L’intitulé « Togo Soul 70 » est explicite pour ceux qui, comme nous, aiment la musique Africaine dans une période dorée pour la black music mondiale. La promesse de ce projet de compilation et de documentaire porté par le label Hot Casa Records est de ce fait alléchante.
Pour la compilation, rien de nouveau quand on connait la ligne directrice du label. Depuis plusieurs années, les fondateurs que sont Julien Lebrun et Djamel Hammadi ne cessent de nous proposer des productions qui rendent hommage aux racines noires (et latines). Que ce soit à travers les albums d’artistes comme Orlando Julius, Setenta, Djeuhdjoah & Lieutenant Nicholson et Vaudou Game ou à travers les rééditions et les compilations thématiques comme celles de la fameuse série des « Ivory Coast ».
Cette fois-ci, Hot Casa repart sur une compilation dédiée à la soul du Togo dans les années 70. Le disque qui sera un hommage à la musique post – coloniale de ce pays d’Afrique de l’Ouest, sera dans les bacs au Printemps et contiendra des tracks issus du travail de digging des deux tauliers qui s’étaient rendus sur place à deux reprises.
De cette aventure naitra irrépressiblement l’envie de réaliser un documentaire pour la retracer en images tant le voyage et les gens rencontrés sur place ont marqué nos protagonistes, que ce soit Monsieur Désiré le speaker radio, le frère de Akofa Akoussah, Monsieur Vincent et ses couturières, et Roger Damawuzan.
Mais il ne suffit pas que de l’envie pour mettre sur pied un tel projet (sinon ils l’auraient déjà fait sur d’autres compilations). Il faut autant de ressources financières et logistiques (on en parle plus bas) que de ressources humaines. Là où Lebrun et Hammadi ne sont « que » des spécialistes de la musique, il était donc nécessaire de s’entourer. C’est tout naturellement qu’ils se sont tournés vers Liz Gomis qui en plus d’être une de leurs vieilles connaissances, avait le CV de vidéaste qui allait bien. A ce sujet, celle qui est aussi journaliste et blogueuse n’hésite pas à déclarer que c’est elle qui prenait la tête aux deux autres depuis des années pour ce genre de collaboration. Son vœu était enfin exhaussé pour un projet qui la conduirait en Afrique, la terre de ses ancêtres puisqu’elle est d’origine Sénégalaise.
Le Togo justement. Centre de toutes les intentions dans ce projet. Alors que les autres pays d’Afrique de l’ouest ont eu leurs mises en avant comme le Ghana, le Niger, le Bénin ou encore la Côte d’Ivoire, c’est au tour de ce pays d’un peu plus de sept millions d’habitants de nous révéler ses atouts musicaux. Hot Casa Records a aussi choisi de se consacrer aux années 70, période charnière de la nation à bien des titres. En effet, bien que la République Togolaise ait gagné son indépendance en 1969, le pouvoir du Général Eyadema et son parti unique du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT) fût autoritaire. Comme à chaque période de crise politique, c’est souvent la musique et ses acteurs qui émergent comme pour défier l’autorité en place ou tout simplement pour s’évader d’un quotidien difficile. En premier lieu à Lomé la capitale où les radios jouent régulièrement les tubes soul et rythm & blues Américains, influençant ainsi toute une génération. Pendant une décennie, le Togo verra naitre ses plus glorieux représentants comme la chanteuse Bella Bellow, Wéwé Ni Dédé, Yta Jourias, Gérard Akueson ou Les As du Bénin (ndlr : le Togo et le Bénin étaient réunis dans le royaume du Dahomey) du fameux Roger Damawuzan.
Roger Damawuzan qui est la pierre angulaire du documentaire. Le leader des groupes des As du Bénin et de Melo Togo, qu’on appelle par ailleurs « Le James Brown de Lomé », est le contact de l’équipe au Togo. Une connaissance dont Hot Casa avait sorti l’année dernière plusieurs inédits. De part son impact artistique sur la scène soul – funk de l’époque, l’artiste est le point d’appui idéal qui facilitera sans aucun doute la progression du tournage sur place. Un atout indéniable lorsqu’on sait que sans un tel contact, tout peut se compliquer.
Après l’idée, la team et les contacts, il faut désormais le financement. Même si « Togo Soul 70 » sera un mini documentaire, il n’en reste pas moins qu’il faudra payer le voyage, les déplacements, le logement, le matériel, la post production et tous les frais inhérents à une telle aventure. C’est pour cela que Hot Casa Records a lancé il y a une quinzaine de jours une campagne de crowdfunding qui fait appel à nos contributions à hauteur de 8000 euros.
Comme pour toute campagne de financement participatif, chaque participant se verra bien évidemment « récompensé » de contre – parties : nom au générique, objets artisanales du Togo, t-shirts Hot Casa Records, tirage photos prises sur place, des disques du label, avant – première en VOD ou avant – première du visionnage du documentaire et bien sûr la compilation en question.
Au delà de ces contre – parties, on salue et on soutient cette belle initiative qui contribue autant à la préservation de l’héritage musical du Togo (car les originaux sont amenés à disparaître de part l’obsolescence des bandes) qu’à la promotion de l’artisanat local puisque les objets des rétributions sont produits sur place.
Vous avez donc jusqu’au 10 mars pour faire vos dons !
Et quoi qu’il arrive, toute l’équipe du projet vous donne d’ores et déjà rendez-vous le même jour pour une soirée de remerciement au Punk Paradise avec derrière les platines Julien Lebrun, Afrobrazilero (aka Djamel Hammadi), Soulist et plein d’autres amis.
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