LES FONDAMENTAUX DE ONRA

A l’heure où nous publions cet article, Onra est en pleine tournée Australienne pour la Redbull Academy. Nul doute que les publics de Perth, Melbourne, Adelaide ou de Sidney seront les premiers à découvrir quelques titres de son nouvel album « Fundamentals » qui est sorti aujourd’hui (15 mais) encore chez All City. Mais avant de partir, le producteur parisien nous avait quand même fait l’amitié de répondre à nos questions.

 

Malgré quelques EP et le projet Yatha Bhuta Jazz Combo avec Buddy Sativa, on peut considérer que « Fundamentals » est ton premier album solo depuis les « Chinoiseries Part.2 » ?

Oui on peut dire ça effectivement. Même si je suis resté actif dans la production ces 4 dernières années, cet album porte en effet ma signature propre. Ceci dit, j’attache autant d’importance à un album qu’à des EPs ou des collaborations comme celle avec Buddy Sativa. Pour moi, tous ces projets prennent beaucoup de temps et nécessitent une grosse implication de ma part.

 

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Le titre « Fundamentals » est parlant. Quels sont donc tes fondamentaux ?

Pour être précis, je suis allé puiser ces fondamentaux entre 1993 et 1996. Là où le hip hop et la RnB m’ont le plus influencé. En fait, le concept de « Fundamentals » est dans la continuité du projet « Throw Em Up » qu’on a développé avec mon pote Lexis de Music Is My Sanctuary. On voulait vraiment être les plus précis dans l’identification de ces influences qui restent très larges. Et la mouvance Throw Em Up qui est cette façon de danser en levant les bras sur des rythmes plus lents et qui est apparu après la new jack, exprime bien ce que je voulais faire.

 

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On parle de « fondamentaux » mais finalement l’album est très actuel non ?

Tout à fait. Je ne suis pas dans la nostalgie et mon intention n’était pas de faire une exacte copie de ce qui se faisait à l’époque. J’aime beaucoup installer des concepts dans ma musique. Le but de l’album était de m’appuyer sur mes influences pour les ré-interpréter à ma sauce. Et il est vrai que ce qui en sort est plutôt moderne même si je me suis posé la question de savoir comment j’aurais fait un album il y a 20 ans.

Mais la nostalgie est bien présente quand même ?

Oui bien sûr. Je me suis revu adolescent lorsque je découvrais tous ces albums de l’époque. Cet adolescent que je suis resté finalement. Et j’espère que certains adolescents d’aujourd’hui auront les mêmes sensations en découvrant mon album. Au final, je me suis beaucoup amusé à faire ce disque, comme un gamin (rires).

Et tu as poussé le délire jusqu’à l’imagerie de l’album ?

Exactement. Que ce soit la photo et sa texture un peu « old school » sur la pochette de l’album et le fameux sticker « Parental Advisory Explicit Content » ou même les vidéos, je me suis beaucoup amusé à me transposer dans l’ambiance de l’époque. Mais toujours en regardant devant moi pour la musique.

Utiliser uniquement la MPC pour réaliser le disque rentre aussi dans cette nostalgie ?

Oui quelque part. Maintenant, la MPC est un outil que je maitrise bien et c’est mon instrument principal pour composer mes morceaux depuis le début. Sur ce point là rien n’a changé mais il est vrai cette machine est mythique et qu’en tant qu’utilisateur, je m’inscris dans la continuité du mode de production des années 80 et 90.

Et pour la première fois depuis longtemps, la plupart des titres du disque ont des featurings…

Tout simplement parce que cela correspond avec ce qu’il se faisait à l’époque. Dans les années 90, le beatmaking instrumental comme on le connait aujourd’hui n’existait pas ou alors très peu. C’était évident pour moi d’inviter des artistes à venir poser leurs lyrics sur mes sons. Et c’est là où « Fundamentals » se différencie des Chinoiseries par exemple. Par contre, sur tous mes EP précédents, il y a toujours eu des featurings.

 

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Parles-nous donc du choix des invités sur le disque.

Le choix des featurings a été très minutieux. J’ai choisi principalement des artistes qui pouvaient comprendre immédiatement le concept. Des gens qui avaient la même vision que moi dans cet hommage aux 90s et qui restaient résolument portés vers la modernité. Et comme je les connaissais déjà tous, sauf Daz Dillinger et Do Or Die, je savais qu’ils iraient dans la même direction sans problème.

Daz Dillinger (du Dogg Pound) et Do Or Die justement qui sont des figures du hip hop des années 90.

Pour moi ils sont des légendes de cette musique et comme je ne les connaissais pas, je leur ai simplement envoyé un message sur Twitter. Leur management respectif a répondu immédiatement et ça s’est passé très facilement. Et comme les autres, ils ont parfaitement coller au concept. Même si j’ai privilégié des artistes plus récents, c’était important pour moi d’avoir sur le disque des mecs de l’époque. Je suis très honoré et très content de les avoir sur « Fundamentals ».

Tu disais que ça s’était passé très facilement, c’est à dire ?

C’est à dire que j’ai communiqué avec tous les artistes principalement par Internet. MC Melodee est hollandaise, Olivier Daysoul vit en Angleterre et tous les autres (Daz Dillinger, Do Or Die, Black Milk, Perrion, KC, Chuck Inglish et Doppelgangaz) viennent des États-Unis.  Et de par le fait, nos échanges se devaient être directs et précis. J’ai eu la chance que tous les titres aient été réalisés en one shot. Tout ce que les invités m’ont envoyé a matché tout de suite avec mes instrumentaux. De toute façon, les connaissant, je ne m’attendais pas à autre chose de leur part.

Mais tu as dû quand même fignoler la prod en fonction de ce que t’ont envoyé tes invités ?

Oui mais pas tant que ça. Comme je l’ai dit, ce qu’ils m’ont renvoyé convenait parfaitement à ce que je voulais notamment dans la construction des morceaux. Du coup, je n’ai fait que de petits arrangements. Tout a été plutôt simple à l’arrivée.

On retrouve notre ami Blanka de la Fine Equipe niveau mastering.

Oui mais ça n’a rien à voir avec le concept. Blanka est mon ingénieur « attitré » depuis des années. Il comprend bien ma démarche globale dans la musique. Il se serait occupé du mastering de tute façon que ce soit pour un disque de jazz, un disque de beats ou un disque de hip hop. Et il a encore fait un excellent travail.

Tu es en Australie en ce moment avec la Redbull Academy. Ils vont sûrement avoir le privilège de découvrir des titres de l’album sur scène.

Pas vraiment. Du fait des origines différentes des featurings, il est impossible de les avoir avec moi sur scène, en tout cas tous ensemble. Mes lives en Australie seront composés des mêmes ingrédients que ce que j’ai fait ces derniers temps avec quelques variations. Je ne me refuse pas d’en jouer quelques un en DJ set mais je préfère me donner un peu de temps cette année pour monter un live autour du nouvel album. On verra.

On a hâte en tout cas. Merci Onra.

Merci à vous.

 

L’album « Fundamentals » de Onra est disponible sur iTunes

 

 

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