SCIENCE FICTION, MILITANTISME NOIR, PSYCHÉDÉLISME ET SUPER SEXUALITÉ DANS L’IMAGERIE DU P-FUNK, C’EST À PEDRO BELL QU’ON LE DOIT.
Si la musique P-Funk, genre musical inventé par George Clinton et ses acolytes de Parliament et Funkadelic dans les années 60 et 70, a un son hautement reconnaissable, on n’oubliera pas que leurs codes visuels le sont tout autant. Que ce soit sur scène ou sur les pochettes de disques, l’imagerie est poussée à son comble. Pedro Bell, illustrateur devenu culte, en était le concepteur de tout cet univers pictural autour de la sci-fi, du militantisme racial et aussi de l’hypersexualisation. Il vient de mourir à l’âge de 69 ans.
Clinton avait déclaré que les œuvres de Bell étaient le prolongement de sa conception de la musique : décalé, unique et avant-gardiste. Et dieu sait qu’il fallait le suivre le guru ancien coiffeur du New Jersey. C’est en 1972, alors que l’ère Funkadelic avait déjà commencé, que Bell propose à Clinton ses premiers croquis. La pochette de l’album « Cosmic Slop » sera la première collaboration entre le groupe et l’illustrateur et on remarquera tout de suite la différence avec les 4 premiers opus qui avaient déjà installé une certaine patte. Particulièrement « Margot Brain » avec son fameux homme enterré avec seulement la tête qui sort et « America Eats Its Young » avec son billet de dollars détourné qui inspirera bien plus tard quelques rappeurs. Mais Pedro Bell aura amené quelque chose de vraiment nouveau, de décalé et de perturbant. Une traité qui sera définitivement et largement adopté pour les années suivantes.
Le coté sulfureux était aussi le point commun entre Clinton et Bell. L’exemple le plus connu est bien-sur la pochette de « The Electric Spanking of War Babies« en 1981 où l’illustrateur avait fait figurer un vaisseau spatial à la forme phallique et qui avait comme passager une femme nue. Le label Warner Brothers Music l’avait censuré alors que Funkadelic avait déjà vendu énormément d’exemplaires. Le dessin d’origine avait été recouvert d’une création verdâtre mais où il était tout de même écrit la phrase “Oh Look! The Cover that ‘They’ were TOO-SCARED to print ». Bell continua de créer des pochettes pour Clinton en solo. Plus tard, un éditeur américain présenta l’artiste comme l’une des icônes du courant « The Black Age of Comics ».
C’est le père du P-Funk lui-même et Bootsy Collins qui ont annoncé sa mort aujourd’hui.