[CHRONIQUE] L’ÉMANCIPATION DE NYCK CAUTION AVEC SON PREMIER ALBUM « ANYWHERE BUT HERE »

 

 

 

Le premier album d’un des membres de Pro Era dont on connaissait déjà les qualités et dont on attendait avec impatience l’avènement sur disque.

 

Joe Bada$$ s’est envolé depuis un moment. CJ Fly et Kirk Knight ont emboité le pas sérieusement. Capital STEEZ n’est plus de ce monde. Les places vont être rares pour émerger de l’armée mexicaine qu’est Pro Era. Il y a peu d’élus dans des groupes à succès pour les membres qui voudraient percer en solo. N’est pas Wu Tang Clan ou même Odd Future qui veut, même si Pro Era a une belle notoriété depuis maintenant près de 10 ans.

Et juste derrière se trouve Nyck Caution au visage toujours bien juvénile à l’âge de 26 ans. Son nom n’est toujours pas loin du peloton de tête car il a déjà prouvé sa valeur par l’intermédiaire d’excellentes mixtapes. Mais on peut dire qu’il a pris son temps pour nous délivrer son premier long format : « Anywhere But Here ». Pourtant, si on a l’impression que son parcours était tout tracé, il semblerait bien qu’un événement précis de sa vie ait changé la donne : la mort de son père en 2015.

Certains se seraient effondrés (on ne leur en voudra pas), Caution s’en est servi pour donner un sens à son album. C’est tout naturellement qu’il a commencé par « December 24th », titre qu’il avait écrit peu de temps après la disparition de son paternel. Le même processus thérapeutique qu’il avait entrepris lorsque son pote Capital STEELZ nous avait quitté (« Out Of Reach »).

 

 

 

 

D’ailleurs, on voit qu’au niveau du style, ce premier titre tranche un peu avec le reste qui a été enregistré plus récemment. A part quelques exceptions, l’ensemble se veut plutôt mélodique en flirtant quelques fois avec des influences jazzy et RnB. Un traité qui se veut plus adapté à un travail d’introspection et de fragilité.

Sur le titre éponyme, clairement le plus jazzy, Nyck Caution évoque les amis perdus mais aussi de résilience aux cotés des chanteurs.ses Maverick Sabre et Alex Mali. Il enchaine par la presque balade « Motion Sickness » et ses paroles positives. On le revoit un peu plus tard sur fond du swing d’une guitare sur « Product Of My Environment » avec en featuring Erick The Architect et le plus cool des rappeurs de Brooklyn : Kota The Friend.

 

 

 

 

Mais rassurez-vous, les fans du style Pro Era ne seront pas déçus. Non seulement tous les potos du crew sont présents que ce soit au micro ou ailleurs dans l’album, mais ils signent avec leur hôte et ami quelques uns des meilleurs morceaux. C’est bien-sur le cas de la participation de Joey Bada$$ sur « How You Live It » et de celles de CJ Fly (et Jake Lutrell) sur « Things Could Be Worse » qui est dans la pure tradition new-yorkaise ou brooklynoise. Mention spéciale à l’exutoire « Bad Day » où Caution se lâche comme jamais, embarqué par le fou furieux Denzel Curry.

 

 

 

 

Si Bada$$ semble intouchable tant il est loin dans la stratosphère, il se pourrait bien que Nyck Caution grappille des places significatives dans le classement des rappeurs de Pro Era (pour peu qu’il y en ait un de classement) rien qu’avec ce premier opus. Sa technique et son second degré, il les a aiguisé avec son crew ; sa force d’écriture il l’a puisé dans les drames de sa jeune vie ; sa place, il continuera à la prendre avec un talent qui n’est plus à prouver.

 

 

L’album « Anywhere But Here » est disponible dans toutes les bonnes crèmeries.

 

 

 

TRACKLISTING :

01. December 24th (feat. Elbie Thrie)
02. Anywhere But Here (feat. Maverick Sabre & Alex Mali)
03. Motion Sickness
04. Vin Skit No. 1
05. How You Live It (feat. Joey Bada$$)
06. What You Want (feat. GASHI)
07. Dirt On Your Name
08. Vin Skit No. 2
09. Bad Day (feat. Denzel Curry)
10. Coat Check / Session 47
11. Product Of My Environment (feat. Kota The Friend & Erick The Architect)
12. Things Could Be Worse (feat. CJ Fly & Jake Lutrell)
13. Something To Remember Me By
14. Kids That Wish

Label : Pro Era
Date de sortie : 15 janvier 2021
Durée : 37 minutes