Trombinoscope de l’année

 

Las de dégoiser des tops dix attendus, on vous propose tout de même – fin d’année oblige – un bilan de 2013 déguisé en trombinoscope des figures qui à nos sens ont marqués l’année. Il y aura des oublis, des injustices, des incompréhensions, peut-être même un malaise ou une insuréction mais voici les artistes, labels, villes, mouvements qui ont fait 2013 et/ou que 2013 a fait.

 

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Tri Angle

Tri-Angle sort peu mais Tri-Angle sort bien. Cette année, un frisson ne nous aura pas quitté de la parution d’Excavation, paysage sonore pour insomnies cauchemardesques – deuxième album de The Haxan Cloak à l’effroi exquis, clairement le croque-mort le plus élégant de cette année – jusqu’à Engravings, deuxième LP de Forest Swords et cimetière des éléphants hanté par le folklore Viking de la ville de son auteur. Ajoutons à cela, le positionnement du newcomer Fis dans les starting-blocks et vous obtenez un label qui a simplement réalisé une année sublime.

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Kanye West

Le connard magnifique. Comme quoi l’excès de confiance permet d’accomplir de grandes choses : se réinventer, toucher, secouer, aller à contre-courant sans se noyer, faire tapis sur un coup de sang, avoir un coup d’avance sur son temps tout en restant toujours à son écoute. On ne s’étale pas plus, puisque quoi qu’il en soit on l’a déjà fait auparavant.

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James Holden

L’amour dure trois ans ? Chez  Beigbeder sûrement, absolument pas concernant James Holden. On l’a attendu sept ans celui-ci et on aime toujours James comme au premier jour. Un album bavard, intelligent, qui s’avale de bout en bout comme ces compagnons à chapitres de nuits blanches. Aucun hasard si The Inheritors est adapté d’un livre à l’origine. Holden réussit la prouesse de se maintenir en tant que valeur refuge tout en s’inscrivant dans une révolution perpétuelle. Ce type est un soleil humble qui arrose le monde discrètement et baigne paisiblement dans sa propre gloire. Ne nous quitte plus jamais James.

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Four Tet

« Qu’est ce qu’il devient Four Tet ? » Voilà une question que vous ne vous êtes pas posée cette année. Le type a eu un débit de boulangerie et pour produire plus, il fallait se lever tôt : 0181, une compilation d’inédits en janvier, un album chez Text (son label) Beautiful Rewind, un album produit pour Omar Souleymane, et puis des lives (dont celui de Tokyo), des remix… Four Tet a occupé l’espace média toute l’année sans jamais nous lasser. Tu resteras bien avec nous en 2014 ?

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Oneohtrix Point Never

Mindfuck magnifique, surréalisme en électronique, ce R Plus Seven marquera 2013 comme étant par excellence l’album téméraire artistiquement. Rien d’étonnant à ce que le MoMA conserve toujours un œil sur lui. Lopatin, ou ce grand bonhomme pataud (d’apparence) jamais réveillé, qui trouve sa zone de confort dans les zones grises du système cognitif.

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Future

Il a les connexions, les hooks, la voix, le flow pour faire de lui, non pas le nouveau Drake – le monde n’en n’a pas besoin – mais un point de repère à part (entière). Future n’est plus un feat de luxe, c’est un type qui porte désormais sérieusement son nom de scène.

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Concrete

On aurait pu citer SNTWN. On aurait pu titrer « Paris et sa banlieue » puisqu’en 2013, il semblerait que ce fût un point fort dans la géographie de la techno. Sur le plan des événements déjà, avec des phénomènes comme la Concrete – qui ne désemplissent pas – et ses soirées diurnes au line up en marbre laqué, ou les Die Nacht qui font traverser le périph au Parisien avec le sourire pour voir notamment Âme sous un Concorde. Mais aussi les 75021, qui provoquent des exodes vers Saint Denis d’une foule ne connaissant pas 90% de ce qu’il va écouter. Et puis on pourrait citer, les Siestes Electroniques de Toulouse, Phonograph Corp à Reims ou les Gouters Electroniques de Nantes. Oui, la France a de nouveau confiance en sa nuit et sa création suit le même chemin à en croire l’ambition esthétique de labels tels que In Paradisum, DEMENT3D ou Antinote. Du made in France on ne peut plus abouti, ce qui ravira Arnaud De Montebourg bientôt en une du Parisien à la Concrete.

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Mike Will Made It

Quelle année pour Mike Will. Il a produit pour des vieux copains en détresse (Gucci Mane), d’autres potos au sommet (2Chainz), des vétérans du jeu (Juicy J), une Disney Princess en pleine reconversion professionnelle (Miley Cyrus) et est l’auteur de deux des titres les plus lourds, vendus et remixés de l’année (Bugatti d’Ace Hood et Sh!t de Future). Bref, Mike Will Made It a fait 2013 et 2013 a fait Mike Will Made It. Le tout résumé dans sa mixtape Been Trill.

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Gucci Mane

Quelle année (de merde) pour Gucci. Si elle s’achève derrière les barreaux où il a composé The State Vs. Radric Davis II, le bonhomme est TOUT SAUF resté inactif. La drogue l’a, de toutes évidences, périmé, il rappe comme s’il venait de se réveiller avec une patate brûlante dans la bouche (Gucci est devenu sa propre contrefaçon) et puis il a tout osé : sortir 12 000 mixtapes, flinguer tout son réseau pro et amical avec des saillies sur Twitter, il a aussi flingué sa probation pour détention d’armes et de drogues et pour couronner le tout, il traîne Flocka en procès… On attend de voir s’il peut placer la barre encore plus haut en 2014.

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Chicago

Eh oui. Chicago pour le footwork, dignement représenté cette année avec DJ Rashad ou RP Boo. Chicago, ville natale de Kanye, très présente dans Yeezus. Chicago pour sa south side et sa drill, genre entendu et sur-entendu par les biais de Chief Keef, Lil Bibby, Lil Herb ou King Louie. Et puis Chicago pour l’insubmersible house. Bref, on a eu 1000 occasions d’aborder Chicago en 2013 et ça n’est pas parti pour se tarir.

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Le footwork

Très logiquement, on découle ici. On a rarement autant parlé d’un genre presque vieux de vingt ans que cette année. La diaspora depuis Chicago prend forme, des emblèmes signent sur des labels européens, les producteurs du vieux continent l’adoptent massivement et Ô surprise, la juke s’infuse dans la jungle/drum & bass. Du coup, on redoutait d’avoir à dire ça un jour mais : la drum & bass revient.

 

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Newcomers :

*Daniel Avery ou le petit rouquin qui a mis toute la sphère électronique à genoux avec la bave aux lèvres et l’acid ou les Chemical Brothers en bouche.

*Jessy Lanza et Kelela, l’une chez Hyperdub, l’autre chez Fade To Mind, en 2013, le r&b recrute ses divas dans le noble, l’humble et l’intello.

 

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Nos paris pour 2014 :

Mastermind de Rick Ross, premier single bombesque avec Future, deuxième single chartesque avec Jay Z. Si le reste de l’album est de la même facture…  Banks, elle s’acoquine avec Lil Silva ou TEED, elle est pour l’instant discrète mais elle pourrait devenir le genre de voix de velours miscible dans la bass music. Low Jack et son parti-pris intransigeant et radical. S’il y a encore des tripes à secouer en 2014, c’est un des meilleurs candidats pour répondre à l’appel d’offre. Freddie Gibbs & Madlib, vous connaissez les deux dans leur coins, le choc des deux mondes pourrait être (et sera) une des grandes rencontres de 2014.  Mondkopf et son Hadès en 2014. D’ici, on voit du Dominik Fernow, du Modern Love, du Perc, pousser dans nos terroirs. Lakutis parce qu’avec Big Baby Gandhi, les satellites de Das Racist se prennent moins les pieds dans leur nonchalance que le duo autour duquel ils gravitent. patten, parce que de toutes les matières, c’est la grise qu’il préfère. Encore une signature de Warp où l’on va entendre le son d’une électronique qui avance. Lee Bannon, il risque de symboliser en 2014 l’union entre cousins du footwork et de la jungle. Sicko Mob, insupportables de primes abords, ce duo de baby thugs à peine plus lourds que leur glocks pourrait symboliser le tout Chicago : il y a chez eux le drill de South Side et le footwork typique de la ville. Point culminant avec Lil Durk sur Maserati. Chicago toujours, Drake s’est trouvé un petit protégé en Lil Bibby et à dépasser de la sorte les thématiques de la drill, soyez certains que vous allez en entendre parler.

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