Lors de notre interview du mois de mai, Phantogram avait décrit son prochain album comme le fruit de la rencontre entre les Beastie Boys et Moguai. Le duo composé de Sarah Barthel et de Josh Carter voulait signifier par là que cet opus étirerait encore plus son éventail musical, du hip hop à l’électro, dans le cadre d’une évolution naturelle de leur musique.
Depuis leur collaboration avec Big Boi de Outkast (sur l’EP « Big Grams »), Phantogram s’est révélé au grand public grâce à la programmation fréquente de leurs morceaux sur les grandes radios américaines et des passages TV remarqués. Il faut dire que la formule fonctionne bien. Tout d’abord, visuellement, ils sont beaux et Sarah Barthel donne beaucoup d’elle sur scène avec un physique et des tenues pour faire le show. Musicalement, leurs prods sont tellement éclectiques qu’elles conviennent à toutes les audiences. C’est d’ailleurs une volonté de la part des artistes qui souhaitaient « sortir du snobisme de l’indé ».
Le nouvel album « Three » sorti début octobre, contient donc les bases du duo avec cette évolution qu’il promettait il y a quelques temps. Notoriété mainstream en progression oblige, on est tenté d’appeler cela de la pop, mais pourquoi pas après tout si cela sonne bien à nos oreilles.
En guise de préambule, il faut savoir que la préparation du disque s’est faite avec le poids du suicide de la grande sœur de Barthel plus tôt dans l’année. Cette dernière était également la meilleure amie de Carter. Le duo s’était naturellement arrêté de travailler avant de reprendre plus tard mais avec cette fois-ci cette chape de plomb au dessus de la tête. Un malheur qui en a bouleversé l’ambiance du disque avec sûrement ce choix du chiffre « Three » pour le titre en guise d’hommage. L’opus aurait-il sonné autrement sans cette tragédie ? On ne le saura jamais.
Toujours est-il que l’ambiance général est plutôt dark et les sonorités plus lourdes. Certes des choses qui ne sont pas inhabituelles chez Phantogram mais cette fois-ci, on en connait une des raisons principales. Le but n’étant pas de s’apitoyer sur soi-même mais pour en faire ressortir des émotions fortes. Tout cela pour mieux exorciser et en sortir avec une vision nouvelle.
L’évolution centrale est la réduction significative des nappes de synthés ultra-présentes et solaires sur les précédentes réalisations. Non pas qu’elles étaient de trop, bien au contraire, mais leur atténuation offre plus de variations et de relief en laissant la place à des rythmiques plus variées. De son coté, Barthel use moins des effets de voix pour nous faire découvrir un peu mieux son timbre. Le résultat peut se vouloir plus dirty, saturé et tendu comme sur « Calling All », « You’re Mine » ou encore « You Don’t Get Me High Anymore ». Ça frôle le rock.
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Et puis de temps en temps, ça groove à nouveau avec un regard vers la soul comme sur « Same Old Blues » (des artistes comme Blowfly, Eddie Bo et Lee Moses sont d’ailleurs crédités à travers la tracklist) . Bien sûr nous sommes dans une interprétation moderne par Barthel et Carter avec tous les codes modernes qui leur permettront de toucher les masses. Comme ils le disent, ils ne voulaient pas rester dans le snobisme de l’indé pour être écoutés et célébrés sur le tard ou à leur mort.
Un autre fait marquant dans l’évolution de la musique de Phantogram réside dans le fait que pour la première fois, ils ont fait appel à d’autres producteurs et d’autres paroliers, et pas des moindres. Ainsi, des Dan Wilson (qui a déjà gagné un Grammy Award), Ricky Reed (alias Wallpaper), Steve Reich (pionnier de la musique minimale), The Dream (producteur pour Rihanna, Britney Spears ou encore Justin Bieber), Tricky Stewart (producteur reconnu de RnB) ou encore Simeone Coxe (du groupe de rock psychédélique Silver Apples) sont venus prêter main forte. On n’oublie pas non plus toute l’expérience qu’avait accumulé le groupe au contact d’un Big Boi.
D’aucuns diront que tout cet entourage fait basculer définitivement le duo dans la pop mainstream mais on retient surtout l’ambition assumée de Phantogram. Au bout de 9 ans de carrière, on ne pouvait qu’attendre d’eux une évolution. D’autant plus que cet album a été réalisé avec sueur et larmes. Et cela se respecte plus que tout.
Sarah Bathel et Josh Carter seront en concert le 8 novembre chez Petit Bain.
On vous offre des places pour venir les découvrir sur scène.
Bous avez jusqu’au lundi 7 novembre midi pour nous envoyer un mail à
ilove90bpm@90bpm.com
(tirage au sort parmi les participants)
Bonne chance !
L’album « Three » est disponible sur toutes les plateformes de téléchargement légal et sur le site de Phantogram.
TRACKLISTING :
01. Funeral Pyre
02. Same Old Blues
03. You Don’t Get Me High Anymore
04. Cruel World
05. Barking Dog
06. You’re Mine
07. Answer
08. Run Run Blood
09. Destroyer
10. Calling All
Republic – Octobre 2016