On le sait, le crowdfunding est devenu le mode de financement indépendant de notre époque. Indépendant car collaboratif puisqu’il fait appel à des contributions financières anonymes. Et la musique est un des arts qui l’utilise le plus souvent. Jusque là, on avait plutôt l’habitude de voir des petits groupes ou des artistes fauchés solliciter le public pour les aider à réaliser un disque. Aujourd’hui, c’est un trio hip hop américain légendaire qui s’y colle : De La Soul.
A l’annonce de la nouvelle, que peut-on en penser ? Certains pourraient se demander pourquoi Posdnous, Dave et Maseo se la font en mode roumains et demandent notre aide. Eux qui ont connu le succès avec des tubes qui font toujours danser les clubs du monde entier.
Mais après tout, « succès » ne signifie pas forcément « richesse » et le terme de « légende » renvoi inexorablement au passé. Un passé plutôt lointain en ce qui concerne De La Soul puisque le dernier album studio « The Grind Date » date d’il y a 11 ans… Et si on fait référence aux albums cultes « 3 Feet High and Rising » (1989), « De La Soul Is Dead » (1991) et « Art Official Intelligence : Mosaic Thump » (2000), ça date encore plus. Si on est mauvaise langue, on pourrait dire qu’ils ont eu le temps de dilapider tout l’argent gagné… Et puis, on pourrait aussi considérer que la notoriété collective et individuelle des membres du groupe leur ont permis de travailler (tournées et collaborations) plus qu’il n’en faut ces dernières années.
Néanmoins, on sait que la genèse du hip hop est basée sur le sampling. Ce sampling tellement taxé de vol surtout à ses débuts. On a aussi en mémoire toutes ces histoires et polémiques autour de ce que certains considèrent comme du pillage sonores. Tout cela les gars de De La Soul ne le contestent pas et c’est bien à cela qu’ils veulent mettre un terme. En effet, ils expliquent que pendant 3 ans, ils ont enregistré 200 heures de sons avec beaucoup de musiciens dont Damon Albarn, Little Dragon ou encore David Byrne des Talking Heads, pour créer leur propre catalogue de samples et autres partitions musicales. Autant de créations sonores qu’ils pourront utiliser à leur guise sans être inquiétés.
Autre aspect de la démarche du trio : l’indépendance. Force est de constater que De La Soul a souhaité évoluer en pleine autonomie ces dernières années, offrant de temps à autre des sons (y compris l’intégralité des premiers albums) en téléchargement gratuit et collaborant quelques fois sur des projets indés (on se souvient de First Serve des français Chokolate et Khalid). Cette recherche d’autonomie voulue très tôt est sûrement symptomatique de tous ces groupes pionniers du hip hop qui n’ont pas su bien lire les petits caractères et autres mentions légales des contrats véreux passés avec les majors au siècle dernier. On peut donc imaginer que la formule du crowdfunding tombe à pic.
C’est donc cette démarche qui est mise en avant dans la proposition de De La Soul pour ce qui sera le 8ème opus en 26 ans de carrière. Et les mecs le font sérieusement, voir même honnêtement vu la transparence dont ils font preuve et vu les nombreux niveaux de « récompenses » rétro-actives proposés. En tout cas, ce qui nous « attendri » c’est peut être cette présentation dans laquelle le groupe doit encore exposer son pédigrée. Un message résolument adressé aux générations Y et Z.
A l’heure où nous écrivons ces mots, le projet a atteint près de 83 000 dollars grâce à 1088 donateurs (76 dollars par personnes). Il reste un mois pour atteindre les 110 000 dollars requis. Il est clair qu’on est loin des pauvres 3000 euros qu’un petit groupe demande et nul doute que l’objectif sera réalisé à terme. Alors, que vous donniez ou pas, ça vous regarde. On vous aura au moins passé l’info que De La Soul is not dead…
Et si par curiosité vous voulez voir ce qu’ils nous proposent, rendez-vous sur leur page Kick Starter