« I WANNA THANK ME » DE SNOOP DOGG : QUELQUES FULGURANCES DANS UN ALBUM MOYEN

18ÈME ALBUM POUR LE GRAND SNOOP MAIS TOUJOURS PAS LE MEILLEUR. CEPENDANT, ON RETIENT QUELQUES FULGURANCES.

 

 

La question se pose systématiquement lorsqu’un artiste de la trempe de Snoop Dogg sort un projet. Est-ce qu’il vaut le coup ? N’est-ce pas l’album de trop ? etc. En ce qui le concerne, ce n’est pas tant son âge qui pose problème (il n’a guère que 48 ans) mais peut-être le fait qu’il délivre vraiment trop. « I Wanna Thank Me » est son 18ème album en 26 ans de carrière et on ne compte pas ses milliers de featurings à l’année.

Soyons clairs, on n’est pas en train de lui reprocher d’exister par la musique. Peu d’artistes peuvent prétendre à une telle longévité avec une aura et une notoriété qui ne s’essouffle jamais. Une notoriété qui lui a permis ces dernières années de bifurquer vers d’autres horizons comme la cuisine par exemple. Mais l’abondance de sons ne peut que nous faire perdre le fil. Et puis mathématiquement, il y a toujours beaucoup de déchets. C’est le cas pour ce nouvel opus (encore un) mais on a été surpris par quelques fulgurances tout de même.

Tout a commencé avec le titre éponyme, paru début juillet et qui nous avait renvoyé à la cérémonie de pose de son étoile sur Hollywood Boulevard en novembre 2018. Snoop avait commencé son speech par se remercier lui-même, faisant ainsi allusion à sa longue et grande carrière mais aussi à tout ce qu’il a pu partager ou donner avec ses fans et les gens dans le besoin. De cette cérémonie est surement parti l’affinement des contours de ce qu’allait être « I Wanna Thank Me ». Car là où le disque pouvait être une compilation de morceaux pris sur étagère, on décèle le fils conducteurs de la nostalgie, de l’unité et de l’apaisement. Comme si un vieil artiste tirait sa révérence et délivrait ses derniers messages d’espoirs et de regrets. C’est en tout cas ce que nous avions interprété à propos des titres révélés dans le cadre de la promotion de l’album : Sur « I Wanna Thank Me », il retrace sa carrière et se remercie, sur « Countdown » il revient aux sonorités et aux lieux de ses débuts et sur « Let Bygones Be Bygones », il invite Suge Knight à faire table rase du passé et sur « One Blood One Cuzz » il rend hommage à Nipsey Hussle tout en appelant à l’unité des gangs. Et puis il y a eu aussi l’effroyable « Do It When I’m In It » qui nous rappelle qu’il est capable de partir en vrille en allant chercher des sonorités grossières en latino ou en reggae. Sans parler de ses escapades bibliques qu’on ne commentera pas par respect pour sa foi.

 

 

Et pourtant donc, il y a des fulgurances qui révèlent le formidable interprète qu’est Snoop depuis toujours. L’instrumentation digitale de « What U Talkin’ About » nous parait très intéressante. On a parlé plus haut de « Countdown » (avec Swizz Beatz) que tout fan de gangsta-rap ne peut ignorer. On aime particulière l’aspect chill de « Focused » et « I’ve Been Looking For You ». Le très « New Jack Swing » « Do You Like I Do ». Et enfin, on place une mention bien à « Ventalation ». Tout cela ne fait quère que le tiers du disque… Car certains titres ne sont vraiment pas indispensables.

 

 

 

 

Tout n’est finalement qu’une question de gout et de couleur ou encore de point de vue. Snoop reste un cador et peut encore en gifler plus d’un. Mais on se dit qu’il pourrait être meilleur soit en calmant sa prolicité pour mieux choisir ses prods, soit en se faisant driver par un nombre plus limité de producteurs, voir un seul comme il l’avait fait avec Dam Funk sur « 7 Days of Funk » ou encore, et on ne va pas vous l’apprendre, sur son éternel « Doggystyle » avec Dr Dre et Daz Dillinger. Cela lui permetrait aussi de ne pas tomber dans la facilité en retenant des samples cramés comme il avait pu le faire sur « Neva Left » ou même sur « Minsinformed » (avec Slick Rick) sur ce nouvel album qui utilise le sample du « Get Up Stand Up » de Bob Marley…

 

 

Si vous voulez remerciez vous-même Snoop, sachez que l’album « I Wanna Thank Me » se trouve sur Spotify ou Apple Music.

 

 

TRACKLISTING :

01. What U Talkin’ Bout
02. So Misinformed (feat. Slick Rick)
03. Let Bygones Be Bygones
04. One Blood, One Cuzz (feat. DJ Battlecat)
05. Countdown (feat. Swizz Beatz)
06. I C Your Bullshit
07. Turn Me On (feat. Chris Brown)
08. Blue Face Hunnids (feat. YG & Mustard)
09. New Booty
10. Take Me Away (feat. Russ & Wiz Khalifa)
11. Do It When I’m In It (feat. Jermaine Dupri, Ozuna & Slim Jxmmi)
12. First Place (feat. Tdot Illdude)
13. Focused
14. Rise To the Top (feat. Trey Songz & Swizz Beatz)
15. Wintertime in June (feat. Nate Dogg)
16. Doo Wop Thank Me (feat. The Hamiltones)
17. Main Phone (feat. Rick Rock & Stressmatic)
18. Do You Like I Do (feat. Lil Duval)
19. I’ve Been Looking For You (feat. Eric Jaye)
20. Little Square UBitchU (feat. Anitta)
21. Ventalation (feat. RJmrLA, $tupid Young & Azjah)
22. I Wanna Thank Me (feat. Marknoxx)

Doggystyle Records / Empire – Août 2019