Oui, le slam ouvre de nouvelles portes, oui, il se débarasse de conventions qui ont eu raison du rap français. Oui, le slam est écouté par des journaleux de TF1 qui n’en pensent que du bien. Oui, aussi pour
les avant gardistes de pacotille de Canal+. Oui, toutes les grands mères ronronnent sur Grand corps malade et Abd el Malik. Oui, le slam existe aussi depuis toujours.
Oui, le slam ouvre de nouvelles portes, oui, il se débarasse de conventions qui ont eu raison du rap français. Oui, le slam est écouté par des journaleux de TF1 qui n’en pensent que du bien. Oui, aussi pour
les avant gardistes de pacotille de Canal+. Oui, toutes les grands mères ronronnent sur Grand corps malade et Abd el Malik. Oui, le slam existe aussi depuis toujours. Oui, personne ne cria au loup quand
Saul Williams crachait pour la première fois sur Eargasm, pareil pour Sarah Jones sur le premier Lyricist Lounge. Oui, le slam veut se démarquer du hip hop, s’affranchir des beats, oui, personne n’écoute
d’accapellas sur ses maxis (à tort). Oui, tous les has been ont sauté dans le train un verre de vin à la main. Oui, le mot griot revient sans cesse, oui, l’image qu’il s’en dégage se vêt de présomption. Oui,
le slam est vendeur. Oui, tout ça sent la précipitation, alors que nous
habitons une terre riche de poètes. Boucha Zoreill se présente donc sur le repère orthonormé comme un point de référence de la scène
actuelle.
Cette compilation reflète une certaine diversité musicale. L’accompagnement à priori facultatif, devrait se passer de commentaires. Pourtant certaines familles se dégagent: rockeux, minimaux, electros, crados, et puristes ( texte seul ). GCMalade, dévoile un texte sombre, d’ailleurs une certaine tristesse flotte sur le disque, certes le contexte social français ne pousse pas à l’euphorie mais les inspirations semblent plombées par des consciences politiques fatiguées de leur engagement vain.
Dropee et Techa, prennent l’ensemble à rebrousse poil et nous crachent des textes dégueulasses et drôles qu’il fait bon entendre. Cependant du fond remonte aussi une certaine amertume, la condition féminine les
excède et leurs mots l’illustrent à merveille. Dans cette veine joviale l’accent de Mohamed Rouabhi, se joue des sonorités et des mots, en prononcant slamiste le décalage opère immediatement et sa voix de vieux roublard détourne la posture de l’intégriste au service de l’attentat verbal, de l’explosion d’idée, de la farce qui peut faire froid dans le dos.
Dénudé, ce morceau s’avère un des plus jubilatoires. Le Meilleur ami des mots dévale lui aussi sa pente seul, son constat banal se meut en prospective, le texte peut se définir comme projet, rare donc précieux. Doctor L que l’on a connu plus démonstratif, habille avec une économie de moyens, les mots de Hocine Ben. Il loue sobrement ses amours fondateurs, le rap, l’art, sa rue.
Le blues de D’ de Kabal se décline dans la tradition du genre; voix rauque qui pue la gnôle, et description d’un monde post-tout. Nada tient à nous choquer, mais la tendance gore crado a toujours fait partie des genres musicaux et littéraires, Sade peut reposer en paix, la marge est encore grande. Ce disque regroupe une famille nombreuse, les instrus
passent au second plan, en étant parfois caricaturaux (petite basse paumée ou riffs de guitare plus que ressassés), l’interêt réside alors dans les voix, les mots et les phrases qu’ils composent. A la mesure d’un livre il peut s’agir d’un disque de chevet, gare au vieillissement, les poèmes traversent le temps sur papier, voyons si ces derniers voyageront aussi légèrement à l’abri des assauts du temps et des modes.
Blatwords pour 90bpm.com