Soyons clairs, nous n’avons jamais été disponibles pour les séances de visionnage pour la presse (même si nous étions super motivés). Où étions-nous quand il fallait soutenir le projet à sa genèse ? Nous n’avons fait qu’observer de loin l’avancée du film « Brooklyn » de Pascal Tessaud. Alors on ne va pas vous bourrer le mou avec un film qu’on n’a pas encore vu et on ne tentera pas de récupérer le mini buzz autour de lui.
Maintenant que le film est sorti en salle, on ne peut que vous transmettre notre envie d’aller le voir. Parce que l’historique de ce film mérite toute notre attention et tout notre respect.
Cette année encore, les chiffres de fréquentation des salles de cinéma en France ont légèrement baissé (-4,8% sur les 8 premiers mois de l’année par rapport à 2014 – souce : CNC). Le cinéma français, lui, recule aussi et représente 34,4% de part de marché (contre 45,7% sur la même période l’an passé – source : CNC). L’euphorie du début des années 2010 s’est donc estompée mais on a quand même droit à quelques gros succès français au box office avec « Profs 2 » (3,4 millions d’entrées), « Papa ou Maman » (2,8 millions d’entrées), Taken 3 (2,6 millions) ou encore « Pourquoi j’ai pas mangé mon père » (2,4 millions d’entrées). La référence la plus récente reste « Mais qu’est ce qu’on a fait au bon dieu » sorti fin 2014 avec plus de 12 millions d’entrées chez nous.
Comme souvent, ce sont les grosses productions et les thèmes du divertissement qui se taillent la part du lion. Pas de soucis là dessus. Mais qu’en est-il du cinéma indépendant ? Le social, le communautaire et voir même le documentaire ? Celui sur lequel personne ne veut investir (même pas quelques milliers d’euros) ? Il n’existe pas, en tout cas peu de gens (dont on ne fait pas partie) savent qu’il existe.
Ce fût le constat de Pascal Tessaud lorsqu’il a voulu mettre en forme son premier long métrage « Brooklyn ». Pourtant fort de son expérience dans les courts-métrages et les documentaires, tous plébiscités dans des festivals en France et ailleurs, le jeune réalisateur, fan de la culture hip hop, s’est lassé de voir les portes des maisons de production se fermer durant 4 ans. C’est par dépit qu’il décide alors d’auto produire son projet et de faire du cinéma guerilla comme l’ont fait Djin Carrenar pour « Donoma » et Rachid Djaïdani pour « Rangaine ». Le cinéma guerilla ou le cinéma de la débrouille avec très peu (mais alors très peu) de moyens financiers, techniques et humains. Pour le film, le réalisateur n’aura comme soutien que l’aide de certaines associations locales, une campagne de crowdfunding (qui lui a rapporté 11 000 euros) et le concours d’acteurs et de producteurs, de la petite équipe de prod et de certains habitants de Saint Denis.
Heureusement, le film obtient le soutien de l’ACID (l’Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion) qui le sélectionne à Cannes. S’en suivra sa mise en avant dans 50 festivals dans le monde entier. Aux dires de Tessaud, rien n’aurait été possible sans toutes ces aides. Tu m’étonnes…
Le voilà dans le bain. Celui de ne devoir tourner qu’avec 2 boitiers photos, peut être la plupart du temps sans autorisations dans les rues de Saint Denis, jouant avec les circonstances et les impondérables d’une captation « sauvage ». Même si les acteurs avaient le scénario en tête, on imagine bien une part d’improvisation s’installer.
« Brooklyn » se veut donc un film très indépendant et du coup très libre. Pour Pascal Tessaud, c’était la liberté de parler du rap qu’il aime, de Saint-Denis, la ville dont il est originaire, et des gens qui y habitent, les vrais gens en somme. « Brooklyn » reste une fiction, le récit de l’histoire de la jeune rappeuse Coralie (incarnée à l’écran par KT Gorique, à ce jour l’unique femme Championne du monde de freestyle rap à End of the Weak à New York en 2012) qui débarque de sa Suisse natale pour tenter sa chance en France. Elle atterrit à Saint Denis, en banlieue parisienne, et fait la connaissance de la communauté hip hop de la ville. Mais « Brooklyn » ne peut que nous toucher tant il revêt un aspect humain, sincère et authentique, tellement proche de notre quotidien. C’est peut être là qu’on retrouve aussi le coté documentaire qui ne nous montre ni plus ni moins que la réalité.
Il est clair que le parcours du projet est une aussi belle histoire que celle du film. Et rien que pour cela, il faut aller le voir (peu importe ce qu’on en pensera à la sortie du cinéma). Parce que l’histoire commence aussi maintenant. C’est à nous de la faire durer le plus longtemps possible. La route de Pascal Tessaud a été longue et il y a encore beaucoup à parcourir pour lui. A nous maintenant de l’aider à aller plus loin. Et s’il parvient à produire son prochain long métrage dans des conditions plus correctes, on aura tous gagné.
Le film n’est pas diffusé partout. Donc checkez la liste des villes :