« THE RETURN » : SAMPA THE GREAT NOUS PRÉSENTE SES ORIGINES DE L’INTÉRIEUR

UN ALBUM FIER ET VULNÉRABLE A LA FOIS OÚ SAMPA THE GREAT FAIT ENFIN LE LIEN ENTRE SON PASSÉ, SON PRÉSENT ET SON AVENIR.

 

 

Si vous tirez un trait de la Californie à l’Australie, votre ligne traversera en son milieu la Zambie et le Botswana, les deux pays où respectivement est née et a grandit Sampa Tembo.  La Californie parce qu’à l’âge de 18 ans elle a suivi une amie pour faire ses études et découvrir le monde. Là-bas, elle trouva sa vocation d’artiste et le blaze de Sampa The Great apparu pour la première fois. L’Australie parce qu’elle finira par y vivre, empochant dans la foulée ses diplômes d’ingénieur du son, un peu loin de ses aspirations de chanteuse mais toujours dans la musique. Et puis, l’Afrique, épicentre de ses cultures et de ses vies. Le juste milieu entre son art et ses origines. Le noyau dur de son premier album justement intitulé « The Return ».

Car il s’agit vraiment d’un retour au sens propre. En mai de cette année, la rappeuse avait réalisé un rêve, celui d’aller pour la première fois se produire en Zambie, son pays natal. C’était l’occasion idéale pour qu’elle en revienne avec beaucoup d’inspirations et surtout avec du contenu à partager. En effet, les clips de « Final Form » et de « OMG » avaient été tournés sur place, montrant une certaine excellence à l’africaine. « Final Form » mettait déjà la barre haut d’entrée et était vite devenu un tube en puissance (elle a d’ailleurs utilisé le sample bien ricain de The Sylvers), plébiscité par beaucoup et joué en boucle sur tous les médias qui se respectent.

 

 

A part ces morceaux dont les visuels sont remplis de couleurs, d’énergie et d’images du bled, ne vous attendez pas dans « The Return » à une interprétation « folklorique » à la Magic System. Les bases musicales de Sampa The Great ont bel et bien été forgées en occident avec un mélange de rap, de soul et de jazz. La musique est le vecteur et non la source même. Un approche qu’on retrouve beaucoup chez les britanniques. Pas étonnant que les anglais de Ninja Tune soient sur le projet.

Mais cela ne l’empêche pas de faire valoir la voix du peuple noir, surtout face à la domination blanche qui a notamment mis la main sur l’industrie de la musique et exploité celle des artistes noirs et étrangers (« Time’s Up », « Any Day »). Mais plus que jamais, c’est le thème de l’expatriation qui est au cœur des paroles. Une situation vécue par des millions de personnes qui ont finalement plusieurs maisons à travers les endroits où ils se trouvent. Une vision personnelle, un état d’esprit pas souvent compris par les locaux de ces endroits qui vous font souvent comprendre que vous n’êtes pas d’ici, que vous venez d’ailleurs. Dans ses précédentes réalisations, Sampa The Great devait rappeler qu’elle était africaine d’origine tout en revendiquant son appartenance à la société australienne. Avec « The Return », elle est allée au cœur de ses origines pour nous les montrer de l’intérieur, tout cela avec de temps à autre de la vulnérabilité mais surtout beaucoup de fierté. Elle n’hésite pas néanmoins à chanter pour la première fois en bemba, langue bantoue parlée par sa famille, sur « Mwana ». Mais la plupart du temps, elle décrit tout cela avec nos codes qui sont en réalité les siens aussi. « The Return » est en fait une ode à la liberté, celle de se sentir chez soi partout dans le monde pour peu que l’on s’y sente bien. Un titre comme « Freedom » démontre les méfaits de ce manque de liberté au sens propre comme au sens figuré.

 

 

Les expatriés (et les exilés) de longue date ont des fois tendance à ne plus se trouver. Surtout lorsqu’il ne sont plus considérés comme appartenant à leurs pays d’origine ainsi qu’à leurs pays d’accueil. Sampa The Great a réglé ce déséquilibre et a décidé définitivement de ne pas choisir. Désormais, elle sera partout chez elle et n’aura plus le besoin de retourner quelque part.

 

 

L’album « The Return » est disponible sur les plateformes de streaming habituelles.

 

 

TRACKLISTING :

01. Mwana (feat. Mwanje Tembo, Theresa Mutale Tembo & Sunburnt Soul Choir)
02. Freedom
03. Wake Up (interlude)
04. Time’s Up (feat. Krown)
05. Grass is Greener
06. Dare to Fly (feat. Ecca Vandal)
07. Any Day (feat. Whosane)
08. OMG
09. Light it Up (interlude)
10. Final Form
11. Heaven (feat. Whosane)
12. Diamond in The Ruff (feat. Thando & Krown)
13. Lead us Home
14. Summer (feat. Steam Down)
15. Brand New (feat. SILENTJAY)
16. Give Love (interlude)
17. The Return (feat. Thando, Jace XL, Alien & Whosane)
18. Don’t Give Up (feat. Mandarin Dreams)
19. Made Us Better (feat. Blue Lab Beats, Boadi & Lori)

Ninja Tune – Septembre 2019