PASCAL TESSAUD S’APPRÊTE À DÉTERRER UN TRÉSOR OUBLIÉ DU HIP HOP FRANÇAIS

Avec son premier long métrage « Brooklyn » (2014) et le documentaire « Beatbox, Boom Bap Autour Du Monde » (2015), le travail de Pascal Tessaud a été plus que plébiscité ces deux dernières années. Doublement primé au Hip Hop Film Festival de New York en 2017 (entre autres), les deux films ont été projetés dans de nombreux festivals internationaux, confortant la réputation du réalisateur français suite à sa sélection cannoise pour « Brooklyn ».

Il était évident que Pascal Tessaud n’allait pas se reposer sur ses lauriers longtemps. Le courant était bien passé lors de notre première rencontre en 2016 et quel fût notre plaisir de recevoir un coup de fil de sa part pour nous proposer de venir visionner en (super) avant-première quelques passages de son prochain projet. On savait qu’on allait aimer d’avance mais on n’était loin d’imaginer ce qui nous attendait…

Le hip hop a près de 40 ans en France et la plupart d’entre nous, notamment les plus âgés, entretiennent un respect permanent aux événements et aux acteurs pionniers de cette culture. D’innombrables photos et de plus rares vidéos tournent en boucle depuis des années, constituant, c’est vrai, une histoire purement française. Le terrain vague de la Chapelle (notamment immortalisé dans le livre « Hip-Hop : Une Histoire Française » de Thomas Blondeau), les extraits des émissions « H.I.P.H.O.P. » de Sidney, les premières interviews à la télé des NTM, Assassin et autres IAM ou encore toute la série des fanzines et autres magazines emblématiques des années 90 et début 2000, sont autant d’ancres dans la mémoire collective. Mais on doit se le dire, ces archives commencent à épuiser cette même mémoire, surtout à l’époque du numérique tout puissant.

 


Pascal Tessaud avec Mode2 à Montpellier

 

C’est là où Pascal Tessaud apporte de nouveaux éléments. Il y a quelques temps, Il est tombé par miracle sur des archives vidéos totalement inédites tournées dans les années 90 à l’Université Paris 8 de Saint-Denis. Pascal Tessaud s’est donc jeté dans la préparation d’une série d’une dizaine d’épisodes sur la relation fondatrice qu’a eu cette université (à Saint Denis où le réalisateur à tourné « Brooklyn ») avec la culture hip hop à cette époque.

C’est autour de Georges Lapassade, philosophe, sociologue, ethnologue (l’un des inspirateurs de l’idéologie de mai 68), quasiment oublié du hip hop français, qu’ont été posés quelques jalons de notre culture dans les murs de Paris 8. Lapassade, décédé en 2008, était une personnalité aussi charismatique que très contestée. Mais il aura néanmoins ouvert ses portes à un grand nombre d’artistes qui sont devenus aujourd’hui les pionniers reconnus du mouvement. Des rappeurs comme Driver, M’Widi, MC Solaar, Menelik, Rapsonic, Stomy Bugsy ou Kader Aktivist ; des graffeurs comme Mode2, les FBI, André, Swen des 93 NTM, le collectif Basalt (Banga, King Bobo, Shuck) ; le premier groupe de danseuses et rappeuses Ladie’s Night ; les journalistes comme Juan Massenya ou Sear (Get Busy), ont tous bénéficié des espaces d’expression mis à disposition de Lapassade, épaulé par une poignée d’enseignants déterminés.

 


Les Ladie’s Night : chanteuses, rappeuses, danseuses et spécialistes du double – dutch

 

C’est grâce à des images inédites exceptionnelles que Pascal Tessaud va retracer ce passage « historique » méconnu, qui n’était resté gravé que dans les souvenirs de ces protagonistes jusqu’à aujourd’hui. Plus qu’un simple bout à bout d’archives, Tessaud a choisi de raconter une histoire collective complexe et a entreprit d’y coller d’autres visuels ainsi que les interviews de la quasi-totalité des acteurs de l’époque. Gros boulot de réalisation sur 2 ans et superbement illustré par le graphiste Fred Ebami dont nous dévoilons un de ses portraits ci-dessous.

 


@ Fred Ebami

 

La série, produite par Cypher Films, sera diffusée début 2019 par Arte Creative. Que vous soyez des old timers, des chercheurs insatiables d’archives ou des jeunes branleurs à qui on devrait rappeler les bases, ce projet est pour vous. Et nous qui avons eu l’honneur d’en visionner des premiers montages, on peut vous garantir que cela vaut le détour. A l’issue du visionnage, on n’avait la bave au lèvres et on n’avait qu’une envie, voir le reste de la série tant le récit autour des images d’archives Mais comme vous, on rongera notre frein jusqu’à la fin de l’année où nous aurons droit aux premiers teasing.

 

En attendant, n’hésitez pas à suivre la page Facebook de Pascal Tessaud qui a déjà publié des photos du tournage.