Soyons sérieux deux secondes et parlons vrai.
Quelque puisse être la sympathie, le respect ou le culte qu’on puisse avoir pour Cypress Hill, la vérité est que, depuis la fin des années 90, les fumeurs de L.A. ont passé les dernières décennies à s’étioler entre orientations rock mal comprises, chemins reggae un peu bizarres, et projets parallèles. L’empilement de classiques suffisant largement à faire tourner un show sans mou dans la corde mais masquant mal le fait que Cypress n’avait pas proposé quelque chose de cohérent depuis un bon moment. Ça, plus le fait qu’au fil des albums, Muggs avait fini par laisser d’autres que lui mettre leurs gros doigts sales dans la prod. Or, quand on sait la part de son boulot dans l’identité Cypress, on peut peut-être se dire que c’est là que ça a commencé à déconner…
Alors, rien de tel qu’un bon retour aux fondamentaux, histoire de prouver que ce groupe qui a secoué le rap 90’s a encore de quoi rouler quelques platanes pour planer un peu.Voire beaucoup.
Car c’est globalement à ça que ressemblent ces Éléphants Sous Acide : à une défonce carabinée sur 21 titres, dont 6 skits. Avec un matos sonore premium récolté en Afrique du Nord, négocié à des marchands Indiens, ou dealé dans un marché grouillant d’Orient. Muggs aura orchestré ce trip géant où se télescopent gong, sitar, cordes, les percus de Bobo et des guitares hurlantes. Sur fond de beats lourds et de boucles dégueulasses, l’ambiance passe en une taffe du high ludique aux sueurs froides et paranoïaques du bad, les yeux éclatés et les cerveaux de B-Real et Sen Dog trempant dans épais brouillard de weed, un coup collés au sol par les vapeurs d’opium, un autre pulvérisés dans une montée de LSD.
Oppressant et sombre, Elephants On Acid ramène Cypress à une unité et une homogénéité comme les quatre n’en avaient pas connu depuis le lugubre Temples Of Boom. Autant dire il y a longtemps. Une plongée narcotique dans les contes stupéfiants et les lubies psycho d’un groupe, qui déjà en 1991, clamait ses envies de dessouder un mec.
Un truc que tu ne peux pas comprendre.
TRACKLISTING :
01. Tusko Intro
02. Band Of Gypsies
03. Put Em In The Ground
04. Satao
05. Jesus Was a Stoner
06. Pass The Knife
07. LSD
08. Oh Na Na
09. Holy Mountain
10. Locos
11. Falling Down
12. Elephant Acid
13. Insane OG
14. The 5th Angel
15. Reefer Man
16. Warlord
17. Thru The Rabbit
18. Crazy
19. Muggs Is Dead
20. Blood On My Hands Again
21. Stairway To Heaven
BMG Entertainement – Septembre 2018