à des jeunes femmes non consentantes. Les créateurs de la pétition remercient néanmoins l’icône pour sa contribution à l’expansion de la culture mais ne sont pas disposés à laisser un harceleur encadrer des jeunes dans sa promotion olympique.

Nous ne faisons pas partie du monde des danseurs. Si cela se trouve, tout se savait depuis toujours et cela n’étonne peut-être personne dans le milieu de la danse hip hop. En tant qu’observateurs, on se dit que finalement, il n’y a aucune raison pour que ce monde ne soit pas concerné par ce mal. C’est dommage mais c’est comme ça.