La lune est pleine, l’orage a redoublé de puissance. Certains arbres ont pris la foudre et c’est depuis l’orée de cette forêt brumeuse que se dessinent des silhouettes inquiétantes et barbues. A leurs ceintures balancent des amulettes : des cheveux de James Brown, le collier de Fela, la moustache du démiurge éthiojazz Mulatu Astatke. Ca, plus que quelques pentragammes et signes cabalistiques hérités des séances d’occultisme à invoquer Ozzy Osbourne et Bobby Lielbling.
La bande-son afro-soul qui les accompagne est noire, et c’est enchaînées à une batterie toute puissante que les lignes de basses répandent des grooves funestes, que le clavier guivre se coule entre les percussions étranglantes. Annonciateur d’une nouvelle campagne conquérante après quatre ans d’absence, les cuivres canonnent leurs riffs de l’enfer, menés au front par une guitare qui s’en remet entièrement aux maléfices du fuzz et du psyché 70’s.
Depuis « III » et son virage doom assumé, The Budos Band a purifié par le feu sa discipline de création, las d’entendre que seul l’initié pouvait différencier les albums les uns des autres. Et les ténèbres les ont accueillis comme leurs fils.
THE BUDOS BAND : BURNT OFFERING
(Daptone Records – 2014)