UNE 23ÈME RÉALISATION QUI CONTIENT TOUJOURS AUTANT DE MILITANTISME ET D’ÉNERGIE.
KRS One n’est pas très bon en marketing et ne cherche pas à l’être. Mais tout de même, quand un Eminem (de 7 ans son cadet) bouge un cil, la planète numérique se met en branle, même pour des chamailleries, surtout pour des chamailleries. Lawrence Krisna Parker lui, fait partie des pionniers du rap conscient américain et à 55 ans, il n’a jamais lâché la rampe, là où certains vétérans font des come-back réguliers. Malgré ce statut, qui n’est vénéré que par les fans de la première heure, beaucoup pense encore que le refrain de « Sound Of Da Police » est « Assassin de la Police ». Les plus jeunes ne doivent pas savoir qui est KRS One…
Bref, nous ne sommes pas là pour jouer nos boomers mais cela pose peut-être préjudice à l’album « Between Da Protests » sorti ce jour mais même pas (encore) mentionné par les grands sites actuels (OkayPlayer, Pitchfork, Stereogum etc.) alors qu’ils sont au taquets pour les autres pionniers du genre. Et ce n’est pas le fait que la date de release a été fixée un lundi plutôt qu’un vendredi qui changera les choses.
A qui la faute ? Peut-être à tout le monde à vrai dire. Nous sommes à des années lumières d’être meilleurs que les autres mais on va essayer d’en parler de cette 23ème réalisation en 35 ans de carrière.
Évidemment, 23 réalisations en 35 ans, cela fait beaucoup, cela fait peut-être trop. Difficile de tout retenir et de dégager des albums ou des titres qui sortent du lot. C’est que KRS One ne choisi pas les périodes propices. Quand il a quelque chose à dire, il le sort, point. Lui qui œuvre sur le plan social à longueur d’année, ne peut se plier à la mode des saisons. Car l’urgence social, la pauvreté, le racisme, les inégalités sont des maux qui existaient avant Donald Trump.
KRS One y répondra toujours par les mots, haut-parleurs de l’éducation, le ciment contre les inégalités. Et s’il faut parler de l’intégralité et l’excellence noire, mieux vaut écouter son « Black Black Black ».
Attention, nous ne disons pas qu’il faut dire « amen » à tout ce que peut sortir le rappeur du Bronx. Avec une telle discographie, il y a forcément du déchet. Ce qui ne fera pas de l’album un classique, à l’image de plusieurs opus de cette décennie passée malheureusement.
On pourra noter néanmoins quelques solides morceaux : « Opening Remarks » malgré son intro eurodance, « Tight » et « Murder She Just Saw » et leurs rythmiques minimalistes pour mieux faire ressortir son flow, ou encore « Boom Bye Bye » où il se débrouille pas si mal sur un beat down-tempo.
Mais à y réfléchir, le point faible de KRS One se situe peut-être au niveau de la prod. La majorité des tracks sont à mettre aux crédits de Modly et Sun-One, des producteurs plus qu’honnêtes mais ils n’arrivent pas à suivre leur hôte. On aimerait bien voir le rappeur s’associer à une pointure dans l’avenir.
Un hôte qui n’arrivera sûrement pas à inscrire « Beetween Da Protests » dans notre mémoire à long terme mais qui brillera toujours par son opiniâtreté et par l’énergie sans faille qu’il déploie à chacune de ses performances. KRS One restera pour nous un héro et un militant du rap dont la parole est trop importante pour être aussi peu relayée.
En tout cas, de notre coté, c’est fait.
L’album « Between Da Protests » se trouve essentiellement sur le Bandcamp de KRS One.
TRACKLISTING :
01. Opening Remarks
02. Tight
03. Don’t Fall For It
04. Black Black Black
05. Boom Bye Bye
06. Murder We Just Saw
07. Turn The Volume Up
08. Stay Real
09. Medu-neter
10. We Are The Gods
11. Organize
12. Free (The Book Song)
13. Who You Are
Label : R.A.M.P. Ent Agency
Date de sortie : 21 décembre 2020
Durée : 47 minutes