[CHRONIQUE] « C PAS SÉRIEUX » : BUSTA FLEX KICKE POUR TOUS LES GOÛTS

C’EST LA DEUXIÈME RÉALISATION EN COLLABORATION AVEC LE PRODUCTEUR DA FIRE BEATZ. L’ESSAI EST PLUS QUE VALIDÉ.

Cela semble être son mode opératoire depuis 6 ans maintenant : un format court de type EP et des éditions limitées en vinyle. Avec désormais « C Pas Sérieux », Busta Flex reste dans la lancée de « Soldat » en 2014 et « Moonrock » en 2019. On ne sait pas vraiment ce qui motive le rappeur à agir de la sorte mais on n’oublie pas que c’est avec un EP qu’il avait lancé sa carrière il y a 24 ans maintenant (« Kick Avec Mes Nike »).

Ce dont on est certain, c’est qu’il s’inscrit dans la durée avec 2 réalisations en 3 ans, sachant que 2020 était une année blanche pour pas mal de monde. Sachant également qu’il a eu le bonheur de voir venir son fils en septembre dernier. Ce qui, même pour un artiste expérimenté, reste une occupation de tous les instants, un autre job à plein temps pour ainsi dire. Malgré cela, on a pu le voir kicker sur le projet « Œuvre d’Art » de l’Homme de l’Ombre et sur le morceau « Pas Comme Ça » de Onderkoffer & Donny Duardo. Coté scène, il a pu également se produire quelques fois en 2020, notamment en Suisse et surtout à l’occasion du showcase donné dans le cadre de l’inauguration de l’exposition « Tout ne tient qu’à un fil » de Gianni Giardinelli, qui retraçait en photos la dernière tournée de NTM du coté de La Place à Paris.

Le hasard du calendrier a placé la sortie de ce nouvel EP près de la date anniversaire de son premier vrai album éponyme qui fêtait le 3 février dernier ses 23 ans d’existence. Dans un temps où beaucoup d’artistes font leur come-back, on serait tenté de faire une comparaison. Non, les comparaisons sont pour ceux qui n’ont jamais eu foi en lui ou ceux qui sont vraiment trop nostalgiques. Car on sait que le rappeur vit pleinement dans son époque et a gardé toute son énergie.

Son énergie, il l’a condense à travers 7 titres, pour n’aller qu’à l’essentiel. « C Pas Sérieux » est sa vision du monde d’aujourd’hui du haut de ses 43 printemps. Le freestyleur réputé laisse peut-être un peu plus de place à l’auteur qui veut se positionner dans son environnement en choisissant davantage ses maux. Un environnement qu’il subit et essaye de modeler comme il peut comme tout à chacun. Sur ce principe, le souvenir de son père disparu récemment plane sur l’ensemble de l’EP. C’est La loi de l’échange équivalent développé dans l’animé « Fullmetal Alchemist », il ne parle pas de son fils (il avait déjà partagé son bonheur sur les réseaux sociaux) mais exorcise sa peine dans le disque vis à vis de son paternel, on peut passer à autre chose.

Pour le reste, Busta Flex joue avec le chaud et le froid, le bien et le mal, le passé et le présent. Ces dualités sont bien exprimées en introduction avec « Envie De… » où il liste les envies que chacun voudrait retrouver, notamment à l’issue de la crise sanitaire que nous traversons. Une de ses grosses envies à lui, c’était de collaborer pour la première fois avec les X-Men, seuls invités de l’EP. Tous références du rap français, ils auront attendu de se croiser dans la tournée « L’âge d’Or du Rap Français (2017) pour tenter l’expérience. Le résultat, « Number One », s’est voulu être le rappel que le rap de leur génération n’est toujours pas à enterrer. On ne vous surprendra en disant que c’est notre morceau préféré.

À ne pas enterrer surtout parce que Busta Flex ne se contente pas de rester dans le boom bap des 90s, et ce depuis longtemps. À travers des titres comme « #EnTeam », « Le Stock » ou « Charbon », vous serez servis que vous ayez 30 ans, 20 ans ou même moins. Il n’hésite pas à faire appel à l’auto tune, un procédé qu’il n’a jamais rejeté mais dont il avoue ne pas utiliser souvent. Une façon pour le vétéran de continuer à se signaler auprès des plus jeunes qui manquent de culture historique. Cette adaptation de tous les instants est permise par le bon travail de Da Fire Beatz qui officiait déjà sur « Moonrock » et qui s’inscrit donc dans la durée avec le rappeur d’Epinay Sur Seine, à notre grande satisfaction.

En résumé, « C Pas Sérieux » est une valeur sure. Mais ça, on le savait déjà.