À L’INSTAR D’UNE SAMPA THE GREAT, KT GORIQUE EST ALLÉE CHERCHER SES INSPIRATIONS DANS SON PAYS NATAL, LA CÔTE D’IVOIRE.
En France, cela fait quelques années que l’on connait KT Gorique, notamment grâce à son casting dans le film « Brooklyn » de Pascal Tessaud pour lequel elle avait remporté un prix d’interprétation au Hip Hop Film Festival de New – York en 2017. Le film était sorti en 2014 mais avait connu un sursaut de notoriété ces 3 dernières années (avec une sélection de l’ACID (l’Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion) au Festival de Cannes). De quoi tourner quelques projecteurs français vers la rappeuse qui avait aussi remporté le End Of The Weak en 2012. Pourtant, il faut bien se le dire, elle est davantage reconnue chez elle en Suisse, en Belgique et en Allemagne (et on ne l’a pas vraiment aidé). Néanmoins, chez nous, elle bénéficie un fort succès d’estime auprès du réseau underground (rap et reggae), de celui de la culture au féminin et enfin celui des artistes rap eux-mêmes. D’ailleurs, c’est sans esprit revanchard qu’elle en a invité quelques unes dans son « Biggest Female AllStars Cypher » publié il y a à peine quelques jours et qui connait un beau succès.
Sa position s’était enfin renforcée il y a 2 ans avec la sortie de l’EP « Kunta Kita » qui pourrait être aisément considéré comme les prémices de son nouvel album « Akwaba ». Le point commun des deux disques : un premier voyage en juin 2018 en Côte d’Ivoire, son pays natal où elle n’était pas retournée depuis 16 ans (un second eut lieu plus tard cette année là). Invitée à se produire en Mauritanie, elle en avait profité pour faire un saut en Abidjan. A l’identique d’une Sampa The Great en Zambie, la rappeuse suisse y a retrouvé de la famille (dont une sœur), des racines et aussi de l’inspiration. De quoi peut-être démarrer avec l’EP et de finir avec le long format. C’est en effet entre juin 2019 et février 2019 qu’elle a écrit les textes de « Akwaba ».
Entre les préparatifs du disque et son emploi du temps remplis de concerts, KT Gorique aura mis 2 ans à nous pondre l’album. Un intervalle assez habituel en musique mais on sait qu’elle a réduit le nombre des beatmakers pour ne garder que ceux qui comprenaient le mieux son état d’esprit. Pour contrebalancer tout ça, elle a voulu renforcer l’aspect organique en faisant appel à plusieurs musiciens dont le duo marseillais du Labo Klandestino. Un travail maitrisé avec un fil rouge solide qui a pris le temps de murir.
« Akwaba » signifie « bienvenue » en dialecte Twi (Ghana) et c’est peut-être aussi un clin d’œil à un disque d’un ivoirien célèbre en la personne d’Alpha Blondy. Ce qui expliquerait peut-être les accents reggae beaucoup présents dans sa musique actuelle. Toujours est-il que KT Gorique nous fait invite dans un nouveau monde où ce qui semble être encore son personnage de Kita débarque et finit par en devenir la souveraine. D’ailleurs, les 3 clips diffusés (« Airforce », « Çi Ça » et « Kendrick ») se suivent dans la chronologie de l’histoire. Ce monde n’est plus ni moins que son espace d’expression ultime qui fait abstraction d’une quelconque catégorisation des genres. Elle en profite pour y promener des réflexions personnelles autant que la défense de la condition féminine dans un traité musical qu’elle appelle « Future Roots ».
KT Gorique nous offre là un univers propre qui respire une authenticité et une énergie qu’on apprécie.
L’album « Akwaba » est disponible soit en Digital soit en physique.
TRACKLISTING :
01. Air Force
02. Interlude : Akwaba (feat. Shirley Souagnon)
03. Kendrick
04. Time Come (feat. Reverie)
05. Dieu Merci
06. Pensée (feat. Taïro)
07. Interlude : CFA (feat. Shirley Souagnon)
08. Ça M’énerve
09. Shake It
10. Like A Bird
11. Switch
12. Interlude : Vide (feat. Shirley Souagnon)
13. Çi Ça
14. Quitte-Là
15. Braille (feat Soom T)
16. Nuh Body (feat. Volodia)
17. Interlude : Gloire (feat. Shirley Souagnon)
18. Real Badman
19. Walou
20. J’ai Vu (feat. Melan)
21. Life
Creepy Music – Mai 2020